Finance climat: les pays riches contribuent "beaucoup moins" qu'ils ne le prétendent, dénonce une ONG

  • AFP
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Les pays riches et des institutions internationales surestiment "largement" le montant de leurs contributions aux financements climatiques à destination des pays pauvres, a révélé une ONG dans une analyse publiée jeudi, constatant un manque de plus de 340 milliards de dollars par rapport à leurs engagements.

L'ONG ONE a suivi le montant réel des contributions des gouvernements et institutions donateurs pour soutenir les pays vulnérables face au changement climatique, afin de vérifier les engagements financiers des pays riches et constituer une nouvelle base de données: les "Climate Finance Files".

Selon cette analyse, près de deux tiers des engagements de financements climatiques recensés par l'OCDE entre 2013 et 2021 "n'ont jamais été déclarés comme décaissés" ou "n'étaient pas ou peu liés au climat", correspondant à un montant "stupéfiant" de 343 milliards de dollars (312 milliards d'euros).

L'ONG constate par ailleurs que "plus d'un dollar sur cinq" des engagements financiers sur cette période, soit 115 milliards de dollars (104,6 milliards d'euros), "a été dépensé pour des choses qui n'ont que peu ou pas de rapport avec le climat".

En outre, l'analyse précise qu'en 2021 les 20 pays les plus affectés par les effets du changement climatique "n'ont reçu que 6,5% des financements" dont ils ont besoin chaque année pour lutter contre le changement climatique.

Par exemple, le Nigeria n'a pas reçu 76% de financements qui lui avaient été promis entre 2013 et 2021, tout comme le Sénégal (66%) ou le Kenya (52%).

Les Climate Finance Files permettent ainsi de mettre en lumière les "lacunes" et le "manque de transparence" dans le suivi des financements climatiques, indique ONE, jugeant "incomplètes" et "imprécises" les informations sur les contributions financières des gouvernements et institutions donateurs.

Ces données - également reprises par l'OCDE et l'ONU - "ne sont absolument pas fiables" en raison de "l'absence de règles et de méthodologies communes" pour le suivi des financements climatiques, souligne l'ONG.

Elle cite notamment l'exemple du Japon qui comptabilise le "financement d'une centrale à charbon" dans ses financements climatiques, tout comme les Etats-Unis pour la "promotion de l'utilisation du gaz naturel" ou l'Italie pour l'acquisition des "équipements de la police".

Alors que la conférence internationale sur le climat COP28 s'ouvre à Dubaï jeudi, ONE a appelé les pays riches dans un communiqué à "respecter leurs engagements historiques" en matière de financement climatique, "y compris à atteindre réellement les 100 milliards de dollars annuels promis" dès 2020, un engagement conjoint des pays développés pris en 2009.

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