Gaz: la Russie refuse de reprendre ses livraisons vers l'Ukraine

  • Connaissance des Énergies avec AFP
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L'Ukraine et la Russie se sont de nouveau accrochées sur le dossier du gaz jeudi au lendemain d'une décision de justice censée solder quatre ans de litige, Moscou refusant de reprendre ses livraisons pour Kiev comme prévu.

Alors que l'opérateur gazier ukrainien Naftogaz avait réglé la reprise de ses importations de gaz russe après plus de deux ans d'interruption, le géant russe Gazprom a annoncé que tous les détails contractuels n'avaient pas été réglés pour autant.

"Il est évident que les livraisons de gaz pour Naftogaz Ukraine ne seront pas effectuées à partir du 1er mars", a tranché le vice-président de Gazprom Alexandre Medvedev dans un communiqué. Il a ajouté que le groupe russe avait remboursé à Naftogaz le prépaiement versé pour les livraisons de mars.

En réponse, Naftogaz, qui n'a pas acheté de gaz russe depuis fin 2015, a aussitôt dénoncé une "violation du contrat" par Gazprom. Se disant "surpris", le patron de Naftogaz Andriï Koboliev a averti que la société ukrainienne demanderait des dommages, présageant de nouvelles procédures quelques heures après la conclusion de quatre ans de bras de fer judiciaire sur ce dossier.

La Commission européenne s'est aussitôt déclaré "prête à agir comme intermédiaire" dans ce nouveau conflit qui intervient au moment où la demande pour le gaz russe est dopée par la vague de froid en Europe. Dans le passé, certaines "guerres du gaz" entre Kiev et Moscou ont perturbé les fournitures russes vers plusieurs pays européens.

En Ukraine, où les températures sont également glaciales, la décision de Gazprom risque de provoquer des pénuries, a averti M. Koboliev lors d'une réunion du Conseil de sécurité nationale. Même si Kiev achète des volumes supplémentaires en Europe, "il y aura une pénurie d'environ 10 millions de mètres cubes par jour que nous ne pourrons pas couvrir", a-t-il précisé, suggérant d'imposer des restrictions à la consommation ce weekend le temps que les températures remontent.

Mercredi soir, l'Ukraine avait remporté la dernière manche de son litige l'opposant à la Russie devant la Cour d'arbitrage de Stockholm, qui a ordonné à Gazprom de payer 2,56 milliards de dollars à Naftogaz pour solder tous leurs contentieux concernant autant les prix et volumes du gaz russe livré à Kiev que le transit par l'Ukraine du gaz russe destiné aux Européens.

Si Gazprom ne verse pas cette somme jeudi, une amende de 526.000 dollars par jour de retard sera appliquée, selon Naftogaz. En cas d'un retard prolongé, l'Ukraine tentera d'obtenir "la saisie des actifs de Gazprom", notamment en Europe, a pour sa part averti le président ukrainien Petro Porochenko.

Dans la procédure lancée à Stockholm à la suite de l'arrivée au pouvoir d'autorités pro-occidentales à Kiev en 2014, les deux pays exigeaient l'un de l'autre le paiement de dizaines de milliards de dollars de compensations. Gazprom couvre environ le tiers de la consommation de gaz du continent européen, une part qui a augmenté ces dernières années malgré la volonté de l'Union européenne de réduire sa dépendance vis-à-vis de Moscou pour ses approvisionnements.

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