Interview du Président du Suriname où chaque citoyen va recevoir sa « part » de la rente pétrolière

  • Connaissance des Énergies avec AFP
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Le président du Suriname, où d'énormes réserves d'hydrocarbures commenceront à être exploitées en 2028, affirme que "la production de pétrole peut aller de pair avec le statut de pays au bilan carbone négatif".

Lors d'une interview exclusive jeudi soir avec l'AFP à Paramaribo, M. Santokhi, candidat à sa réélection à l'issue des législatives dimanche, se vante d'avoir redressé une économie chancelante au prix de réformes drastiques. Et affirme que le plus petit Etat d'Amérique du sud au vaste couvert forestier, un des rares au monde à absorber plus de dioxyde de carbone qu'ils n'en émet, va désormais en tirer les bénéfices avec les revenus attendus de l'exploitation pétrolière.

Vous présidez le Suriname depuis 5 ans, quel bilan présentez-vous aux électeurs dans cette campagne électorale ?

Le redressement de l'économie, la stabilité de l'économie, et avoir retrouvé de la croissance. Ce que nous avons accompli, y compris pendant la période du Covid, est extraordinaire.

La mise en œuvre du programme du FMI, qui était un programme de réforme très complet a eu un fort impact sur la population. Nous devons aujourd'hui protéger nos citoyens. Nous sommes maintenant en meilleure santé avec une économie réformée, avec notre propre épargne, avec plus de revenus, avec plus de soutien des institutions financières internationales. Nous nous avons désormais la capacité d'en faire plus pour notre peuple afin que chacun puisse tirer partie de la croissance. Quand vous n'avez pas d'argent en tant que pays, quand vous êtes en faillite, vous pouvez avoir de belles idées, de bons programmes, mais si vous ne pouvez pas les mettre en œuvre... C'est pourquoi ce n'est qu'aujourd'hui que j'ai mis en place le programme "Royalties pour tous". Chaque citoyen surinamais recevra 750 dollars américains tirés des revenus futurs du pétrole et du gaz. C'est leur part dans la production pétrolière.

Ceci est financé grâce aux découvertes d'immenses réserves d'hydrocarbures. Le Suriname va donc devenir un État pétrolier ?

Oui, à partir de 2028, nous serons un pays producteur de pétrole. Nous étions un pays producteur de pétrole onshore et maintenant offshore avec (les compagnies pétrolières) TotalEnergies, APA, et donc nous aurons des revenus issus directement du pétrole, des recettes fiscales, des redevances. Un montant énorme de revenus pour le pays. Cet argent sera utilisé pour la diversification de notre économie afin d'aider d'autres secteurs comme l'agriculture, le tourisme. 

Cet argent sera utilisé pour renforcer les institutions gouvernementales dans les domaines de la sécurité, de la santé et de l'éducation, mais aussi pour le développement des populations de l'intérieur du pays, ce qui est très important. Cet argent sera utilisé pour la transition vers les énergies vertes dont nous avons également besoin car nous savons que l'énergie fossile est limitée. Elle disparaîtra après 40 ans, par conséquent nous devons aussi investir dans les énergies vertes.

Le Suriname est un des rares pays au monde avec un bilan carbone négatif, fortement éprouvé par l'érosion côtière. N'y a-t-il pas une contradiction à vouloir devenir un état pétrolier ?

Eh bien, c'est une question qui ne peut être abordée qu'avec une analyse basée sur la science. Quel type d'émission sera générée par la production de pétrole et de gaz? TotalEnergies, vous pouvez leur demander, m'a garanti qu'ils produiront du pétrole selon les normes internationales des programmes environnementaux. Cela signifie que la production de pétrole peut aller de pair avec le statut de pays au bilan carbone négatif. Nous avons également mis en oeuvre notre programme d'énergie solaire. Nous protégerons nos forêts. 

Nous sommes le pays le plus vert en étroite coopération avec également la CCNUCC (Convention-cadre des Nations Unies sur le changement climatique). Nous faisons partie de la forêt amazonienne en coopération avec les pays amazoniens. Et enfin, nous avons notre énergie hydraulique qui nécessite davantage d'investissements. Malgré tous les investissements que nous réalisons dans l'industrie, nous resterons en bilan carbone négatif. C'est possible grâce à la haute technologie, grâce à la technologie moderne, grâce à la limitation des émissions de gaz de rester en bilan carbone négatif.

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