Irak: l'adoption du budget bute sur la grogne des Kurdes

  • AFP
  • parue le

Les dirigeants de la région du Kurdistan irakien sont samedi vent debout contre des amendements au projet de budget de l'Irak, repoussant un vote sur le texte au Parlement à Bagdad.

Habitué aux retards budgétaires, le gouvernement avait envoyé son projet de loi de finances aux députés en mars. Fait inédit, il couvre l'année fiscale 2023, mais aussi 2024 et 2025.

Mais depuis, des amendements ont été introduits, qui font bondir les dirigeants kurdes au motif qu'ils contreviennent à un accord conclu récemment entre le gouvernement fédéral de Bagdad et le gouvernement régional d'Erbil au sujet du pétrole, source de tensions récurrentes entre les deux entités.

Nechirvan Barzani, président du Kurdistan irakien, s'est dit vendredi soir "profondément inquiet [quant] aux changements affectant les paragraphes de la loi de finances liés aux droits constitutionnels de la région du Kurdistan".

Ces amendements sont "une trahison", a tonné samedi son cousin Masrour Barzani, Premier ministre de la région.

En Irak, les accords politiques se concluent après d'interminables tractations et les députés vont au vote lorsqu'un consensus se dégage entre les principaux partis, dont le bloc kurde. La colère des Kurdes empêche donc la tenue d'un vote sur le budget.

L'accord conclu entre Erbil et Bagdad en avril ouvre la voie à la reprise des exportations de pétrole du Kurdistan via la Turquie, exportations interrompues après la décision d'un tribunal international donnant à Bagdad la haute main sur la gestion du brut kurde.

Les ventes de pétrole du Kurdistan d'Irak doivent désormais passer par la compagnie pétrolière d'Etat irakienne (Somo), et non plus exclusivement par les autorités régionales.

Et les recettes liées à la vente du pétrole kurde à l'étranger devront être déposées sur un compte bancaire géré par Erbil et supervisé par Bagdad.

Mais plusieurs articles du projet de loi de Finances ont été modifiés par les députés irakiens.

Selon la nouvelle mouture, le Kurdistan d'Irak devra d'abord livrer 400.000 barils de pétrole par jour à Bagdad ainsi que ses revenus non-pétroliers (impôts, droits de douane...) avant d'obtenir sa part du budget fédéral, a expliqué à l'AFP l'économiste Govand Sherwani.

Or, dit-il, le texte originel "garantissait l'envoi de sa part du budget au Kurdistan sans conditions, comme un droit constitutionnel".

En outre, poursuit-il, les recettes pétrolières kurdes ne seront pas déposées sur un compte dans une banque internationale, comme il en était question au préalable, mais "sur un compte au nom du ministère des Finances irakien, à la Banque centrale d'Irak".

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