- Connaissance des Énergies avec AFP
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Entre "cauchemar" et "apocalypse", l'ouragan monstre Irma, qui poursuit sa route dans les Caraïbes, a fait au moins 5 morts, dont 4 sur l'île de Saint-Martin, conduisant l'Elysée à décréter jeudi la mobilisation générale.
Avec des rafales qui ont dépassé par moment les 300 km/h, le cyclone de catégorie 5, le maximum sur l'échelle d'intensité des ouragans, a semé la désolation sur les deux îles françaises, situées à environ 250 km de la Guadeloupe et plus connues jusque là pour leurs plages paradisiaques et leur tourisme de luxe.
Des photos prises sur place montraient des paysages dévastés, des rues inondées ou envahies par des amas de tôles, des bateaux transformés en petits bois, des arbres balayés par les rafales de vent, des toitures arrachées, des voitures renversées ou noyées sous des mètres d'eau.
Après le passage du cyclone de catégorie 5 le plus long (plus de 33 heures) jamais enregistré dans le monde selon Météo France, un premier vol devait être mis en place jeudi entre la Guadeloupe et les deux îles, pour évaluer les dégâts.
Le dernier bilan a été annoncé jeudi après-midi par Edouard Philippe: "quatre personnes décédées" ont été retrouvées pour l'instant à Saint-Martin et "aucune personne décédée n'a été constatée à ce stade" sur Saint-Barthélemy. Ce bilan révise à la baisse celui donné précédemment par le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb qui avait annoncé le décès de 8 personnes.
Le Premier ministre a également évoqué une "cinquantaine de blessés, dont deux graves et un en urgence absolue".
L'état de catastrophe naturelle, qui permet la prise en charge par les assurances, sera signé dès vendredi, a promis M. Philippe.
A Sint Marteen, la partie hollandaise de l'île, "les dégâts sont énormes", mais il n'y a pas de mort pour l'instant, selon le Premier ministre néerlandais, Mark Rutte.
Un mort a en revanche été enregistré dans la petite île voisine de Barbuda.
La France est "touchée" et "toute entière mobilisée", a réagi le président Emmanuel Macron depuis Athènes. Il se rendra "dès que possible" dans les zones touchées.
- Comme dans "un pays en guerre" -
Sur place, les communications restent parcellaires et les aéroports quasiment impraticables.
A Saint-Martin, selon le président du conseil territorial, Daniel Gibbs, "sous le choc", "95% de l'île est détruite".
Dans certains quartiers, "une maison sur deux est pulvérisée", a raconté sur LCI un habitant de Marigot, chef lieu de Saint-Martin.
Tout a "été soufflé" comme "par une bombe atomique", a témoigné sur franceinfo Dany Magen-Verge, une autre habitante de Saint-Martin.
"On dirait presque un pays en guerre", a renchéri une autre journaliste de Guadeloupe 1re, Maeva Myriam Ponet, également à Saint-Martin.
Mme Ponet et plusieurs autres témoins ont par ailleurs évoqué des "scènes de pillage" de magasins au milieu du chaos.
A Saint-Barthélémy jeudi matin, les habitants étaient dans la rue en train de nettoyer et dégager les accès, selon une correspondante de l'AFP sur place, au milieu des voitures retournées, toitures arrachées, végétation totalement détruite, poteau téléphoniques et électriques à terre et hôtels détruits, inondés, ou ravagés. De nombreuses routes sont impraticables.
Des gens étaient en larmes en constatant les dévastations, qui n'ont pas épargné les hôtels de luxe, a indiqué à l'AFP un habitant, Olivier Toussaint, en soulignant que le principal problème était le manque d'eau potable et pour se laver.
Les deux îles sont en effet sans eau potable, sans électricité, les bâtiments publics inutilisables et les services de secours eux-mêmes dévastés.
A Saint-Martin, les "quatre bâtiments les plus solides" - la préfecture, la caserne, la gendarmerie et l'hôpital - ont été détruits, laissant présager une situation encore plus dramatique pour l'habitat créole dominant, en bois ou tôle.
- Appels aux dons -
Il faudra "des semaines et des mois" pour un retour à la normale de l'électricité à Saint-Martin et Saint-Barthélemy, a prévenu EDF.
Un pont aérien pour acheminer de l'aide et ramener des blessés devrait se mettre en place jeudi, a annoncé la ministre des Outre-mer Annick Girardin, arrivée avec environ 150 secouristes en Guadeloupe, base arrière des secours.
La Croix-rouge, le Secours populaire, la Fondation de France et l'Association des maires de France (AMF) ont lancé des appels aux dons pour venir en aide aux victimes.
Irma a également fait des dégâts considérables dans les îles Vierges britanniques.
L'ouragan, plus puissant qu'Harvey qui a fait au moins 42 morts et ravagé le Texas et la Louisiane ces dernières semaines, se déplace vers la République dominicaine puis Cuba et la Floride, qu'il devrait toucher en fin de semaine, selon le National hurricane center (NHC) américain. Il devrait "être réellement destructeur" en arrivant en Floride, a prévenu l'agence américaine des situations d'urgence (Fema).
Les Caraïbes pourraient ensuite subir deux autres ouragans: Jose puis Katia. Le premier est bien plus faible en intensité qu'Irma, et le second devrait lui se diriger vers le Mexique.
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