Isabelle Kocher, seule femme dirigeante du CAC 40

  • AFP
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Isabelle Kocher, dont le sort à la tête d'Engie devrait être tranché jeudi, est la seule femme dirigeante exécutive d'une entreprise du CAC 40, mais la transformation du géant français de l'énergie qu'elle a menée ces dernières années a été source de tensions.

"C'est une étape majeure dans la vie de notre groupe, elle sera la seule femme DG d'un groupe du CAC 40", avait salué lors de la nomination d'Isabelle Kocher en mai 2016 l'historique PDG Gérard Mestrallet, qui avait présidé à la destinée de l'ex-GDF Suez pendant plus de 20 ans mais se trouvait touché par la limite d'âge.

Isabelle Kocher a "toutes les qualités requises et l'expérience réunie pour désormais prendre les rênes du groupe", ajoutait-il.

Ancienne directrice financière puis directrice générale déléguée en charge des opérations, cette ingénieure du Corps des mines devenait ainsi la première dirigeante d'une entreprise du CAC 40 depuis la nomination de l'Américaine Patricia Russo à la tête d'Alcatel-Lucent en 2006.

Aucune autre femme n'occupe actuellement une telle fonction opérationnelle dans un milieu des affaires encore très masculin: Sophie Bellon a pris la tête de Sodexo début 2016, succédant à son père Pierre Bellon, mais elle préside le conseil d'administration.

Pour autant, Isabelle Kocher, aujourd'hui âgée de 53 ans, n'aura pu se saisir de toutes les rênes du groupe -- et le CAC 40 attend toujours sa première femme PDG.

D'abord chaperonnée par Gérard Mestrallet, maintenu deux ans à la tête du conseil d'administration, elle ne pourra prendre seule la tête d'Engie début 2018: l'Etat (actionnaire principal, à près de 24%) confirme sa préférence pour une direction bicéphale, et c'est Jean-Pierre Clamadieu qui prend la présidence.

« Violence »

Sous la houlette de la médiatique dirigeante, grande nageuse et mère de cinq enfants, l'entreprise aux 158.000 salariés s'est lancée en 2016 dans un plan de transformation.

Objectif: faire de l'ancien groupe gazier un géant de la transition énergétique en se développant dans l'électricité d'origine renouvelable, les services énergétiques ou les "villes intelligentes", afin de s'adapter à un secteur en pleine mutation. Isabelle Kocher défend malgré tout aussi la place du gaz, par exemple pour le chauffage, tout en prônant son "verdissement" c'est-à-dire le développement à terme du gaz d'origine renouvelable.

"Elle a mis en œuvre ce qu'on lui a demandé. Elle a fait le job", salue un proche de la direction.

Mais cette stratégie a bousculé certains anciens "gaziers" de GDF, pour lesquels l'abandon d'activités historiques est difficile à avaler.

Les relations de Mme Kocher avec Gérard Mestrallet, puis son successeur Jean-Pierre Clamadieu, sont aussi notoirement difficiles et la dirigeante a affronté de nombreuses attaques et rumeurs, y compris dans les médias.

Ses relations avec l'Etat n'ont pas non plus toujours été au beau fixe. Son comportement a parfois été jugé irritant, par exemple lorsqu'elle a fait campagne pour cumuler ses fonctions avec la présidence, estime-t-on au gouvernement.

Un proche s'étonne pour sa part de la "détestation" dont elle a pu faire l'objet. "Je ne comprends pas ce degré de violence", confie-t-il.

A contrario, elle a rallié ces derniers jours des soutiens publics dans le monde politique. La maire de Paris Anne Hidalgo l'a ainsi qualifiée de "femme courageuse et visionnaire".

A la tête d'un groupe devenu complexe et parfois mal compris, Isabelle Kocher en reconnaît le "profil atypique" mais défend son bilan. "Engie est un groupe magnifique qui avait un genou à terre quand j'ai pris mes fonctions. (...) Nous l'avons redressé et totalement repositionné au cours de ces quatre dernières années", a-t-elle encore affirmé il y a quelques jours au Journal du Dimanche.

 

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