- Connaissance des Énergies avec AFP
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Le risque sur l'approvisionnement en pétrole en raison du conflit entre le Hamas et Israël est pour l'heure "limité", estime jeudi l'Agence internationale de l'énergie (AIE), qui se dit toutefois "prête" à intervenir si nécessaire pour garantir que les marchés soient suffisamment approvisionnés.
La guerre déclenchée samedi par une attaque sanglante lancée par le Hamas contre Israël a déjà fait des milliers de morts et près de 150 otages. Elle a également mis en émoi les marchés pétroliers, sous la crainte d'une propagation du conflit au Moyen-Orient qui perturberait les approvisionnements pétroliers.
"Si la perspective d'un impact sur les flux d'approvisionnement en pétrole reste actuellement limitée, les frappes meurtrières ont incité les négociants à intégrer une prime de risque géopolitique plus élevée", explique l'AIE dans son rapport mensuel sur le marché du pétrole.
Après le déclenchement du conflit, les marchés ont en effet réagi avec fébrilité avec un bond de plus de 5% des cours du pétrole lundi, même s'ils se sont repliés depuis mardi. S'"il n'y a pas eu d'impact direct sur l'offre physique" de pétrole, les marchés "resteront sur le qui-vive au fur et à mesure de l'évolution de la crise", a souligné l'agence de l'énergie de l'OCDE basée à Paris.
Dans un contexte de marchés pétroliers déjà tendus sur fond de réduction de la production pétrolière décidée par l'Arabie saoudite et la Russie pour soutenir les prix, l'AIE s'est dite "prête à agir si nécessaire pour garantir que les marchés restent suffisamment approvisionnés".
Outre ces missions de conseils et d'analyse, l'Agence fondée en 1974 après le choc pétrolier, fournit des analyses et des recommandations pour aider les pays, le cas échéant, à garantir leur sécurité énergétique.
Destruction de la demande
Selon l'AIE, "une forte escalade du risque géopolitique au Moyen-Orient, une région qui représente plus d'un tiers du commerce mondial du pétrole par voie maritime, met les marchés à rude épreuve". En cause, la prolongation par l'Arabie saoudite et la Russie de leur réduction volontaire de production de pétrole jusqu'à la fin de l'année qui a fait grimper les cours à presque 98 dollars le baril mi-septembre, près de la barre symbolique des 100 dollars.
Par ailleurs, des tensions risquent de s'exacerber sur la disponibilité en diesel cet hiver en Europe, l'AIE mettant même en garde contre de possibles "pénuries" en raison de contraintes d'approvisionnement, notamment l'embargo de l'UE sur le pétrole brut russe en vigueur depuis 10 mois.
L'Europe aura besoin "d'importations soutenues" en provenance d'autres pays, mais des contraintes particulières en hiver sur la qualité du diesel pourraient "limiter" les approvisionnements. "Il faudra peut-être un autre hiver doux pour éviter les pénuries", selon l'AIE.
"Sauf perturbation imprévue", la production mondiale d'or noir devrait en tout cas se situer en moyenne autour de 101,3 millions de barils par jour (Mb/j) au quatrième trimestre, une prévision stable par rapport à celle de septembre, selon l'AIE.
L'Agence note néanmoins que les difficultés économiques alimentées par l'inflation et les taux d'intérêts élevés commencent à peser sur la demande de pétrole.
"Il y a des signes de destruction de la demande à grande échelle, en particulier dans les pays à faible revenu comme le Nigeria, le Pakistan et l'Égypte, et des signes d'accélération des baisses sur certains marchés de l'OCDE", rapporte l'AIE, en référence au club des économies avancées.
Aux États-Unis, la consommation d'essence aux États-Unis est notamment "tombée à son plus bas niveau depuis deux décennies", au moment où la voiture électrique connaît un essor considérable dans de nombreuses économies avancées.
Malgré tout, la demande mondiale en or noir devrait augmenter de 2,3 millions de barils par jour en 2023, tirée par la Chine, l'Inde et le Brésil, mais l'AIE s'attend à ce que sa croissance soit ramenée à +0,9 mb/j de barils en 2024, sous l'effet de "la détérioration du climat économique" notamment.
L'AIE maintient sa prévision de la demande mondiale à 101,85 millions de barils par jour en 2023, et de 102,7 millions en 2024, une estimation quasiment inchangée par rapport à son estimation de septembre.