- Connaissance des Énergies avec AFP
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La Havane et plusieurs provinces de l'ouest de Cuba sont sans électricité mercredi après une nouvelle panne massive sur le réseau électrique qui touche plusieurs millions d'habitants.
"Une déconnexion du système électrique national s'est produite à l'aube aujourd'hui dans la partie occidentale, touchant plusieurs provinces depuis Cienfuegos jusqu'à Pinar del Rio" dans l'extrême ouest de l'île, a annoncé la compagnie électrique de La Havane.
La panne dans la capitale où vivent 1,7 million d'habitants est "générale", est-il précisé. "Il n'y a pas d'électricité".
Les autorités ont indiqué par la suite que la panne s'était produite à 05H00 du matin mercredi (09H00 GMT) sur une ligne de transmission entre deux centrales électriques, provoquant une "surcharge" sur une partie du réseau et sa déconnexion.
Cuba souffre depuis deux ans de coupures électriques massives récurrentes. L'île de 9,7 millions d'habitants a connu cinq coupures électriques générales depuis fin 2024, certaines durant plusieurs jours. Les habitants subissent de très longs délestages quotidiens, parfois plus de 20 heures d'affilée.
Les employés de la compagnie nationale d'électricité "qui n'ont aucun répit face aux complexités quotidiennes que nous imposent le blocus et le rétablissement après le passage de l'ouragan Melissa, sont déjà en train de résoudre le problème", a assuré sur X le président Miguel Diaz-Canel, en référence à l'embargo commercial et financier américain, en vigueur depuis 1962 et renforcé par Donald Trump.
"Une fois de plus, nous leur faisons confiance", a ajouté le chef de l'Etat.
L'ouragan Melissa a frappé l'est de l'île le 29 octobre avec des vents soufflant à 195 km/h, sans faire de victimes mais laissant derrière lui des dégâts matériels considérables.
Le gouvernement accuse les sanctions américaines de l'empêcher de réparer son réseau électrique. Des économistes soulignent cependant le manque chronique d'investissement de l'Etat dans le secteur.
L'infrastructure électrique du pays, vétuste, souffre d'avaries fréquentes. Les huit centrales électriques, presque toutes inaugurées dans les années 1980 et 1990, tombent régulièrement en panne ou doivent être arrêtées pour de longues semaines de maintenance.
Le manque de carburant récurrent contribue aux coupures régulières.
Depuis cinq ans, Cuba connaît une grave crise économique. Outre les coupures électriques, les habitants subissent une forte inflation et des pénuries de toutes sortes.
- "Quand cela va finir" -
"Nous sommes tous les deux retraités. Vous pouvez imaginer combien c'est difficile cette situation pour nous", explique à l'AFP Estela Morales, 78 ans, qui se rend au marché avec son mari dans le centre de la capitale.
"On ne sait pas quand il va y avoir de l'eau, quand il va y avoir de l'électricité, quand on va pouvoir acheter quelque chose. C'est très difficile et on ne sait pas quand cela va finir, ni même si nous pourrons voir la fin de tout ça", se plaint-elle, alors que le pays se débat dans une grave crise économique, sanitaire et sociale.
Melissa Guzman, une comptable de 19 ans, travaille dans un magasin d'Etat. "C'est très désagréable. On part travailler sans courant et c'est sûr que quand je vais rentrer du travail, je n'aurai pas d'électricité", déplore cette mère d'un bébé.
L'installation récente d'une trentaine de parcs photovoltaïques, soutenue par la Chine, n'a pas permis pour l'heure de soulager le réseau et de faire diminuer les coupures.
Lundi, à l'heure de pointe, 59% des habitants de Cuba étaient déjà sans courant en raison des délestages, selon les autorités.
Cette nouvelle panne intervient alors que le pays subit une épidémie de chikungunya, sur fond d'érosion des services de santé. Une trentaine de personnes, dont 21 enfants et adolescents, sont morts des suites du virus de la dengue et de celui du chikungunya, deux maladies virales transmises par les moustiques.
L'épidémie de chikungunya est devenue incontrôlable, notamment en raison des monceaux de déchets accumulés dans les rues, et de l'eau stagnante stockée dans des citernes sur les habitations pour pallier le déficit d'eau courante, qui a touché cette année jusqu'à trois millions de Cubains.