- Connaissance des Énergies avec AFP
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Le Premier ministre conservateur hongrois Viktor Orban a réaffirmé mardi sa détermination à voir se réaliser le projet de gazoduc South Stream, contesté par Bruxelles, au lendemain de l'adoption par le parlement de Budapest d'un amendement ouvrant la voie à la construction du tronçon hongrois.
"Même s'il y a des troubles en Ukraine, il faut que le gaz puisse parvenir en Hongrie. Et pour cela, nous avons besoin d'un autre pipeline" que celui qui traverse actuellement l'Ukraine, a expliqué M. Orban à la presse mardi.
Porté par le géant gazier russe Gazprom, le projet South Stream, évalué à 16 milliards d'euros, est destiné à approvisionner l'Europe en gaz russe en contournant l'Ukraine. Il a été bloqué par l'Union européenne dans le cadre des sanctions visant Moscou dans son conflit avec Kiev.
"Les Allemands ont déjà construit North Stream et sont par conséquent capables d'éviter l'Ukraine comme source potentielle de danger", a fait valoir M. Orban. "Nous ne souhaitons pas davantage que ce que souhaitent les Allemands", a-t-il assuré.
Lundi soir, le parlement hongrois a adopté par 131 voix contre 35 un amendement autorisant une entreprise à construire un gazoduc sans disposer de la licence ad hoc.
S'il ne fait pas explicitement référence à South Stream, ce texte est interprété comme un feu vert pour la construction du gazoduc contesté par l'UE.
"Il s'agit de l'unique gazoduc que la Hongrie souhaite construire. L'amendement est une astuce pour permettre la construction du projet russe et contourner la réglementation européenne", a confié à l'AFP Judit Barta, spécialiste des questions énergétiques à l'institut GKI Energy Research.
Bruxelles a demandé mardi à Budapest de clarifier sa position sur le sujet, a indiqué une porte-parole de la Commission, Anna-Kaisa Itkonen.
Le dossier est cependant loin de faire l'unanimité au sein de l'UE, où plusieurs pays comptent, comme la Hongrie, sur South Stream pour sécuriser leurs approvisionnements en gaz.
Le projet russo-italien South Stream, dont le chantier a été officiellement lancé en décembre 2012, doit relier sur 3.600 kilomètres la Russie à la Bulgarie, pour se diriger ensuite vers l'Europe occidentale via la Serbie, la Hongrie et la Slovénie. Il aura une capacité de 63 milliards de m3 par an.
Le chef du gouvernement hongrois, qui pratique un délicat numéro d'équilibriste entre Bruxelles et Moscou, s'est attiré à plusieurs reprises les foudres de la Commission européenne, notamment pour avoir cessé ses livraisons de gaz en "flux inversé" à l'Ukraine en septembre.