Suisse : un stockage en profondeur dans l'argile, futur sarcophage des déchets nucléaires

  • AFP
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La Suisse mise sur le stockage en profondeur des déchets nucléaires, dans l'argile. Le dépôt à des centaines de mètres sous terre est un énorme chantier non sans défi.

Pourquoi l'argile ?

Suède et Finlande vont enfouir les déchets dans du granite. La Suisse opte pour l'argile à Opalinus qui s'est formée au Jurassique, il y a quelque 175 millions d'années, lorsque le nord du pays était couvert d'une mer peu profonde.

Cette argile est très étanche. Et, au contact de l'humidité, une grande partie des minéraux argileux vont gonfler, colmatant d'éventuelles fissures. Les experts considèrent qu'il peut être pratiquement exclu que des substances nocives soient transportées par l'eau.

D'autre part, dans les déchets, la plupart des radionucléides (substances radioactives) ont une charge positive et se fixent aux minéraux argileux. Les quelques radionucléides négatifs se déplacent extrêmement lentement dans l'argile. Qui a donc la propriété de confiner les substances radioactives de manière efficace et sur de longues périodes.

Cette argile étant une roche de faible dureté, elle présente en revanche des défis au niveau de la construction, mais des solutions techniques existent. En outre, lors de la mise en place des déchets de haute activité qui dégagent encore au début une chaleur importante, il faut veiller à ce que celle-ci ne soit pas transférée à l'argile, pour maintenir ses propriétés de confinement.

Proche de l'Allemagne

C'est dans une bande comprise dans le nord-est de la Suisse proche de la frontière allemande, que les exigences relatives à l'épaisseur et à la profondeur de l'argile sont les mieux remplies, selon les experts.

C'est dans cette zone que se situent les trois domaines d'implantation potentiels pour un dépôt en profondeur, appelés Jura-est, Nord des Lägern et Zurich nord-est. Dans ces régions, la couche d'argile, se trouve à une profondeur allant environ de 400 à 1 000 mètres.

Pour le protéger des conséquences des glaciations et de l'érosion, le dépôt sera implanté à plusieurs centaines de mètres de profondeur. Juste avant d'être acheminés vers le dépôt en profondeur, les déchets seront transférés dans des conteneurs de stockage, qui seront eux-mêmes condamnées par du granulat de bentonite, une sorte d'argile qui en cas d'infiltration d'humidité gonfle et bouche les fissures.

Durant le processus de sélection du site, des discussions collectives ont été menées avec des représentants de la société civile et des cantons et communes concernés, y compris d'Allemagne en raison de leur proximité. Ces discussions ont permis d'établir que les participants allemands étaient par principe opposés à tout projet d'enfouissement près de chez eux, selon Uelli Müller, qui a dirigé le groupe de discussion Jura-Est.

Référendum ?

"Tous les sites sont techniquement et géologiquement adéquats. Il faut voir maintenant celui qui offre la plus grande marge en matière de sûreté", a expliqué à l'AFP Felix Glauser, porte-parole de la Nagra, chargé de la gestion des déchets radioactifs. La Nagra annoncera à l'automne, vraisemblablement à la mi-septembre, quel site est à son avis le plus approprié.

La décision finale sera prise par le Conseil fédéral. À cet effet, la Nagra devra soumettre une demande d'autorisation générale à l'horizon 2024. Le Conseil fédéral prendra probablement sa décision en 2029 et la soumettra à l'approbation de l'Assemblée fédérale en 2030. Les Suisses devront par ailleurs se prononcer lors d'un référendum sur le sujet si les opposants récoltent 50 000 signatures.

Les autorités estiment les coûts de la sortie du nucléaire à 23 milliards de francs suisses (environ 22,6 milliards d'euros), dont 19 milliards de francs suisses (18,7 milliards d'euros) pour la gestion des déchets radioactifs, qui seront entreposés sur une surface estimée à 2 km2.

Commentaires

Albéric BAUDCHON

Comme à Bures?

EtDF

Oui mais les Suisses sont très forts en matière de coffres forts souterrains: l ne s'en échappe jamais rien!..

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