Le géant italien Enel freine sa course aux énergies renouvelables

  • AFP
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Sous l'égide de son nouveau PDG Flavio Cattaneo, le géant italien de l'énergie Enel compte ralentir ses investissements dans les énergies renouvelables dans les trois ans à venir, préférant se concentrer sur la rentabilité.

"Les investissements dans les énergies renouvelables ne seront retenus que s'ils créent de la valeur", a fait valoir M. Cattaneo lors de la présentation de son plan stratégique 2024-2026 à Milan.

La rentabilité des investissements dans les énergies renouvelables "n'est pas celle attendue, mais plutôt inférieure aux attentes", a-t-il affirmé au cours d'une conférence de presse.

Enel prévoit des investissements d'environ 35,8 milliards d'euros sur la période 2024-2026, dont 18,6 milliards dédiés à l'amélioration de la qualité des réseaux, mis à mal par des intempéries, et 12,1 milliards aux énergies renouvelables.

Le groupe détenu à 23,6% par l'Etat italien revoit ainsi à la baisse ses ambitions en matière d'énergies renouvelables auxquelles le précédent plan 2023-2025 comptait consacrer des investissements de 17 milliards d'euros sur un total de 37 milliards.

C'est le premier plan stratégique présenté par Flavio Cattaneo, nommé par le gouvernement ultraconservateur de Giorgia Meloni. Vice-président non exécutif de l'opérateur ferroviaire privé Italo-NTVM, Cattaneo avait pris en mai la relève de Francesco Starace.

En matière d'énergies renouvelables, les décisions d'investissement seront "plus sélectives en se concentrant sur l'éolien terrestre, le solaire et les batteries de stockage", selon le groupe.

Ce virage amorcé par Enel survient dans le sillage de décisions similaires prises par les géants pétroliers Shell et BP qui sont revenus en partie sur des engagements pris en matière de transition énergétique.

- "Maximiser la rentabilité" -

M. Cattaneo s'est également montré ouvert à un rôle croissant du groupe dans le développement de l'énergie nucléaire de nouvelle génération.

"Nous exploitons des centrales nucléaires en Espagne et en Slovaquie et avons des décennies d'expérience dans ce secteur. S'il y a une entreprise prête à partir demain matin, c'est bien Enel", a-t-il affirmé.

Sous l'impulsion de M. Starace, Enel a figuré parmi les premiers grands groupes du secteur de l'énergie à prendre le virage du développement durable.

Sa production d'énergies renouvelables représente désormais 59,4% du total, contre 28,4% d'origine thermique et 12,2% d'origine nucléaire.

Le groupe a confirmé mercredi son objectif de "zéro émission nette" en 2040 et l'engagement de fermer toutes les centrales à charbon restantes d'ici 2027.

Enel compte désormais porter sa capacité en énergies renouvelables à environ 73 gigawatts en 2026, contre 63 gigawatts prévus cette année. Le précédant plan avait tablé sur 75 gigawatts dès 2025.

"Au cours des trois prochaines années, nous adopterons une approche plus sélective des investissements afin de maximiser la rentabilité tout en minimisant les risques" en "nous concentrant sur nos pays clé", a déclaré M. Cattaneo.

En Europe, le groupe compte se focaliser sur l'Italie, qui bénéficiera de 49% des investissements totaux, et l'Espagne. Ses autres pays phare sont les Etats-Unis, le Brésil, le Chili et la Colombie.

- "Objectifs supérieurs aux attentes" -

Afin de réduire son endettement, Enel avait prévu des cessions d'actifs de 21 milliards d'euros dans le cadre de son précédent plan.

Ces cessions devraient avoir un impact positif sur la dette nette estimée à environ 11,5 milliards d'euros entre 2023 et 2024, détaille Enel.

Sa dette nette avait augmenté à 63,3 milliards d'euros en septembre et devrait se situer entre 60 et 61 milliards d'euros à la fin de l'année.

Interrogé sur des fusions-acquisitions, M. Cattaneo a assuré qu'Enel était prêt à "évaluer les opportunités en fonction des besoins, des situations, des pays".

Quant à la vague de privatisations prévue par le gouvernement Meloni, il a déclaré: "je ne pense pas qu'Enel figure sur la liste des participations à vendre".

Le groupe italien vise un bénéfice net hors exceptionnels entre 7,1 et 7,3 milliards en 2026, contre 6,4 à 6,7 milliards d'euros prévus pour 2023.

Le bénéfice opérationnel hors exceptionnels devrait atteindre 23,6 à 24,3 milliards d'euros en 2026, après 21,5 à 22,5 milliards d'euros attendus cette année.

Ces objectifs financiers sont "supérieurs aux attentes", ont commenté les analystes d'Equita.

bh/pta

Commentaires

BEE

Les investissements dans les énergies renouvelables ne seront retenus que s'ils créent de la valeur...

évidemment !

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