- AFP
- parue le
Le géant pétrolier Repsol a gelé tous ses projets d'investissements dans l'hydrogène vert en Espagne, en raison d'un "environnement défavorable" lié à la volonté du gouvernement espagnol d'instaurer une taxe permanente sur les groupes énergétiques, selon le groupe.
3 projets concernés par le gel des investissements
"Tous nos investissements prévus dans l'hydrogène renouvelable en Espagne sont gelés", a indiqué un porte-parole du groupe à l'AFP, en précisant que trois projets étaient concernés : l'un de 100 mégawatts (MW) à Bilbao (nord), l'autre de 100 MW à Carthagène (sud-est) et le dernier de 150 MW à Tarragone (nord-est).
Cette décision a été prise "en raison d'un environnement réglementaire défavorable", notamment à cause de l'"annonce du gouvernement, qui souhaite rendre permanente une taxe sur les bénéfices extraordinaires des entreprises du secteur de l'énergie", initialement prévue pour être temporaire, a-t-il ajouté.
Ce "cadre réglementaire" n'est "pas propice aux investissements à long terme dans la transition énergétique industrielle", souligne le groupe.
La décision de Repsol a été qualifiée lundi d'"obscène" par le secrétaire général du syndicat Commissions ouvrières (CCOO), Unai Sordo. "Ce type de menaces" est "inappropriée", s'agissant d'une "mesure fiscale qui me semble assez raisonnable", a-t-il insisté lors d'une rencontre économique.
Un impôt exceptionnel sur les bénéfices des énergéticiens pérennisé
Le gouvernement du Premier ministre socialiste Pedro Sánchez a instauré début 2023 un impôt exceptionnel sur les bénéfices des grands groupes énergétiques et financiers, afin de compenser les mesures de soutien mises en place ces derniers mois pour faire face à l'envolée de l'inflation.
Cette mesure était initialement prévue pour durer deux ans, jusqu'à fin 2024. Mais Pedro Sánchez a finalement décidé de la pérenniser, dans le cadre d'un accord de gouvernement signé voilà un an avec le parti d'extrême-gauche Sumar, qui pourrait se concrétiser dans le cadre du budget 2025.
Cette décision a suscité de vives critiques de la part des groupes concernés, à commencer par le géant pétrolier et gazier Repsol, qui avait menacé lors de la signature de cet accord de réduire l'ensemble de ses investissements dans le pays.
Une telle mesure risque de punir les entreprises "qui investissent dans des actifs industriels, génèrent de l'emploi et garantissent l'indépendance énergétique" de l'Espagne, et "favorise les importateurs, "qui ne génèrent pas d'activité économique pertinente", avait expliqué le groupe.
Repsol a engagé ces dernières années un virage stratégique pour s'éloigner du modèle "tout pétrole". Le groupe a ainsi prévu d'investir entre 16 et 19 milliards d'euros d'ici 2027, dont près de 60% dans des projets qui concernent la péninsule ibérique.
La décision du géant espagnol pourrait compromettre les ambitions de l'Espagne, qui entend devenir un leader mondial de l'hydrogène vert - produit à base d'électricité renouvelable et non de combustibles fossiles - grâce à ses nombreuses fermes solaires et éoliennes.
L'hydrogène, sur lesquels de nombreux pays souhaitent s'appuyer pour décarboner leur économie, peut remplacer le charbon dans les industries ayant besoin de beaucoup de chaleur, comme la sidérurgie. Il peut aussi servir à fabriquer de l'engrais et à faire marcher des bus, des trains et même des avions.