Le gouvernement évoque 6 nouveaux EPR auprès d'EDF, « une hypothèse de travail » qui ne présage « en rien des décisions »

  • AFP
  • parue le

Le gouvernement a adressé à EDF une lettre lui demandant d'évaluer l'état de la filière nucléaire et évoquant six éventuels EPR à construire, "une hypothèse de travail" qui, a-t-il assuré, ne présage "en rien des décisions" à venir concernant le secteur.

Dans cette lettre datée du 12 septembre, rendue publique par Le Monde lundi et dont l'AFP a eu une copie, les ministres de l'Économie et de la Transition écologique, Bruno Le Maire et Élisabeth Borne, demandent au PDG Jean-Bernard Lévy de travailler à une analyse des forces et faiblesses de la filière, et établissent un calendrier.

Le gouvernement fixe ainsi pour "mi-décembre 2019, une analyse des capacités de la filière nucléaire pour être en mesure de répondre à l'exécution d'un programme de construction de trois paires de réacteurs sur trois sites distincts, chaque paire étant espacée de quatre ans". "Nous souhaitons que la filière nucléaire se mobilise pour apporter au gouvernement les éléments permettant de démontrer sa capacité à répondre à un programme de construction de nouveaux réacteurs dans des délais et des coûts impartis", ajoute le texte.

"Le gouvernement dément formellement la moindre décision en matière de construction de réacteurs nucléaires", a déclaré lundi le ministère de la Transition écologique, réagissant à la publication de ce courrier. "Ce courrier s'inscrit dans le processus de travail qui permettra d'apporter d'ici mi-2021 tous les éléments nécessaires à une décision éclairée sur l'engagement éventuel d'un programme de construction de réacteurs nucléaires neufs de type EPR2 en France, comme annoncé dans la PPE (Programmation pluriannuelle de l'énergie, feuille de route énergétique de la France, NDLR) publiée en janvier. Il n'y a aucune nouveauté", ajoute-t-on. "Cette lettre ne présage donc en rien des décisions qui pourraient être prises après mi-2021."

« Fuite en avant » pour Sortir du nucléaire

"S'agissant des trois paires de deux réacteurs évoquées dans le courrier, il s'agit d'une hypothèse de travail sur la base de l'expérience que nous avons du parc historique. C'est une hypothèse, qui là encore sert à éclairer une éventuelle décision et ne présage ni de celle-ci ni du nombre de réacteurs qui pourrait être décidé", ajoute encore le ministère.

L'EPR2 est une variante à l'étude de l'EPR actuel, qui doit être plus simple et moins chère. Or l'EPR en cours de construction à Flamanville (Manche) accumule les déboires -- dernièrement des problèmes de soudure -- qui ont gonflé la facture (12,4 milliards d'euros désormais) et largement retardé son calendrier de mise en route. Dans le meilleur des cas, le combustible nucléaire sera chargé fin 2022.

Le gouvernement, qui multiplie les signes d'impatience depuis quelques mois, a commandé un audit indépendant, dont les conclusions sont attendues fin octobre. "Nous considérons que les dérapages de coût et de calendrier ne sont pas satisfaisants et appellent des explications", a redit lundi le ministère de la Transition écologique.

Le projet de PPE pour les dix ans à venir ouvre la porte à la construction de nouveaux réacteurs. Le gouvernement souhaite disposer "d'ici mi-2021" des éléments pour décider en 2022 de lancer la construction éventuelle de nouveaux EPR afin d'anticiper le remplacement de réacteurs vieillissants.

Dans un communiqué, le Réseau Sortir du nucléaire s'est inquiété lundi soir que "sans aucune décision démocratique, le gouvernement donne à EDF une lettre de mission pour poursuivre sa fuite en avant".

À l'étranger, EDF connaît également des difficultés en Angleterre, où son énorme chantier de construction de deux réacteurs EPR à Hinkley Point C devrait coûter jusqu'à 3,3 milliards d'euros de plus que prévu.

Commentaires

Charentas

Plutôt que de payer cet audit, de gaspiller inutilement l'argent des contribuables, il aurait été plus judicieux de consacrer cet argent au développement des énergies renouvelables.

Rochain

D'autant qu'avec ce que va nous couter l'ensemble EPR, les deux anglais, le finlandais et le français on aurait peut-être pu au moins tripler, si ce n'est plus, la production ENR nouveaux en incluant le stockage.

Gouisset

Votre site est fort intéressant

dédé29

On y va doucement ,mais on y va !

sail49

réflexion :
Outre l 'immense problème qu'engendre les centaines de milliers de tonnes de matériaux radioactifs (faiblement ou fortement), l'EPR, qu'il soit de 1ere ou de 2eme génération demandera un refroidissement par turbinage de très gros volume d'eau.
Comme cette projection n'en est pas une, puisque EDF a déjà acquis des terrains autour de centrales existantes ... et pas pour y faire pousser des légumes bio ! cela laisse présager que ces futurs EPR2 seront sur des sites existants

Hors si on fait une projection climatique avec les modèles aujourd'hui à notre disposition, nous savons que, dans l'ordre, le 1er problème que va engendrer le réchauffement climatique en France est une diminution sévère de l'eau douce en période d'étiage.

Cela m'amène à la conclusion suivante : soit les pro-nucléaires sont des climato-négationnistes qui nient l’existence des changements climatiques qui s'opèrent d'ores et déjà, soit ils concèdent que le nucléaire devienne une énergie intermittente au même titre que le solaire ou à l'éolien !! ... ce qui nous amène directement à sa pertinence coût/service ??

Maume

EPR de Flamanville est victime de sabotage de la part de l'ASN et de sabordage de la part EDF. Bientôt 3 mois que je tante d'alerter toutes les autorités du pays. Pas même une réponse polie d'avis de réception. Sauf du ministre. Si vous voulez en savoir plus contactez moi.

Absil

avec cet argent on pourrait créer un comburant pour centrale au gaz qui permettrait une très forte augmentation de CO2 dans les fumées. La récupération du CO2 serait rendue possible par simple condensation de la vapeur d'eau.
CO2 pourrait alors être stocké dans des puits de gaz naturel épuisés.
La France annonce avoir découvert un procédé qui transforme CO2 en CH4 qui pourrait alimenter les centrales gez
Pourquoi pas décomposer CO2 avec H2 produit grâce à l'énergie solaire

Ajouter un commentaire

Suggestion de lecture