Le gouvernement français acte la relance du nucléaire, avec le contrat de filière 2025-2028

  • Connaissance des Énergies avec AFP
  • parue le

Tours aéroréfrigérantes de la centrale nucléaire de Cattenom, en Moselle. (©EDF-Didier Marc/PWP)

Le gouvernement a signé mardi le contrat de filière nucléaire pour la période 2025-2028 qui acte la relance de l'atome en France et le programme EPR2 de construction de six nouveaux réacteurs de grande puissance à horizon 2038.

Discours de Belfort

Il y a une ambition "de se projeter dans les prochaines décennies", a déclaré Marc Ferracci, ministre de l'Industrie et de l'Energie, lors de la signature du contrat en marge des "Journées Perspectives" de la filière à Massy (Essonne).

Et "il y a l'enjeu de la performance industrielle", a-t-il ajouté, évoquant la nécessité de "maîtriser les coûts" de la filière nucléaire en en "maîtrisant les délais".

Le ministre de l'Économie Eric Lombard, également présent, a pour sa part souligné l'importance du nucléaire "pour la transformation écologique" et la "compétitivité" de la France. "C'est un élément de compétitivité de notre industrie pour (...) les décennies qui viennent", a-t-il dit.

Ce contrat de filière 2025-2028 répond à l'ambition exprimée par le président de la République, Emmanuel Macron, qui avait annoncé en février 2022 lors du discours de Belfort un programme de construction de 6 nouveaux réacteurs nucléaires et une option pour 8 autres.

Le programme EPR2 prévoit la construction de six nouveaux dont une première paire à Penly (Seine-Maritime), puis à Gravelines (Nord) et au Bugey (Ain). Initialement, il visait une entrée en service en 2035 pour le premier réacteur, mais le calendrier a été repoussé à 2038.

Le contrat signé mardi n'aborde pas le financement du programme, pour lequel l'Etat s'est engagé jusque-là sur un prêt à taux préférentiel couvrant 50% au moins du devis.

EDF est en train de travailler sur le chiffrage et doit boucler le cadrage du programme d'ici la fin de cette année pour une décision d'investissement fin 2026.

Améliorer le taux de féminisation

Aux conditions de 2020, le coût du programme estimé à 51,7 milliards d'euros en 2022 s'élève désormais à 67,4 milliards, ce qui revient à 79,9 milliards aux conditions plus récentes de 2023, selon un rapport de la Cour des comptes de janvier sur la base d'un chiffrage d'EDF fin 2023.

En France, le financement du programme serait assorti d'un contrat sur la production nucléaire à un prix garanti par l'Etat de 100 euros maximum du mégawattheure, c'est-à-dire que si l'électricité d'EDF est vendue sur les marchés au-delà, EDF doit verser des recettes à l'Etat; en-dessous, c'est l'Etat qui compense EDF.

Le contrat de filière porte également sur les projets de mini-réacteurs (SMR ou small modular reactors), avec de premières mises en service au début de la décennie 2030, selon Bercy, ainsi que sur l'exploitation des réacteurs actuels et le respect des exigences applicables en matière de sûreté nucléaire.

La relance du nucléaire, qui devra être inscrite dans la prochaine Programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE), consacre la rupture avec la précédente adoptée en 2020, qui prévoyait notamment la fermeture de 14 réacteurs, dont les deux de Fessenheim.

Les contrats de filière sont des engagements réciproques de la filière et de l'État. Ils sont aussi signés par les organisations syndicales et les représentants de la filière.

Le contrat signé mardi est orienté autour de 4 axes: l'exigence opérationnelle, c'est-à-dire la maîtrise des coûts et des délais, l'emploi et les compétences alors que la filière aura besoin de 100.000 recrutements en 10 ans, la recherche et développement et enfin autour de la transition écologique, la gestion des déchets ou encore l'adaptation au changement climatique.

La filière veut notamment améliorer son taux de féminisation qui, avec 24% de femmes, est en-deçà de celui de l'industrie en général (30%), a souligné Hélène Badia, la présidente de l'Université des métiers du nucléaire (UMN). "Il y a encore énormément de travail sur le sujet de la féminisation", a-t-elle déclaré.

Commentaires

Serge Rochain
Donc pour l'instant, on ne sait pas comment payer cette relance décidée par Marcon tout seul comme un grand sur la seule foi de l'échec planétaire de l'EPR
Denis Margot
Rassurez-vous, 100 €/MWh c’est tout de même bien moins cher que ce qui est promis aux parcs éoliens marins comme Fécamp (135,2 €), Saint-Brieuc (155 €) etc, et encore, ce sont des € de 2019, il faut sans doute rajouter 15 à 20% depuis et on tangente les 200 €/MWh. Vous voyez, Rochain, une électricité 2 fois moins chère et de bien meilleure qualité, une très belle affaire.
Serge Rochain
La seule question est d'où sortent vos 100 € pour des EPR2 dont personne ne sait encore ce que c'est Quant à vos fantasmes du prix du KWh de léolien marin c'est plutôt de l'ordre de 66$ le MWh que vos prix sortis d'ont ne sait où, comme d'habitude sans aucune justification. Regardez plutôt d'où sortent les 66$ le MWh d'éolien marin : https://www.connaissancedesenergies.org/sites/connaissancedesenergies.org/files/pdf-pt-vue/IRENA_Renewable_power_generation_costs_in_2022.pdf Plus récent que vos chiffres de 2019 (?) mais injustifiés Par ailleurs je lis : En 2019, près de 5,5 GW de capacités ont été attribuées par enchères au Royaume-Uni en 2019 (Round 3) pour un prix moyen de 40,63 £/MWh, soit près de 46,2 €/MWh connexion au réseau incluse, précise WindEurope. on est très loin de vos chiffres fantaisiste et c'est là : https://www.connaissancedesenergies.org/eolien-offshore-le-royaume-uni-voit-toujours-plus-grand-200713?utm_source=newsletter&utm_medium=fil-info-energies&utm_campaign=/newsletter/le-fil-info-energies-15-juill-2020 Votre tres belle affaire ressemble plus à un tuyau crevé
Goldorak
le prix de l'éolien en mer a en plus été baissé artificielement en déplaçant le cout des charges de réseau sur RTE.
Rochain Serge
Ça n'a rien d'une baisse artificielle ou pas. Ce sont des choses différentes qui ne relèvent des memes entreprises. Comment expliqueriez vous que certaines parties du réseau appartiennent à RTE et d'autres parties à différents producteurs d'électricité, y compris EDF...? Cessez cet esprit soupçonneux, voire accusateur, un peu minable, qui essaie de voir des magouilles de la part des renouvelables en chaques choses totalement claires et logique par ailleurs. On n'a jamais inclus les coûts du réseau dans celui des réacteurs nucléaires ou à celui des barrages...! C'est assez consternant ces mentalités de conspirationistes qui croient en permanence lever des lièvres et dévoiler des magouilles.
Denis Margot
La question est de savoir si Rochain lit les articles. 100 €, c’est indiqué dans le 2nd paragraphe, après Améliorer le taux de féminisation. Les prix/kWh sortent de la directive de l’UE, page 6 (https://ec.europa.eu/competition/state_aid/cases1/201933/269222_2088484_174_2.pdf).
Serge Rochain
Il est surtout ecrit "le financement du programme serait assorti ....." SERAIT .... donc SI on signait ce contrat, on est bien dans le domaine des hypothèses !
Ernst Flugg
"Aux conditions de 2020, le coût du programme estimé à 51,7 milliards d'euros en 2022 s'élève désormais à 67,4 milliards, ce qui revient à 79,9 milliards aux conditions plus récentes de 2023, selon un rapport de la Cour des comptes de janvier sur la base d'un chiffrage d'EDF fin 2023." Je n'ose imaginer le coût réel en 2045 quand ces réacteurs finiront peut-être par être construits après moult déboires. De toute façon bien trop tard pour répondre aujourd'hui aux enjeux climatiques.
Rochain Serge
Je suis prêt à prendre les paris qu'ils n'iront pas au bout... Peut être les deux premiers ?

Ajouter un commentaire