Le gouvernement lance une mission sur les prix des carburants en Outre-mer

  • Connaissance des Énergies avec AFP
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Une mission sur la régulation du prix des carburants et du gaz dans les départements d'outre-mer a été confiée à l'Inspection générale des finances afin notamment d'"interroger le modèle actuel de fixation des prix", a indiqué vendredi le gouvernement.

"La mission analysera la structure de prix des différents types de carburants et du gaz embouteillé vendus dans les cinq départements d'outre-mer, indiquent dans un communiqué commun les ministres de la Transition écologique, de l'Economie et des Outre-mer.

La mission se focalisera sur la Guadeloupe, la Martinique et la Guyane où l'entreprise SARA (Société Anonyme de Raffinerie aux Antilles) détient un monopole historique sur le raffinage, indique le communiqué.

La mission interrogera également "la pertinence du modèle actuel de fixation des prix dans le contexte de la transition énergétique" et ses premiers résultats sont attendus fin mars.

Dans les territoires ultramarins où les prix des carburants et du gaz sont réglementés, la problématique est au coeur des enjeux sociaux.

"C'est une demande de longue date que l'on entre un peu dans le détail pour voir s'il reste des marges de manoeuvre pour libérer un peu le pouvoir d'achat des Guadeloupéens", a réagi le cabinet d'Ary Chalus, président de région de Guadeloupe.

Il rappelle que "les taxes prélevées par les collectivités territoriales n'ont pas été augmentées depuis 2007" et que "localement il y a très peu de marge de manoeuvre" sur le sujet.

Les Guadeloupéens notamment sont très dépendants de l'automobile du fait du manque d'un réseau de transport en commun. Pour éviter les abus de prix, les tarifs sont réglementés et sont fixés en tenant compte du prix du brut, mais également de plusieurs autres indicateurs, comme les cours de l'essence, la parité monétaire, ou encore, notamment, les taux de marge.

Commentaires

Dominique Asselin
Il convient de rappeler que la SARA a été créée au début des années 1970 par la volonté politique de l’État sous prétexte de sécuriser les approvisionnement des Antilles et plus tard de la Guyane, en pratique pour permettre aux sociétés françaises Elf et Total d'entrer sur ce marché qui était traditionnellement approvisionné en produits raffinés par les compagnies anglo-saxonnes Shell, Esso et Texaco à partir de leurs raffineries de la région à Trinidad et Aruba. Ces 3 sociétés disposaient sur place de leurs propres terminaux d'importation alimentés par de petits pétroliers qui faisaient "le laitier" le long de la chaine des petites Antilles afin d'optimiser le coût de fret. Elf et Total ne disposaient pas de telles facilités. Le capital de la SARA fut partagé entre les cinq compagnies intéressées (Elf, Total, Shell, Esso et Texaco), les compagnies françaises ayant la majorité, le reste des parts étant partagé entre les trois autres au prorata de leurs parts de marché. La taille de la raffinerie - une des plus petites au monde - implantée à la Martinique, le service de la Guadeloupe et de la Guyane d'abord par barge au départ de Fort-de-France et l'approvisionnement en brut par de petits pétroliers devait inéluctablement engendrer des prix de revient plus élevés. Il fallait donc que les prix soient contrôlés par la préfecture, tout en assurant la survie de cette raffinerie non soumise à la concurrence, car disposant d'un monopole "institutionnel. Le problème des économies possibles sur le prix des carburants pour "voir s'il reste des marges de manœuvre pour libérer un peu le pouvoir d'achat des Guadeloupéens" relève donc d'une certaine forme de quadrature du cercle. D'autant plus que les actionnaires du départ ont tous cédé leurs parts à deux groupes : Rubis, groupe français indépendant engagé dans la distribution de produits finis en France Métropolitaine, et Sol qui a racheté la plupart du business de Shell dans la région. Ce qui, de toute évidence, n'est pas un signe de haute rentabilité de la SARA. Je suis donc très curieux de lire les conclusions de cette mission.

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