Le Japon persiste et signe sur un projet controversé de centrale à charbon au Vietnam

  • AFP
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En dépit de ses engagements récemment réaffirmés pour le climat, le Japon va participer au financement d'un important projet de centrale à charbon au Vietnam, très critiqué par des organisations environnementales du monde entier.

La Japan Bank for International Cooperation (JBIC), une institution financière proche de l'Etat, a annoncé mardi avoir signé un accord de prêt de 636 millions de dollars pour le projet de centrale à charbon de Vung Ang II, dans le centre du Vietnam.

Cette part s'inscrit dans un prêt total de 1,8 milliard de dollars pour ce projet, auquel contribue également l'alter ego sud-coréen de la JBIC, la Banque d'import-export de Corée (KEXIM). De grandes banques japonaises sont aussi impliquées, selon les médias.

Derrière ce projet visant à générer une capacité électrique de 1.200 mégawatts figure un consortium d'entreprises privées emmenées par le japonais Mitsubishi Corp et le sud-coréen Korea Electric Power Corporation (Kepco).

Mais Vung Ang II est très critiqué par la communauté internationale. En mai dernier notamment, 127 organisations environnementales d'une quarantaine de pays avaient signé une pétition appelant tous les acteurs japonais du projet à y renoncer.

"C'est vraiment décevant" a réagi mercredi auprès de l'AFP Eri Watanabe de 350.org Japan. "Cela montre que le Japon ne prend pas vraiment au sérieux ses engagements de l'accord de Paris sur le climat".

En juillet dernier, le gouvernement japonais avait annoncé un durcissement de ses conditions de financement de nouveaux projets de centrales à charbon à l'étranger, imitant des engagements similaires pris précédemment par les trois mégabanques nippones Mizuho, Mitsubishi UFJ Financial Group (MUFG) et Sumitomo Mitsui Banking Corporation (SMBC).

Mais ces restrictions contiennent "des failles" que le Japon a exploitées dans le cas de Vung Ang II, en considérant par exemple que ce projet de centrale à charbon n'était pas strictement nouveau, selon Mme Watanabe.

En octobre, des fonds d'investissement d'Europe du Nord avaient aussi demandé dans une lettre ouverte aux entreprises prévoyant de s'impliquer dans Vung Ang II de reconsidérer la question.

Le Premier ministre japonais Yoshihide Suga "aurait dû stopper" le prêt de la JBIC, a critiqué mercredi Anders Schelde, directeur général du fonds de pension danois AkademikerPension, l'un des signataires de la lettre ouverte d'octobre.

"Les investisseurs ne veulent pas de charbon dans leurs portefeuilles", a ajouté M. Schelde dans une déclaration transmise à l'AFP, et même si la "meilleure technologie" de centrale à charbon était appliquée au Vietnam, cela resterait "entièrement incompatible avec les objectifs climatiques" mondiaux.

Au sein même du gouvernement nippon, Vung Ang II a provoqué des remous: en janvier dernier, le jeune ministre de l'Environnement Shinjiro Koizumi avait publiquement exprimé ses réticences.

Le Japon a par ailleurs récemment annoncé un objectif de neutralité carbone à horizon 2050, qu'il compte notamment atteindre en développant considérablement les énergies renouvelables sur son sol, alors qu'actuellement il dépend étroitement des énergies fossiles (gaz naturel et charbon principalement).

etb/sl

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