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Le nouveau gouvernement belge dirigé par le conservateur flamand Bart De Wever veut prolonger quatre gigawatts de capacité nucléaire existante et construire de nouveaux réacteurs, a-t-il annoncé mardi au lendemain de son entrée en fonction.
4 GW de nouvelles capacités nucléaires à développer
L'engagement, qui implique de modifier la loi belge de 2003 sur la sortie du nucléaire, est inscrit dans l'accord de gouvernement conclu vendredi soir entre les cinq partis de la coalition, près de huit mois après les élections de juin.
Il a été confirmé mardi devant les députés par le Premier ministre Bart De Wever, qui a dit son intention de "mettre un terme à une loi dépassée", lors de sa déclaration de politique générale.
Concrètement, il s'agit de supprimer deux articles de la loi de 2003, celui fixant le calendrier de désactivation des réacteurs en service, et un autre ayant trait à "l'interdiction de produire de l'énergie à base d'atome", a expliqué le ministre de l'Energie Mathieu Bihet sur la chaîne LN24.
"On sait que l'énergie nucléaire permet une énergie abondante, bas carbone. On veut que les ménages et les entreprises quittent les énergies carbonées comme le gaz ou le fuel", a ajouté ce libéral francophone.
Le ministre a souligné que le gouvernement tablait sur un objectif de 8 gigawatts de capacité nucléaire, dont la moitié serait de nouvelles capacités à développer. Les "premiers quatre GW" correspondent à la prolongation de centrales déjà en service.
Une prolongation actée en 2023
Piliers de la nouvelle coalition, les conservateurs flamands et les libéraux francophones n'ont jamais fait mystère durant la campagne électorale de leur volonté de revenir sur ce marqueur écologiste de la sortie du nucléaire. Un principe déjà écorné sous la législature précédente.
Initialement, tout le parc nucléaire belge - exploité par le groupe français Engie - était censé être mis à l'arrêt au plus tard fin 2025, d'après cette loi votée en 2003 lors de la première participation des Verts au gouvernement fédéral.
Mais le contexte de la guerre en Ukraine, de la dépendance au gaz russe et de l'envolée des prix de l'énergie a complètement rebattu les cartes depuis 2022.
Disant craindre pour l'approvisionnement du pays en électricité, le gouvernement d'Alexander De Croo, le prédécesseur de Bart De Wever, a obtenu d'Engie en 2023 la prolongation de dix ans, jusqu'en 2035, de deux réacteurs d'une capacité totale de 2 gigawatts.
Il s'agit désormais d'obtenir la possibilité de prolonger pour dix années supplémentaires ces deux réacteurs - Doel 4 et Tihange 3 -, mais aussi deux autres réacteurs dont la fermeture prochaine était programmée. Concernant les nouvelles capacités, Mathieu Bihet a évoqué notamment le développement de petits réacteurs modulaires (SMR).
Ce qui ne changera pas dans la loi de 2003 est le cadre juridique des évaluations périodiques de sûreté, mais l'abrogation des deux articles ciblés "pourrait être très rapide", a aussi dit le ministre.