Le patron de la COP28 appelle à tripler la production de renouvelables d'ici 2030

  • Connaissance des Énergies avec AFP
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Le président de la COP28 a appelé mardi à "tripler" d'ici 2030 la capacité mondiale de production d'énergies renouvelables pour contribuer à limiter le réchauffement climatique.

Sultan Ahmed al-Jaber, à la fois dirigeant de la COP28 et patron du géant pétrolier ADNOC, a fixé cet objectif ambitieux, assorti d'un "doublement à nouveau d'ici 2040", devant les représentants de plus de 40 pays réunis à Berlin.

Dans le cadre du Dialogue de Petersberg pour le climat, jusqu'à mercredi, ils préparent la COP28 de Dubaï prévue fin novembre.

"S'il vous plaît, agissez maintenant", a lancé dans un message vidéo le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres, pour qui "nous avons trop longtemps détourné le regard".

Il n'y a "pas d'autre choix" que de réduire les émissions, a martelé M. al-Jaber.

Il avait déjà fixé le cap du triplement des renouvelables lors des échanges à huis clos d'une réunion du G7 mi-avril à Sapporo (Japon).

- "Engagements ambitieux" -

Cet objectif est également prôné par l'Agence internationale de l'énergie (AIE) qui a estimé dans un récent rapport que les ajouts de capacité d'énergies renouvelables doivent tripler d'ici 2030 par rapport aux niveaux de 2022. Il s'agit de déployer au niveau mondial environ 1.200 GW par an, selon l'AIE.

Dans sa déclaration finale, la précédente COP, organisée en 2022 en Egypte, avait appelé à "intensifier rapidement le déploiement de la production d'énergie propre" et à "progressivement éliminer les subventions aux combustibles fossiles inefficaces".

Le président émirati de la COP28 n'a pas mentionné la sortie complète des énergies fossiles, misant plutôt sur la réduction des émissions, notamment via les technologies de capture de carbone.

"Les négociateurs doivent aller plus loin et former une coalition forte et unie en faveur (...) d'une élimination progressive de tous les combustibles fossiles", a réagi l'ONG internationale 350.org.

M. Ahmed al-Jaber a dit "attendre des engagements ambitieux, transparents et responsables des pays et entreprises qui façonneront les politiques des parlements et les budgets", lors de la future COP28.

Critiqué par des ONG pour sa double casquette de président de la COP et de dirigeant d'un groupe pétrolier, M. al-Jaber s'est engagé à ce que sous sa présidence, "les négociations permettent à toutes les parties de discuter, de débattre et de se mettre d'accord sur le rôle de toutes les sources d'énergie".

Dans une récente synthèse de ses travaux, le Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat (Giec) avait prévenu que le monde risquait de franchir la limite clé de réchauffement climatique de 1,5 degré Celsius dans environ une décennie.

Ces experts des Nations unies ont appelé à des réductions spectaculaires des émissions de réchauffement, avec une transformation particulièrement rapide nécessaire dans le domaine de l'énergie.

- "Transparence" -

Le président de la COP28 a enjoint aux pays développés de débloquer chaque année les 100 milliards de dollars promis aux pays en développement pour faire face au réchauffement. Une promesse qui date de 2009 et devait initialement être tenue dès 2020.

"Cela retarde les progrès. Dans le cadre de mes actions de sensibilisation, je demande aux pays donateurs de fournir une évaluation de la réalisation de cet engagement avant la COP28", a déclaré M. al-Jaber.

La cheffe de la diplomatie allemande Annalena Baerbock s'est dite à ce sujet optimiste : "Nous sommes sur le point d'atteindre cette somme de 100 milliards de dollars cette année", a assuré la ministre écologiste lors de la conférence.

Mais, a prévenu Mme Baerbock, "les fonds publics seuls ne pourront pas couvrir ces besoins" et permettre de relever "le plus grand défi de notre siècle en matière de sécurité".

M. Ahmed al-Jaber a ainsi plaidé pour une réforme de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international, censée permettre de "débloquer beaucoup plus de financements", notamment privés.

La France a, elle, demandé, par la voix de la ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher, à ce "qu'il y ait la plus grande transparence possible sur l'objectif des 100 milliards" et "une transparence sur qui apporte combien à ces financements". Allemagne et France versent chacune environ 6 milliards d'euros par an.

Commentaires

Christian Méda…
Nous sommes tous d'accord pour une accélération des investissements pour la décarbonation. Mais si elle passe par la production de panneaux solaires, de lithium et de métaux rares en Chine, produits avec de l'électricité majoritairement au charbon, cette décarbonation sera une gigantesque subvention au charbon pour la Chine. Est-ce vraiment cela que nous voulons ? Comment le président de la COP 28 peut-il demander cela ? Sultan Ahmed al-Jaber, à la fois dirigeant de la COP28 et patron du géant pétrolier ADNOC, largement liée à la China National Petroleum Corp. Ah ! je comprends mieux ! Le charbon doit rester là où il est, les consommations d'énergie doivent se limiter à celles, décarbonées, que nous produisons déjà, et le disponible sera réservé à la production des équipements de production décarbonée. Si nous n'en avons pas assez, nous devrons réduire encore plus nos consommations.
Serge Rochain
Il n'y a pas le moindre métal rare dans une batterie ou dans un PPV Monsieur Meda, et rien interdit de faire des PPV et des batteries en Europe, et même en france. Mais comme pour votre PC, votre smartphone, ou même simplement vous chaussettes c'est seulement moins cher si ça vient de Chine, alors il faut seulement savoir ce que l'on veut ! Par exemple, à propos de batteries, le lithium et le cobalt (ce dernier que l'on trouve dans certaines batteries) sont respectivement les corps chimique de rang 32em et 33 em classés par abondance dans la croute terrestre. Quant aux PPV qui qui utilisent pour 90% du silicium sous forme de verre ou de demi constucteurs dopés pour 90% de leur masse, ce dernier est le deuxième coprs chimique le plus abondant, l'aluminium qui représente 4% de la masse est le troisième plus abondant et le cuivre pour 5% de la masse est au rang et le 27em plus abondant, suivi la le néodyme 28em (ce dernier utilisé dans les alternateurs d'éoliennes, notamment offshore). Absolument rien nous est inaccessible comparé à la Chine si ce n'est d'avoir des prix de revient plus élevés..... il faut seulement cesser de faire travailler des esclaves et payer des oiuvriers !
Denis Margot
Assez d’accord avec le camarade Rochain. Et j’ajouterais, ne pas donner sa préférence aux produits chinois dont la fabrication est lourdement carbonée… comme les VE ! Vivement une extension de la taxe carbone.
Jean
Un pdt d'une des COP (la 28ème) appelle à "tripler" d'ici 2030 la capacité mondiale de production d'énergies renouvelables pour contribuer à limiter le réchauffement climatique. Ce président de cette COP 28, Sultan Ahmed al-Jaber est aussi et surtout patron d'une firme pétrolière : Sultan Ahmed al-Jaber laissera la présidence de prochaine COP à un nouveau président mais il restera le patron de sa frime pétrolière émettrice et vendeuse d'énergie fossile à réchauffement climatique accéléré . Ces gens sont-ils bien sérieux et crédibles ? On en rirait si nos élites mondiales ne semblaient prêter quelque importance au CO2, au réchauffement climatique que pour clamer leurs efforts dans chacun des pays qu'ils dirigent et imposer à la population tout autant les efforts de réduction des dépenses énergétiques que les sommes à cotiser pour aider les pays les plus pauvres à faire de même. Et 100 milliards pour aider les pays pauvres à "pour faire face au réchauffement" et donc réformer leur modèle énergétique. Et la française Pannier-Runacher de demander de la "transparence" sur qui donne et à quoi vont servir ces 100 milliards de $ ... ce qui nous permet d'apprendre que la France verse 6 milliards chaque année à ce fonds aux pays pauvres. Pannier-Runacher devrait plutôt s'interroger sur les systèmes de versement et le contrôle $ par $ de l'usage et de la réelle destination des 100 milliards dont les 6 milliards payés par les contribuables français à de vrais projets locaux utiles aux populations que dirigent les gouvernants des pays en développement.
Finzi
Toutes les considérations et incantations concernant les réductions de GES à l'échelle internationale sont vaines tant que les producteurs chinois ou indiens d'électricité au charbon s'en moquent totalement. Trouvons un moyen économique de faire cesser cette production électrique carbonée, par des incitations ou des sanctions, et nous aurons fait un grand pas vers la décarbonation. Pour ma part je suis favorable à l'instauration de sanctions économiques internationales contre la Chine, l'Inde et tous les pays qui continuent d'acheter des centrales thermiques au charbon ou qui ne remplacent pas celles en fonctionnement. A terme, et bientôt je l'espère, la politique volontariste de l'Accord de Paris devra être remplacée par celle des obligations et des contraintes.
Albatros
Je suis opposé par principe à un gouvernement mondial, cela me terrorise. Où prévoit-on de m'enfermer ? L'enfer (éco-dictature) est pavé de bonnes intentions (sauver la planète).

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