Le patron de Vallourec, inquiet pour l'avenir du nucléaire, se justifie sur le dossier Ascoval

  • AFP
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Le président du directoire du fabricant de tubes Vallourec, Philippe Crouzet a alerté mardi sur l'avenir de la filière nucléaire française et sur les conséquences possibles pour la production du groupe destinée à ce marché, et s'est justifié sur le dossier Ascoval.

"J'alerte sur la filière nucléaire. Je pense qu'on va au-devant d'une vraie difficulté", a déclaré M. Crouzet, auditionné par la mission d'information du Sénat sur les enjeux de la filière sidérurgique. Le patron de Vallourec a expliqué que les tubes pour le secteur nucléaire avaient encore deux clients principaux, la France et la Chine.

Mais "les perspectives de la filière nucléaire française sont pour le moins obscures", a-t-il dit. "A un moment, il faudra se poser concrètement la question de savoir quand on relance le programme nucléaire français". "À retarder cette décision, on crée un vide qui, s'il est d'un an, un an et demi, peut être éventuellement supporté par les entreprises. S'il est de deux ans, trois ans, ne sera pas supporté par les entreprises de la filière", a-t-il estimé. La problématique touche "les entreprises du bassin de Metal Valley" à Montbard (Côte-d'Or) où Vallourec compte deux usines dédiées au nucléaire.

Quant au débouché chinois, il "se ferme", a noté M. Crouzet, en référence à la décision récente des autorités du pays d'imposer des droits anti-dumping de 59%, "totalement injustifiés" et "absurdes". M. Crouzet a également été interrogé sur les difficultés récurrentes de l'aciérie Ascoval de Saint-Saulve (Nord), créée par Vallourec, puis revendue après la chute du marché des centrales à charbon.

Le patron de Vallourec a assuré avoir mené "la démarche consistant à trouver un débouché durable" avec le groupe britannique Liberty House. Mais ce repreneur n'avait pas été choisi par le tribunal de grande instance de Strasbourg, en janvier 2018. "Je n'en suis toujours pas revenu", a regretté Philippe Crouzet, estimant que c'est "l'origine du problème".

Il a rappelé l'engagement pris à l'époque d'acheter une partie de la production de Saint-Saulve, assurant que Vallourec a "surpayé son acier pendant trois ans à Ascoval". Un engagement qui s'est chiffré en "dizaines de millions d'euros", a-t-il indiqué. Vallourec a fait "plus que (..) nos moyens financiers nous permettaient de faire", a affirmé M. Crouzet.

En matière de restructurations, il a indiqué que "l'essentiel est derrière nous". En Allemagne, un plan de suppression de 600 à 700 postes est encore en cours de négociation et il y a une possible fermeture de l'usine de Reisholz s'il n'y avait pas de repreneur. En France, mis à part le pôle nucléaire, les sites sont "bien chargés" à Déville-les-Rouen (Seine-Maritime) et Aulnoye (Nord), et "pas tout à fait encore assez" sur le site de finition de Saint-Saulve, mais "c'est un outil indispensable".

En matière de résultats, le patron de Vallourec a jugé que "la tendance est tout à fait en ligne avec nos objectifs". "On pourra, dans un horizon de temps pas très lointain, parler de résultats satisfaisants", a-t-il assuré.

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