Le plan climat américain doit amener à « un sursaut industriel » européen, selon Bruno Le Maire (interview)

  • AFP
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Le ministre français de l'Economie, Bruno Le Maire, a estimé vendredi dans un entretien à l'AFP que les Etats européens devaient "balayer" devant leur "propre porte" au lieu de s'inquiéter des effets du plan climat américain, qui représente une chance de "sursaut industriel" pour l'Union européenne (UE).

Les conséquences du plan américain pour le climat et l'emploi (IRA) ont été au menu des discussions entre les présidents français et américain, à l'occasion de la visite d'Etat à Washington d'Emmanuel Macron, qui ont permis de "faire prendre conscience" à Joe Biden des "conséquences possibles sur l'industrie européenne".

Question: La Commission et les Etats européens ont fait part de leurs inquiétudes quant aux effets de l'IRA sur l'industrie européenne, ce plan est-il un risque pour l'Europe ?

Réponse: "L'IRA participe de la même ambition au niveau américain que notre ambition nationale et européenne mais il peut fragiliser nos efforts, il fallait donc mettre carte sur table. C'est ce que le président a fait, en faisant prendre conscience au président Biden des conséquences possibles de l'IRA sur l'industrie européenne qui est déjà fragilisée par la guerre en Ukraine et par les prix de l'énergie.

"Il faut aussi que nous soyons capables de balayer devant notre propre porte: l'UE a-t-elle changé d'approche sur la réindustrialisation et sur l'indépendance stratégique européenne ? Oui. Pour autant va-t-on suffisamment loin et vite ? Non. Et nous appelons avec le président à un sursaut européen. L'IRA doit nous conduire à un sursaut industriel. Côté américain, si l'ambition est la même, les moyens sont plus simples et plus rapides.

"Si l'IRA peut nous amener, nous Européens, à prendre conscience que le monde et nos partenaires économiques ne nous feront aucun cadeau et que nous devrons être plus résolus dans la défense de nos intérêts et plus déterminés dans la manière dont nous défendons la souveraineté industrielle, tant mieux."

Q: Ces inquiétudes ont-elles été entendues côté américain?

R: "Il y aura un avant et un après cette visite d'Etat car nous sommes passés à une phase de travail en commun qui va nous permettre de poursuivre ensemble et de manière coordonnée et coopérative ces objectifs stratégiques des deux côtés de l'Atlantique.

"Je suis confiant, je pense qu'il y aura des avancées réelles car les discussions entre le président de la République et le président Biden ont montré deux choses fortes et majeures. D'abord une même ambition stratégique: nous ne voulons pas laisser à la Chine, la Russie ou d'autres le monopole de l'industrie décarbonée et voulons nos propres filières industrielles en la matière. Avec un même objectif: nous sommes en général dans la bonne direction. Ensuite, nous privilégions une approche coopérative à toute approche confrontationnelle, ce qui est très positif."

Q: Mais concrètement, comment cette coopération peut-elle prendre forme?

R: "Nous ne sommes pas venus à Washington chercher des dérogations ponctuelles. Nous voulons surtout ouvrir un travail en commun entre l'administration américaine, qui va appliquer le texte de l'IRA, et les Etats européens et la Commission européenne. Avec une méthode constructive qui doit permettre d'obtenir des résultats plus globaux.

"Pour ça, nous allons ouvrir un certain nombre de chantiers: égalité de traitement entre composants américains et européens, ce qu'a dit très clairement Joe Biden hier en indiquant que les composants européens pourraient être traités de la même manière que ceux venant d'Etats ayant un accord commercial avec les Etats-Unis car nous sommes alliés.

"Nous allons en deuxième lieu regarder comment éviter une course aux subventions qui n'est dans l'intérêt de personne, qui n'est pas efficace du point de vue économique et qui est dangereuse du point de vue des finances publiques. Nous avons donc tout intérêt à l'éviter et à engager une coordination sur les régimes de subventions de part et d'autre. Ce chantier semble très prometteur.

"Le troisième chantier est la coordination sur les grands projets, hydrogène, batteries électriques, semiconducteurs. Il est important là aussi de mettre carte sur table et de nous coordonner."

Commentaires

EtDF

A noter que nos bons alliés sont tellement convaincus de la nécessité de notre ré-industrialisation.... qu'ils ont fait plomber nos sous-marins "australiens", qu'ils vendent leurs chasseurs à la Suisse, à l'Allemagne, vendent du nucléaire à la Pologne et peut être à la Roumanie, ont laissé tomber les turbines GE à Belfort, (que le contribuable rachète), nous vendent à bon prix leur shale-gas... nous vendent aussi de l'éolien XXXL. (et j'en oublie sûrement encore).. C'est vrai qu'ils nous envoient des soudeurs (que l'on paient au prix fort) pour réparer nos tuyauteries de centrales nucléaires... il n' y a que BLM qui semble vouloir être prêt à sursauter.. ...

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