L'Arabie saoudite et la Russie, « unis » par leurs intérêts pétroliers

  • AFP
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Le président russe Vladimir Poutine reçoit jeudi le roi Salmane d'Arabie saoudite pour la première visite officielle d'un souverain saoudien en Russie, qui doit aboutir à d'importants accords commerciaux malgré des différends sur le dossier syrien.

Attendue de longue date et repoussée à plusieurs reprises, cette visite marque le rapprochement récent entre Moscou et Riyad, allié traditionnel de Washington. Cette tendance a été favorisée en particulier par leur rôle moteur dans l'accord entre grands producteurs de pétrole permettant d'enrayer l'effondrement des prix qui a frappé de plein fouet leurs économies. "Cette visite marque une nouvelle époque dans nos relations et va contribuer à ce que notre coopération s'élève à un niveau tout à fait neuf", s'est félicité le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov, dans une interview au quotidien à capitaux saoudiens Asharq al-Awsat publiée à la veille de la rencontre entre les deux dirigeants.

Plus gros exportateurs mondiaux de pétrole avec les Etats-Unis, la Russie et l'Arabie saoudite sont "unies dans la nécessité de renforcer progressivement leurs relations, y compris dans l'intérêt d'assurer une stabilité régionale et globale", a-t-il indiqué. Le ministre russe de l'Energie, Alexandre Novak, a indiqué à l'agence officielle russe TASS que Ryad allait "allouer un milliard de dollars pour des projets énergétiques" communs avec la Russie, sans donner plus de détails.

Cette visite qualifiée d'"historique" par Ryad pourrait aussi aboutir à un accord sur la livraison d'armements russes, "y compris des systèmes de défense anti-aérienne S-400" à l'Arabie saoudite pour un "montant de plus de trois milliards de dollars", selon des sources au sein du secteur militaro-industriel, citées par le quotidien Kommersant.

Si un accord sur ce sujet est trouvé jeudi lors des négociations russo-saoudiennes au Kremlin, des contrats pourraient être formellement signés fin octobre, ont affirmé ces sources. La visite du souverain saoudien était "préparée depuis plusieurs années", selon une source diplomatique citée par Kommersant. "Et maintenant, tout dépendra du contact personnel entre les chefs d'Etat", a-t-elle souligné.

Syrie et pétrole

Arrivé à Moscou mercredi soir, le roi Salmane, 81 ans, qui s'est rendu en Russie à l'invitation du président russe, doit s'entretenir avec Vladimir Poutine au Kremlin à partir de 10H00 GMT. Les deux hommes vont discuter des moyens de "dynamiser" les relations entre les deux pays, ainsi que de "sujets régionaux et internationaux", selon l'agence officielle saoudienne SPA. "Une attention particulière sera accordée à la situation au Proche-Orient et en Afrique du Nord, l'accent devant être mis sur le règlement des conflits en cours dans la région", a précisé de son côté le Kremlin. Des divergences opposent Moscou et Ryad sur le plan diplomatique, notamment sur les conflits au Yémen et en Syrie.

La Russie, alliée du régime du président Bachar al-Assad, et l'Arabie saoudite, qui soutient l'opposition syrienne, font partie des principaux acteurs du conflit en Syrie, où septembre a été le mois le plus meurtrier en 2017 avec au moins 3 000 morts selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). En revanche, la Russie et l'Arabie saoudite ont aplani leurs désaccords l'année dernière face à la chute des prix des hydrocarbures, dont leurs économies sont très dépendantes. La visite du roi Salmane, qui doit également s'entretenir vendredi avec le Premier ministre russe Dmitri Medvedev, intervient à un mois d'une nouvelle réunion de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), dont l'Arabie saoudite est le chef de file.

La possibilité de prolonger l'accord entre pays producteurs, l'Opep et hors Opep comme la Russie, pour limiter leur production et mettre fin aux excès d'offre, doit y être discutée. Vladimir Poutine a rencontré mercredi à Moscou son homologue vénézuélien Nicolas Maduro, dont le pays est un autre grand producteur de pétrole, a jugé possible une prolongation au-delà de 2018 de cet accord, censé se terminer en mars. "Nous verrons quelle sera la situation fin mars. Je pense que c'est possible", a-t-il déclaré lors d'une conférence sur l'énergie. L'économie de l'Arabie saoudite, tout comme celle de la Russie, ont été durement frappées par la baisse des prix de l'or noir depuis la mi-2014.

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