Le secteur parapétrolier voit le bout du tunnel

  • AFP
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Après trois années de vaches maigres, les entreprises du secteur parapétrolier commencent enfin à entrevoir une reprise et se montrent plus optimistes pour 2018 à la faveur de la remontée des cours.

"On sort d'un cycle bas qui a été le plus long dans notre industrie puisqu'on a connu trois années consécutives de baisse des dépenses d'exploration des compagnies pétrolières", explique un acteur du secteur des géosciences, spécialisé dans l'évaluation des ressources en hydrocarbures du sous-sol. "Il y a une espèce d'inertie mais c'est vrai qu'on est au début d'une phase de redémarrage", ajoute cet acteur, qui préfère rester anonyme.

Signe de la crise traversée, parmi les 50 plus grosses entreprises de services pétroliers, près de 300 000 personnes, soit 35% des effectifs, ont perdu leur emploi entre 2014 et avril 2017, selon le cabinet Rystad Energy. Ces entreprises fournissent des services et des équipements divers - études sismiques, forages, construction de plateformes... - à leurs clientes, les compagnies pétrolières et gazières.

Ces dernières avaient massivement taillé dans leurs dépenses et réduit leurs investissements, abandonnant au passage de gros projets, lorsque les cours ont commencé à plonger à l'été 2014, mettant ainsi le secteur parapétrolier dans son ensemble sous pression. Mais la conjoncture s'est depuis nettement améliorée: même si les cours sont loin de leurs sommets historiques, le baril du Brent de la mer du Nord a récemment passé la barre des 70 dollars.

Du coup, les compagnies pétrolières, qui se sont restructurées pour être rentables avec des cours à 50 dollars ou moins, ont de nouveau de l'argent à dépenser pour des nouveaux projets. Et après des années de sous-investissement, le secteur commence à bénéficier d'un effet de rattrapage.

"Les compagnies pétrolières se sentent plus en confiance et ont la volonté de dépoussiérer des projets et de se remettre au travail", remarque Kurt Hallead, analyste chez RBC Capital Markets. "La changement vraiment clair, ce sont les perspectives plus positives sur l'activité en dehors des États-Unis: au Moyen-Orient, dans la mer du Nord et en Argentine", ajoute-t-il.

Embauches

C'est en tout cas ce que soulignent des grands noms du secteur, qui viennent de publier leurs résultats. Le leader mondial des services parapétroliers, Schlumberger, a quelque peu réduit sa perte l'an dernier mais s'est surtout montré beaucoup plus optimiste pour 2018, lorsqu'il a présenté ses résultats annuels vendredi dernier.

"Nous nous attendons à ce que 2018 soit une année de poursuite d'une forte croissance en Amérique du Nord" et à l'international, "nous comptons sur une croissance dans toutes les régions, pour la première fois depuis 2014", a dit Paal Kibsgaard, le PDG de la multinationale d'origine française, aujourd'hui basée au Texas.

Un autre géant du secteur, l'américain Halliburton, a indiqué lundi avoir nettement réduit sa perte nette l'an dernier et a même dégagé un bénéfice opérationnel au quatrième trimestre. "2017 a été une année dynamique pour le secteur du pétrole et du gaz et a marqué un pas supplémentaire dans le redressement de l'industrie", a expliqué son PDG, Jeff Miller.

"Je suis optimiste par rapport à ce que je vois en 2018", a-t-il avancé. "Les prix des matières premières soutiennent la hausse de l'activité en Amérique du Nord et je suis encouragé par la croissance de l'activité et des discussions positives que nous avons avec nos clients internationaux."

Signe que l'optimisme est de retour, l'emploi est même en train de repartir: "les recrutements augmentent résolument en Amérique du nord et vont commencer à progresser en 2018 dans l'activité offshore (en mer)", indique Audun Martinsen, analyste chez Rystad Energy. "En Norvège, des entreprises comme Aker Solutions se sont mises à embaucher de nouveau", souligne l'expert, basé dans le royaume scandinave.

"Le secteur a porté un fardeau significatif pendant le creux d'activité, en écrasant ses coûts, mais les entreprises sont maintenant en train de reconstruire leurs équipes et leurs ressources pour soutenir le renouveau de l'activité", abonde Leslie Beyer, la présidente de la Petroleum Equipment & Services Association (PESA) américaine.

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