Le Sénat vote une dernière fois le projet de loi de relance du nucléaire

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Le Sénat à majorité de droite a approuvé largement, une dernière fois mardi, le projet de loi de relance du nucléaire pour accélérer la construction de nouveaux réacteurs, avant l'adoption définitive attendue le 16 mai à l'Assemblée nationale.

Le vote a été acquis par 315 voix "pour" et 13 "contre".

Le groupe écologiste a voté contre, dénonçant une relance "à marche forcée", "trop chère", "dangereuse" et "incompatible avec les nombreuses conséquences du réchauffement climatique". Le groupe CRCE à majorité communiste, bien que favorable à la construction de nouveaux réacteurs, s'est abstenu.

Députés et sénateurs avaient trouvé un accord la semaine dernière en commission mixte paritaire (CMP) sur ce texte porté par la ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher.

Technique, ce projet de loi simplifie les procédures pour concrétiser les promesses d'Emmanuel Macron de bâtir six nouveaux réacteurs EPR à l'horizon 2035, et de lancer des études pour huit autres. Il est limité aux nouvelles installations situées sur des sites nucléaires existants ou à proximité.

La ministre a vanté un texte "majeur pour bâtir l'indépendance énergétique de notre pays", qui permettra "de produire une énergie abondante, compétitive et décarbonée" selon elle.

Sur le calendrier des EPR, elle a confirmé mardi sur CNews l'objectif de 2035-2037 pour la mise en service du premier de ces réacteurs: "c'est 15 ans à partir de 2022 et on va essayer de gagner deux ans sur ce calendrier et ensuite, c'est un réacteur par an jusqu'en 2050".

À l'initiative des sénateurs, le texte fait sauter l'objectif de réduction à 50% de la part de l'énergie nucléaire dans le mix électrique français d'ici à 2035, un "verrou" introduit sous la présidence de François Hollande.

Il alourdit aussi les peines en cas d'intrusions dans les centrales.

Comme prévu, les parlementaires n'ont pas réintroduit la réforme controversée de la sûreté nucléaire voulue par le gouvernement.

Mais l'exécutif juge toujours nécessaire de fondre l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), expert technique, au sein de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN), le gendarme des centrales.

"Nous serons très attentifs à ce qu'une éventuelle réforme ne vienne pas confondre les responsabilités ou déstabiliser les compétences", a prévenu la présidente LR de la commission des Affaires économiques du Sénat, Sophie Primas.

En CMP, députés et sénateurs ont par ailleurs précisé que la construction de nouveaux réacteurs n'est pas comptabilisée dans l'application des règles de "zéro artificialisation nette" (ZAN) des sols au niveau local et régional à ce stade.

Commentaires

Studer

1er EPR en 2035 suivi d'un par an jusqu'en 2050 : 15 EPR, cela ne suffira pas à répondre aux bersoins d'une électrification accrue des usages (voitures électriques, PAC, process industriels..).
On peut espérer que la filière, une fois sur sa lancée, sera capable de faire plus. Et dans tous les cas que 2050 ne sera qu'une étape !

Serge Rochain

@Studer,
Il faudrait déjà qu'il en sorte un avant de penser à d'autres.... par exemple, celui de Flamanville, si tant est qu'il soit en mesure de sortir

Studer

Rien à voir. Flamanville n'est qu'un prototype isolé, alors que Penly et les suivants seront des EPR2 de série, construits avec des objectifs de série et de standardisation, comme les réacteurs actuels.
De toutes façons, on n'a pas le choix : les énergies intermittentes, même assorites d'hydrogène (marocain !) n'ont aucune avenir.

Serge Rochain

Il faut le voter combien de fois ce projet de loi ? Ils font joujou les sénateurs ?
Si c'était si important que ça on se demande pourquoi Macron ne l'a pas fait en 2017 ?????

Serge Rochain

Ben voyons ! le prototype c'était celui d'Olkiluoto commencé deux ans avant Flamanville et qui devait essuyer les plâtres. !
Quant à l'EPR2, si ce n'est pas encore la même chose, personne ne sait ce que c'est ! donc Macron a passer commande de 6 trucs dont personnen'a encore vu la couleur !
Le nucléaire est toujours dans le baratin sans fin qui se termine par des faits accomplis dont on ne peu même plus faire marche arriere tellement cela a déjà couté sans rien avoir rapporté !
C'est nul ! Et ceux qui se la joue sont au moins aussi nuls ! On allait vois ce que l'on allait voir, mais on n'a toujours rien vu ce qui ne vous empeche pas de toujours dire, vous allez voir ce que vous allez voir !

Studer

Pensez-vous réellement que les 56 réacteurs qui assurent 70 % de notre électricité sont un "baratin sans fin" ???
Si EDF sous Giscard ne s'était pas lancé dans le grand projet de construire un parc nucléaire, nous produirions notre électricité avec du charbon (importé, contrairement aux allemands) et quelques moulins à vent pour faire plaisir aux écolos politiques. Et surtout nous payerions depuis 40 ans notre kWh deux fois plus cher. Ne dites pas que c'est faux, car c'est le choix de nos voisins allemands, qui en payent les conséquences !! Et c'est bien pour cela qu'ils font tout pour faire obstruction aux EPR français à Bruxelles ! Ils n'y arriveront pas, et quand ils auront besoin de notre électricité non intermittente pour leur éviter edes blackouts, il faudra s'en souvenir.

Serge Rochain

Les 56 réacteurs n'assurent plus 70% de nos besoins en électricité depuis bien longtemps, ils sont même déscendus à environ 30% et encore aujourd'hui ils ne fournissent plus qu'environ 60% avec encore ce matin 21 réacteurs en carafe. Même en juillet dernier alors que nous étions loin de l'hiver et en période de congés le nucléaire assurait tout juste la moitié de notre besoin et ce sont nos voisins qui eux ne pariaient plus sur le nucléaire qui nous approvisionnaient , c'est facile regardez les données d'éco2mix a ces dates, c'est conservé sur le site ! Mais il y a des vérités que vous préférez ne pas voir !

Denis Margot

@Rochain. Vérités dans la tête de Rochain, mais pas dans les faits. Le N assure bon an mal an 70% de l’électricité en France (contre à peine 10% pour ÉPPV). Et si l’anti N pathologique Rochain jouit devant les problèmes qu’ont connus les réacteurs en 2022, la maintenance est passée par là et il y a peu de chance que ça se reproduise, on peut même anticiper un retour à la normale. Quant à nos voisins qui ont fourni l’électricité manquante, vu le prix qu’EDF a payé, ils ont fait d’excellentes affaires, on ne va pas en plus les remercier (et tant pis pour le bilan carbone).
Une autre vérité qui va faire grincer Rochain : en ce moment, sur 8000 É, il y en a 7280 en carafe (FC=9%), heureusement que le N tourne à 60%, et encore, c’est parce qu’il faut tout de même laisser la place aux 720 É et au PPV, sinon on serait à 75 ou 80% en N. Dommage encore pour le bilan carbone.

Serge Rochain

Eco2mix ce n'est pas la tête de Rochain, c'est un site de RTE filiale d'EDF et de la caisse des dépots, et entre autre chargé de la collecte d'es sources de production électrique et redistribution sur le territoire, mais Denis Margot ignore cela !
De plus les indications de la rubrique production concenre le % de production de chaque source par rapport à leur totalité ce qui n'est pas le% produit par rapport au besoin et n'inclue donc pas l'importation !
Ainsi le lundi 18-7-2022 à 12 h30 de 56 GW par exemple, le graphe ondiquait que le nucléaire fournissait 52% de la production avec une puissance de 24 GW (sur les 61,5 installés) soit péniblement 39% de l'installé, mais surtout le besoin était alors de 56 GW ! Le nucléaire ne fournissait donc que 43% du besoin car nos voisins nous approvisionaient à hauteur de 11 GW ! Merci les teutons ! La vérité c'est ça et pas un nucléaire qui fournirait 70% de notre électricité

Quand à votre fanfaronade sur les éoliennes il n'y a tout sim:plement pas de vent dans les Hauts de France et le Grand Est, deux petites régions contigues qui ne couvrent que 16% du territoire national mais qui détiennent la moitié des éoliennes du pays, et c'est d'ailleurs tout, ce que prouve le résultat observé ce qui n'a rien d'étonnant puisque depuis la cop 21 nous n'avons teu aucun de nos engagements en matiere de renouvealble, notamment en matiere d'implantation d'éoliennes.Si nous avions dans l'Aude en ce moment une densité d'éoliennes comme il y en a dans cette petite zone du Nord Est c'est une bonne dizaine de GW que nous produirions.... mais pour cela il ne suffit pas qu'il y ait du vent, il faut aussi qu'il y ait les éoliennes.
Et ce n'est pas en détournant l'objet du débat sur la nullité du nucléaire que vous le rendrez plus performant et moins cher. Il a fait et continue à faire la preuve de sa faillite ! Les chiffre ne sortent pas de ma tête mais de celle de RTE !

Denis Margot

Rochain a vu une stat de RTE qui montrait le N à 52% le 18/7/2022. Rochain en déduit finalement que ce n’est plus 52%, mais 39% par une pirouette dont il a le secret. Rochain arrondit ensuite, ne lésinons pas, à environ 30% !! C’est vrai que 39 et 30, ça commence par 3 ! Une belle illustration de l’honnêteté de SR qui tord toujours les chiffres pour se faire valoir. Et au prix où les Teutons ont vendu leur électricité (merci le charbon), ce sont bien les Teutons qui doivent remercier la France, pas l’inverse.

Quant (avec un "t", pas un "d") à la nullité du N et à sa faillite, cette affirmation est tout à fait en ligne avec la rhétorique habituelle de Rochain. Heureusement, le nucléaire qui lui permet à longueur de posts de vomir 70% de son antinucléarisme primaire n’est pas rancunier !

Serge Rochain

Une belle stupidité de Margot qui ne sait pas ce qu'est un pourcentage et ce sur quoi il est appliqué.....comment peut on être aussi bête et faire le fanfaron ?

David Du Clary

Et bien voilà, les masques tombent.

Nous avons eu une loi d'accélération des énergies renouvelables qui a introduit olus d'obstacles que d'accélérations.

Et maintenant nous avons une loi d'accélération du nucléaire qui introduit, elle, des simplifications et ouvre la voie au retour d'un mix dépendant à 80% d'une seule source d'électricité. Oser appeler ça un "mix" est déjà une blague.

Et nous savons comment cela finira : comme au second semestre 2022...

Quant à l'indépendance énergétique apportée par Le nucléaire c'est une fumisterie, débunkée par le Ministère lui-même dans le bilan énergétique de la France 2019 (si ma mémoire est bonne) : c'est la façon dont on comptabilisé l'énergie qui permet de prétendre à un taux d'indépendance de 55%.
Si l'on tient compte de l'origine du combustible (comme pour le gaz), ce taux tombe à un minuscule 12%.

C'est-à-dire la part de renouvelables de notre mix...

Nous ne sommes pas sortis des ronces.

Denis Margot

@DDC. Le Québec est à près de 95% hydro (et un peu d’É). Une électricité très décarbonée et très bon marché. Devraient-ils réduire l’Hydro et introduire du fossile pour rééquilibrer leur mix et avoir une électricité plus carbonée et plus chère ? Même chose en Norvège (autour de 95% également). Vous préférez un mix « équilibré » comme l’Allemagne à 500 g/kWh comme en ce moment ?

Quant à l’indépendance énergétique, vous n’avez visiblement pas compris ce que c’est. Cette notion a pris son envol avec les 2 chocs pétroliers (73 et 78). Avec le pétrole, soit vous êtes producteur et indépendant, soit vous êtes importateur et dépendant. C’est bien sûr le cas de la France qui ne peut en stocker que quelques semaines et est soumise à tous les aléas géopolitiques du pétrole (prix, embargos, guerres…). L’U est importé à 100%, mais il y a plusieurs années de réserves et la matière première ne représente que quelques pourcents du prix de l’énergie. Tout est dans la technologie et celle-ci rapporte à la France avec les exportations. On peut donc raisonnablement parler d’indépendance, sans compter que, comme le rappelle Studer ci-dessous, la perspective des RNR laisse plusieurs siècles ou millénaires de stock.

Inversement, quand on importe 98% des PPV et 60% des É en Europe, il est clair que l’Europe EST dépendante de la technologie chinoise, ce qui n’a rien de rassurant.

David Du Clary

Si vous ne voyez pas la différence entre un mix très hydroélectrique et un autre très electronucleaire, je ne peux pas grand-chose pour vous.

Disons juste que comme nous l'avons vu l'année passée, il semble un tout petit peu plus compliqué de réparer une centrale nucléaire que de réparer une turbine hydraulique.

Bien sur, si des dégâts apparaissaient directement sur le barrage, et bien on se rendrait compte que trop dépendre de l'hydro n'est pas non plus une bonne idée.

Par ailleurs, les risques de sécheresse liés au réchauffement climatique pourraient fragiliser des mix électriques très dépendants de l'hydroelectricité. C'est une situation que nous commençons à vivre en France.

Pour ce qui est de l'indépendance énergétique, je vais retrouver le lien vers le document et le publierai ici, vous parviendrez peut-être à comprendre ou se trouve l'artifice de calcul de ce critère quand on envisage le nucléaire.

Enfin, l'Europe maîtrise parfaitement les technologies PV et éolienne, si elle a laissé filer ses industries en Chine, c'est par choix.

Nous ne dépendons donc pas de la Chine au sens strict sur ces deux technologies.

David Du CLARY

Chose promise, chose due : https://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/edition-numeriqu…
Vous découvrirez dans l'encart en bas de cette page que l'électricité d'origine nucléaire n'est pas comptabilisée comme l'est par exemple celle issue du gaz et que grâce à cet artifice le taux d'indépendance énergétique "officiel" est grosso modo quatre fois supérieur au taux "réel".

Denis Margot

@DDC Et pourquoi donc devrions-nous nous inquiéter d’un mix à 70% N et pas d’un mix à 95% hydro ? Est-ce parce que l’hydro est beaucoup plus dangereux que le N ? Est-ce parce que l’hydro est sensiblement plus carboné que le N ? Est-ce parce qu’un barrage inonde bien plus d’espace qu’une centrale N ? Est-ce parce que l’hydro déplace des villages et des populations ? Non, vraiment, je ne vois pas la différence, si vous pouviez m’éclairer.

Si votre lien sur l’indépendance énergétique confirme une chose, c’est que cette information est assez inutile et sans grand intérêt ! Autant elle est importante pour caractériser des énergies fossiles où la balance commerciale est directement impactée par les quantités importées et où la valeur de l’énergie est dans le combustible, autant pour le N, cela ne représente pas d’intérêt, parce que la valeur de N est très peu dans le combustible (<5%), et énormément dans la technologie qui exploite la ressource. Et s’il est patent que la France est très dépendante pour le fossile (supprimez les importations de pétrole, c’est la méga-crise assurée 1 mois plus tard), ce n’est pas vrai pour le N (parce qu’il y a du stock, parce que le N est une énergie très concentrée, parce que l’U est sensiblement mieux réparti que le fossile, et parce que les risques d’embargo sont quasi inexistants). Enfin, un indicateur qui dépend à ce point d’une convention (passer de 12 à 50%, un facteur 4 !) n’est pas sérieux, ce qui rejoint ce que je vous disais.

Votre réflexion sur le rapport Europe – Chine dans les ENRi est stupéfiante. Ainsi, nos illustres décideurs auraient choisi de « laisser filer » l’industrie européenne ? Mais ce n’est pas grave puisque l’Europe maîtrise parfaitement la technologie ! Êtes-vous sérieux ? L’Europe ne maîtrise plus grand-chose dans les ENRi, si ce n’est un déficit permanent, et surtout pas la chaîne de production. La dépendance avec la Chine est majeure dans tous les domaines liés à la transition énergétique (sauf le nucléaire, pour combien de temps ?). Voyez donc ce lien si vous avez le moindre doute (https://www.transitionsenergies.com/dix-mineraux-strategiques-indispens…).

Studer

@M. du Clary
La question du combustible uranium est plus complexe que vous le dites. 1 g d'uranium produit la même électricité que 1 tonne de charbon : aussi il faut très peu de ce métal pour disposer d'un stock de plusieurs années sur notre territoire. Et en diversifiant fortement nos sources d'approvisionnement (y compris sur notre sol) on est quasiment indépendants. Enfin la prochaine étape des réacteurs rapides nous rendra totalement indépendants.
Certes je vous accorde qu'on n'est pas tout à fait dans une énergie renouvelable, mais le recyclage nous en rapproche, et il n'existe pas d'autre source qui le soit : l'éolien par ex. fait appel à des matériaux rares qui nous rendent dépendants des chinois.
Quant aux allemands, ils sont en train de lier leur destin à celui du Maroc qui devrait fabriquer leur hydrogène, comme Poutine leur a fourni du gaz méthane pendant des decennies : est-ce mieux ?

David Du CLARY

@Studer

la question que je soulève au sujet du taux d'indépendance énergétique ne relève pas de la quantité d'énergie contenue dans l'uranium mais souligne que les taux annoncés ne sont ce qu'ils sont que parce que l'électricité d'origine nucléaire n'est pas comptabilisée de la même façon que celle d'origine fossile.
Il est clair qu'il y a là un artifice de calcul dont on peut soupçonner qu'en son temps il avait pour objet de convaincre la population que l'électronucléaire allait nous apporter une indépendance, alors que cela est largement inexact.

Quant à la surgénération, à ce jour, c'est une technologie qui n'est pas encore sortie de façon convaincante dans le domaine commercial. SPX et d'autres expériences ont toutes été des échecs. Parier sur cette technologie est au mieux risqué.

L'éolien - contrairement à ce que vous dites - ne "fait" PAS "appel à des matériaux rares". La fabrication des aimants permanents des éoliennes OFFSHORE nécessite des matériaux qui font partie du groupe des "terres rares". Ils ne tiennent pas ce nom d'une quelconque rareté quantitative mais de niveaux de concentration faibles. Par ailleurs, les aimants permanents ne sont en rien indispensables au fonctionnement des éoliennes off-shore et la filière travaille à se passer d'eux (et donc des terres rares).
Néanmoins, d'ici là, il y a en effet une dépendance à la Chine, principal raffineur de ces matériaux.

Enfin, l'indépendance énergétique de l'Allemagne n'a rien à voir avec mon propos qui est seulement de pointer le fait que l'indépendance énergétique promise par le nucléaire est une chimère.

Studer

Comme Jancovici, je pense qu'il est préférable de parler de souveraineté plutôt que d'indépendance énergétique. Car l'indépendance absolue n'existe pas.
Pour le nucléaire, seul le combustible exige d'importer de la matière. Mais vu la densité énergétique de l'U précédemment évoquée, nous disposons sur notre sol d'un stocke de plusieurs années d'U naturel. DE plus, grâce au recyclage nous économisons chaque année 10 % de nos besoins. Enfin, l'U appauvri résultant de l'enrichissement représente un stocke de 5 ans de matière fissile, certes un peu plus chère à extraire.
A moyen terme, Orano dispose de réserves à l'étranger dépassant 30 ans : largement de quoi revenir à la génération IV de Superphénix permetant un millénaire de souveraineté.
Sinon les réserves connues d'U représentnet 130 ans de consommation et 250 ans pour les réserves estimées. Les EPR n'ont donc pas de souci à se faire.

Hervé Palluel

Avec ce vote du Sénat avant l'adoption définitive, petit bilan des derniers mois : en très peu de temps, tout semble s’être aligné pour une relance du nucléaire en France. Il aura suffi de la « décision » prise en fin de mandat par Emmanuel Macron de relancer un programme de construction de réacteurs nucléaires. Puis d’une guerre en Ukraine qui a alerté sur la dépendance européenne aux énergies fossiles russes – même si la France est peu concernée. Et tout s’inverse. C’est urgent ? Le Président décide avant de débattre, le Sénat légifère avant de programmer, et le débat public sur la construction des EPR est vidé de tout substance. C’est risqué ? On supprime l’IRSN, l’organisme chargé d’expertiser la radioactivité. C’est cher, et personne ne voudra le financer ? On pense puiser allégrement dans le Livret A. Tout argument sur les alternatives semble totalement inaudible, porté par une union sacrée politique et industrielle.

La Chine met en service, chaque année, uniquement en photovoltaïque, plus que l’ensemble de la puissance nucléaire installée en France en 30 ans. Les coûts de l’éolien et du solaire ont été divisés par 10 en dix ans, ceux des batteries par 6. L’Europe et le monde lancent la révolution de l’hydrogène et du stockage. Nos voisins européens développent aussi, à un rythme incroyable, les énergies renouvelables, tout en maintenant pour beaucoup d’entre eux leur choix de sortie du nucléaire. Le GIEC ne voit clairement pas dans le nucléaire une solution à hauteur des enjeux.

Il est dangereux que soient laissées de côté des questions aujourd'hui aussi cruciales que :
-Un crash d’avion lancé volontairement qui viendrait briser l’enceinte et faire fondre le cœur d’un réacteur
-Le terrorisme ou une prise d’otage à l’intérieur d’une centrale
-Le vol de matières très radioactives
-Une guerre de haute intensité dans un pays doté de centrales nucléaires (mais c’est vrai que la France n’a jamais été envahie !)
-Une baisse drastique du niveau d’une rivière lors d’une « super sécheresse » ou le dépassement des bornes de fonctionnement d’un réacteur qui empêcheraient de le refroidir.
-Les réserves d'uranium qui s'épuisent
L'extrême lenteur de mise en service des EPR, qui ne répondent donc pas à l'urgence climatique
-Le coût élevé et de plus en plus cher de la filière nucléaire, en 2020, il est déjà moins cher de produire dans le monde de l’électricité par du photovoltaïque, de l’éolien terrestre et marin, que par le nucléaire.

La France, qui vit encore un peu dans le regret des 30 glorieuses, est marquée sur le plan énergétique par le succès et la très rapide mise en œuvre de son programme nucléaire des années 1970 aux années 1990. A l’époque il s’agissait d’assurer notre souveraineté, dans le contexte du choc pétrolier, avec une absence d’alternatives crédibles.
Le besoin de réduire nos émissions de gaz à effet de serre et de se passer du gaz russe pourrait laisser penser que nous sommes à l’aube d’un renouveau de la filière nucléaire.
Ce serait une grande erreur de croire que ce choix est le plus efficace, le plus sûr et le plus économique. Nous vivons en effet une « révolution silencieuse » des énergies renouvelables. Les techniques, les rendements, les coûts : tout change très vite dans le domaine. Et s’appuyer sur ce nouveau contexte change complètement la donne.

Philippe Charles

Bonne prise de recul, merci pour la synthèse. La France reste en effet engluée dans ses atomes plutôt que de prendre en marche le train du progrès des ENR qui, grâce à leur nombreux avantages, s'installent dorénavant en puissances bien supérieures au nucléaire partout dans le monde. Mais que voulez-vous nous sommes gouvernés par des conservateurs incompétents qui se prétendent révolutionnaires disruptifs...

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