« Les énergies renouvelables ont déjà gagné », estime le directeur général de Voltalia

  • AFP
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"Les énergies renouvelables ont déjà gagné" et vont se déployer partout dans le monde, mais ensuite, plus compliquée sera la seconde partie du chemin pour tendre vers 100% d'électricité verte, estime le directeur général de Voltalia, acteur du solaire et de l'éolien dans une vingtaine de pays.

Pour Sébastien Clerc, à ce jour, "les renouvelables sont un pari plus que gagné", grâce à l'effondrement des coûts. "Aujourd'hui l'acheteur d'électricité qui s'engage sur un contrat de 10-20 ans, qu'il soit distributeur d'électricité, entreprise, État... choisit à 95% le renouvelable car c'est l'énergie la moins chère quasiment partout", dit le patron de cette entreprise française, rare société à mission cotée, présente en Amérique latine, Afrique, Europe.

Sébastien Clerc entrevoit au moins 20 ans d'essor mondial sans obstacle majeur pour le secteur. Les investisseurs se bousculent. Et le sujet de la place n'en est pas vraiment un, dit-il : "Pour répondre aux besoins mondiaux en électricité, couvrir l'équivalent de l'Aquitaine de panneaux photovoltaïques suffit". Il ne nie pas les contestations. "Parce que les installations se voient. C'est le phénomène Nimby (not in my backyard), pas dans mon jardin."

L'éolien concentre à ce stade les critiques. Rien ne dit que ce ne sera pas demain le cas du solaire, dont les champs de 30 voire 100 hectares finiront par se voir, note-t-il. "Les oppositions vont finir par arriver." Le président français Emmanuel Macron, qui veut pousser le solaire, a ainsi demandé, "un juste équilibre" entre installations au sol et sur les toits.

Sauf que poser sur les toits coûte plus cher, c'est moins efficace (panneaux pas forcément orientés idéalement, non mobiles), note le directeur de Voltalia. "Aujourd'hui on fait encore comme si on avait le choix", ajoute-t-il. Mais face au réchauffement climatique et à la nécessité de verdir l'énergie, "in fine, on va faire tout ce qu'on peut. "Et il y aura plein de renouvelable, partout dans le monde", assure-t-il.

Préparer les nuits sans vent

Pour lui, c'est surtout la suite de l'aventure, dans 20 ans, qui porte les grandes inconnues, quand les renouvelables auront atteint une part critique : comment fera-t-on la nuit en l'absence de vent ?

"Aujourd'hui les énergies renouvelables avancent toutes seules, et c'est notre job, développeurs, industriels, de faire que cela se passe au mieux. Mais à un certain point, disons au-delà de 50% de parts de marché, les gouvernements auront leur rôle à jouer". Par exemple contribuer à assumer le surcoût du stockage sur batteries, quand ni gaz ni charbon ne seront plus là pour servir de "tampon".

Une première réponse, "encore sous le radar", est qu'il faudra adapter l'heure de nos consommations, insiste Sébastien Clerc. Par exemple, faire marcher les ballons d'eau chaude quand il y a du soleil et/ou du vent. Idem pour le chauffage, en faisant monter la température aux bonnes heures pour ensuite stocker la chaleur dans la pièce (ce qui imposera des bâtiments mieux isolés). Moduler aussi les horaires de l'industrie.

Quid du stockage à grande échelle ? Aujourd'hui le stockage du courant est assuré essentiellement par des "STEP" ("stations de transfert d'énergie par pompage", installées entre deux retenues d'eau). Une solution mature, mais qui suppose d'avoir des montagnes, note M. Clerc.

Pour le moment plus chères, les batteries devront prendre le relais, suggère le développeur, également acteur dans le stockage, qui évoque aussi l'hydrogène, mais son rendement moindre. "Quand je mets 100 kWh pour stocker de l'énergie avec de l'hydrogène, j'en récupère environ 30%. Avec la batterie, je récupère plus de 80%, et environ 90% avec la STEP", décrit-il.

Ces sujets ne sont pas forcément les plus urgents pour un pays comme la France, largement adossée au nucléaire, ajoute-t-il. Mais ils le sont par exemple en Grande-Bretagne, lancée dans un vaste programme renouvelable pour échapper à sa dépendance au gaz : le pays a investi l'an dernier plusieurs milliards d'euros dans les batteries.

"Il faut réfléchir à tout cela, mettre de la recherche-développement... C'est un vrai problème conceptuel: s'approcher du 100% renouvelables, on ne sait pas encore comment on fait. Mais on le fera".

Commentaires

Serge Rochain

Bien sûr !

jean BLIN

Ce M. Sébastien Clerc voit clair : "le cas du solaire, dont les champs de 30 voire 100 hectares finiront par se voir, note-t-il. "Les oppositions vont finir par arriver." Le président français Emmanuel Macron, qui veut pousser le solaire, a ainsi demandé, "un juste équilibre" entre installations au sol et sur les toits.
Sauf que poser sur les toits coûte plus cher, c'est moins efficace (panneaux pas forcément orientés idéalement, non mobiles), le solaire doit donc occuper tous les espaces disponibles pour convenir à Sébastien Clerc, ne veut pas que du solaire sur le bâti et toutes surfaces déjà construites mais aussi dans les zones vierges : forêts, champs, garrigues, plages, terres cultivées ou cultivables, montagnes ... la France sera vue du ciel comme un immense miroir (quand le soleil brillera). Et puis y a le fric, le pognon : " .. à un certain point, disons au-delà de 50% de parts de marché, les gouvernements auront leur rôle à jouer". Par exemple contribuer à assumer le surcoût du stockage sur batteries, quand ni gaz ni charbon ne seront plus là pour servir de "tampon". quand les gouvernements contribuent, leurs contribuables payent et les exploitants du solaire encaissent. Pour les subventions dont se repait le photovoltaïque industriel, S. Clerc peut en effet affirmer "Les énergies renouvelables ont déjà gagné".

Roland CHARLOU

"Laissons un peu de temps au temps", mais en courant car "il y à le feu dans la maison" ;)

Abadie

L'avenir c'est la fusion nucléaire. Une France si belle par la diversité de ses paysages, couverte de panneaux solaires stérilisant la terre nourricière, et de mâts éoliens, non merci.

jpm

Mr Clerc est optimiste en assurant que l'aquitaine pourrait fournir la conso mondiale en électricité. En se basant sur la centrale solaire de Cestas qui fournit 1,346 GWh/ha, avec 90% la surface de l'aquitaine (84.036km2) on produirait au mieux 10230 TWh soit moins de la moitié de la conso mondiale d'électricité ( 22.315 TWh en 2019)

Thomas

Merci pour ce calcul d'ordre de grandeur. Notre ami fait une erreur de facteur 2 quand même. Après, deux fois la surface de la région aquitaine pour fournir l'électricité dont a besoin la planète, c'est pas grand chose ramené à la surface du globe. En revanche, quelle quantité de métaux et de silicium pour fabriquer tout cela... c'est plus là que je vois la limite.!

jpm

Mais ce calcul ne représente que de l'énergie transformée, pas de l'énergie primaire, et qu'un faible pourcentage env 15% de l'énergie totale consommée dans le monde dont 80% provient du fossile. Alors toute l'Aquitaine est bine loi de pouvoir alimenter le monde entier comme le laisse croire abusivement Mr Clerc. Le photovoltaïque sera utile, comme l'éolien , comme prochainement l'hydrogène, le nucléaire, la biomasse, etc... toutes ces formes d'énergie ont des avantages et des inconvénients . A nous de faire un mix qui correspond à nos capacités à l'instant t. Personne ne peut prédire quelles seront nos ressources dans 30ans, même pas le GIEC.

Dam

Exactement ! Et sans parler non plus du surplus d'énergie nécessaire pour compenser les rendements des systèmes de stockage, obligatoires du fait de l'intermittence.

EtDF

Baratin du niveau de potache de 2eme dans son rapport de stage, ou celui du camelot du marché qui vous propose des tourniquettes pas chères pour carottes râpées avec moustaches.. En tout cas l'effondrement des coûts ne se répercute pas du tout dans les plans d'investissements en dizaines de milliards que l'on voit surgir depuis beaucoup de gouvernances (y aurait il des trous aux poches?).. Ajoutons encore un peu de sauce à la panique et oyez braves citoyens amoureux de la planète faites encore un petit effort avec vos impôts.. et je m'en frotterais plus les mains - C'est bien Clerc ce que je vous ai dit.!
1 - Demandez donc aux citoyens belges par exemple, qui se sont engagés à acheter de l'électricité "éolienne" sur contrat de 10-20 ans et plus... (est ce que Voltalia serait dans ce coup là ????.. A VERIFIER)...
2 - ça me rappelle aussi le discours d'un autre zozo qui proposait de cultiver des algues "spéciales" produisant du méthane et de l'hydrogène sur les 3/4 de la surface de la France pourrait donner assez de carburant pour faire tourner nos voitures..
3 - attendons l'envolée des coûts (effondrement... négatif!!!) des matières premières dites stratégiques telle qu'elle s'est déjà sérieusement amorcée avec la problématique de la voiture électrique...

jean BLIN

Bien sûr EtDF que Voltalia, avec son principal actionnaire le groupe familial Mulliez (Auchan, Décathlon, Boulanger ....), dont quelques porteurs de parts sociales vivent en Belgique -c'est moins fiscalisé- va s'intéresser aux Belges : elle vient de créer le premier contrat de vente directe d'électricité en France par Boulanger pour une centrale solaire photovoltaïque de 5 MW. Avec Ikéa elle crée un service d'installation de panneaux solaires en toiture chez les particuliers Voltalia est chargée de la pose et de l'entretien des panneaux. Le solaire la polarise si je puis dire ....

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