Les Européens exhortent l'Iran à libérer le tanker saisi dans le détroit d'Ormuz

  • AFP
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Les Européens ont exhorté samedi l'Iran à libérer un pétrolier battant pavillon britannique arraisonné dans le détroit d'Ormuz, la Grande-Bretagne dénonçant un acte "dangereux" et appelant les navires britanniques à éviter ce passage maritime stratégique où se multiplient les incidents.

Arraisonné vendredi pour "non respect du code maritime international" par les Gardiens de la Révolution, l'armée idéologique de l'Iran, le tanker Stena Impero, dont le propriétaire est suédois, a été emmené au port de Bandar Abbas (sud), selon les autorités portuaires de la province de Hormozgan où est situé le port.

Cette saisie est survenue quelques heures après la décision de la Cour suprême de Gibraltar (extrême sud de l'Espagne) de prolonger de 30 jours la détention d'un pétrolier iranien arraisonné le 4 juillet par les autorités de ce territoire britannique, et soupçonné de vouloir livrer du brut à la Syrie en violation des sanctions européennes contre Damas. L'Iran a nié cette accusation et dit qu'il riposterait à cet acte de "piraterie".

L'Allemagne et la France ont sommé l'Iran de relâcher le Stena Impero. "Une nouvelle escalade serait très dangereuse pour la région", a averti Berlin. "Une telle action nuit à la nécessaire désescalade des tensions dans la région du Golfe", a mis en garde Paris.

"Cela ne fait que montrer ce que je dis de l'Iran: des problèmes, rien que des problèmes", a dit vendredi le président américain Donald Trump.

Selon Allah-Morad Afifipoor, directeur général de l'Autorité portuaire et maritime de la province de Hormozgan, le Stena Impero est "entré en collision avec un bateau de pêche" qui a ensuite "contacté le pétrolier mais n'a pas reçu de réponse".

Le bateau de pêche a alors informé l'Autorité portuaire de Hormozgan, qui a ouvert une enquête car "conformément à la loi, après un accident il est nécessaire d'enquêter sur les causes", a-t-il ajouté, cité par l'agence Fars.

- Polémique -

"L'une des raisons pour lesquelles le pétrolier a été saisi pour davantage d'investigations est qu'il a continué sa route pendant un moment avec son transpondeur éteint", a dit ensuite le responsable iranien à l'agence de presse ILNA.

Les 23 membres d'équipage sont tous à bord, a-t-il précisé. Dix-huit dont le capitaine sont de nationalité indienne et cinq autres de nationalité philippine, lettone ou russe.

Les autorités indiennes, philippines et lettones ont dit avoir demandé à l'Iran de libérer leurs ressortissants.

Jeudi, les Gardiens de la révolution avaient déjà annoncé détenir un autre tanker "étranger", et son équipage soupçonnés de se livrer à de la "contrebande" de carburant dans le Golfe. Aucune indication n'a été donnée depuis sur ce navire.

La région du Golfe et du détroit d'Ormuz, par où transite le tiers du pétrole acheminé par voie maritime sur la planète, se trouve au coeur des tensions, sur fond de bras de fer entre l'Iran et les Etats-Unis qui y ont renforcé en mai leur déploiement militaire en arguant de "menaces iraniennes" non précisées.

Ces dernières 24 heures ont été marquées par une polémique à propos d'un drone "iranien" que les Américains disent avoir abattu dans le détroit. Mais l'Iran a démenti affirmant n'avoir perdu aucun drone.

Les tensions entre Téhéran et Washington, qui n'entretiennent pas de relations diplomatiques depuis 1980, se sont envenimées depuis le retrait unilatéral américain de l'accord nucléaire de 2015 et le rétablissement des sanctions économiques américaines qui nuisent fortement à l'économie iranienne.

- Effet "dissuasif" -

Elles ont été exacerbées par les échanges d'invectives et des sabotages ou des attaques qui ont visé depuis mai six navires dans la région du Golfe et ont été imputés par les Etats-Unis à l'Iran qui a démenti.

Et elles ont atteint un pic le 20 juin avec la destruction par l'Iran d'un drone militaire américain. M. Trump avait alors affirmé avoir annulé à la dernière minute des frappes de représailles.

Au milieu de ces tensions qui font craindre un embrasement, l'Arabie saoudite, un allié des Etats-Unis et principal rival régional de l'Iran, a annoncé que pour la première fois depuis 2003 des forces américaines seraient déployées sur son sol.

Ce déploiement vise "à accroître le niveau mutuel de coopération pour défendre la sécurité de la région et garantir la paix", selon le ministère saoudien de la Défense.

Cela "aura un effet dissuasif supplémentaire et renforcera notre capacité à défendre nos troupes et intérêts dans la région", a indiqué le commandement central des forces américaines. Le nombre des troupes n'a pas été précisé.

Les Etats-Unis cherchent en outre à mettre sur pied une coalition internationale pour escorter les navires de commerce dans le détroit d'Ormuz. L'idée est que chaque pays y escorte militairement ses navires marchands avec le soutien de l'armée américaine, qui assurerait la surveillance aérienne de la zone et le commandement des opérations.

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