Les marsouins passent après la sécurité énergétique, prévient un ministre allemand

  • AFP
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La protection des marsouins passe après la création de terminaux gaziers pour s'émanciper du gaz russe, a jugé le vice-chancelier allemand, un écologiste, mettant en garde les défenseurs de l'environnement contre un recours qui ferait selon lui le jeu de Vladimir Poutine.

L'Allemagne prévoit de se doter de terminaux flottants d'importation de Gaz naturel liquéfié (GNL) --d'immenses navires méthaniers-- en attendant la construction de terminaux terrestres qui prendra plusieurs années.

Le premier terminal flottant sera opérationnel dès l'hiver 2022/2023 dans le port de Wilhelmshaven sur la mer du Nord, a annoncé le vice-chancelier Robert Habeck, qui est aussi ministre de l'Ecologie et du Climat, lors d'une visite sur le site jeudi.

Or, une importante association de défense de l'environnement, DUH, souhaite bloquer ce projet qui, dit-elle, "détruit de manière irréversible des écosystèmes sensibles et mettra en danger l'espace vital des marsouins".

"Je suis le plus grand fan de marsouins de ce gouvernement", a assuré M. Habeck.

Mais "votre recours nous rendrait encore plus dépendants" de l'énergie russe, a-t-il accusé dans une interview à la chaîne de télévision RTL mercredi soir.

Un second méthanier doit être amarré à Brunsbüttel, à l'embouchure de l'Elbe non loin de Hambourg, début 2023. Des sites pour les deux autres terminaux sont à l'étude.

Une enveloppe de près de trois milliards d'euros a été débloquée par Berlin pour la location de ces unités (dites FSRU) qui permettent de regazéifier le gaz liquide importé par bateaux.

En attendant la construction de terminaux terrestres, le gouvernement allemand, en partenariat avec les fournisseurs d'énergie RWE et Uniper, a loué deux navires à l'armateur norvégien Höegh et deux autres à l'armateur grec Dynagas.

Chacune des unités peut reconvertir au moins cinq milliards de mètres cubes de GNL en gaz, selon le ministère de l'Économie. Selon Uniper, le terminal de Wilhelmshaven pourra couvrir environ 8,5% des besoins en gaz de l'Allemagne.

- Gaz russe jusqu'en 2024 -

Les défenseurs de l'environnement critiquent aussi l'empreinte climatique du GNL en raison des émissions liées à son transport et aux manipulations nécessaires pour le convertir.

M. Habeck fait valoir au contraire qu'à long terme les terminaux permettront d'importer de l'hydrogène vert, une technologie encore loin d'être mature.

L'Allemagne importait ces dernières années 55% de son gaz depuis la Russie via des pipelines terrestres.

Cette part a été réduite à 35% depuis l'invasion de l'Ukraine. Le gouvernement ne juge pas réaliste de pouvoir se passer de gaz russe avant mi-2024.

Berlin est en revanche favorable à un embargo européen sur le pétrole vendu par Moscou. L'Allemagne a réussi ces dernières semaines à réduire à 12% sa part de brut importé de Russie.

Malgré tout, un arrêt des livraisons de pétrole russe pourra entraîner des pénuries localisées dans l'est de l'Allemagne, notamment la région de Berlin, a prévenu le ministre de l'Economie.

Il peut arriver que "pendant une période limitée, il n'y ait pas assez de pétrole, et donc pas assez d'essence", a déclaré M. Habeck.

Ce risque est lié à la situation particulière de la raffinerie PCK située à Schwedt, dans l'Etat régional du Brandebourg (est), qui fournit environ 90% du pétrole consommé à Berlin et dans la région environnante, y compris l'aéroport de Berlin Brandebourg (BER).

Cette raffinerie est alimentée par l'oléoduc "Droujba" datant de l'ère soviétique et relié directement à la Russie. L'usine a également pour actionnaire majoritaire le groupe pétrolier russe Rosneft qui n'est pas prêt à collaborer avec le gouvernement.

De ce fait, l'Allemagne n'exclut pas de procéder à une prise de contrôle de la raffinerie par les pouvoirs publics.

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