L'Inde et le Sri Lanka envisagent de se relier par un pont terrestre et un oléoduc

  • AFP
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L'Inde et le Sri Lanka sont convenus vendredi d'envisager la construction d'un pont terrestre entre les deux pays, à l'occasion d'une visite officielle à New Delhi du président sri-lankais Ranil Wickremesinghe, la première depuis son accession au pouvoir en 2022.

Etablir "une connexion terrestre" à travers le détroit de Palk dans l'océan Indien, large par endroits de quelques 25 kilomètres, donnerait à l'Inde un accès aux ports clés de Trincomalee et de Colombo et conduirait à renforcer "une relation millénaire", ont précisé les deux Etats voisins, dans un document stratégique, qui évoque aussi la construction d'un oléoduc.

Alors que la présence chinoise grandit au Sri Lanka, des études de faisabilité pour ce pont terrestre et un oléoduc, vont être menées, a précisé le Premier ministre, Narendra Modi, après leurs entretiens.

La visite de M. Wickremesinghe intervient un an presque jour pour jour après son accession à la présidence du Sri Lanka. Cet ancien Premier ministre a succédé à Gotabaya Rajapaksa, poussé à l'exil par des manifestations contre la crise économique sans précédent au Sri Lanka, marquée par des pénuries de denrées essentielles, nourriture, essence, médicaments.

L'Inde a débloqué près de 4 milliards de dollars d'aide, alors que Colombo faisait défaut sur sa dette étrangère de 46 milliards de dollars.

"Le Sri Lanka a été confronté à de nombreux défis l'an dernier, mais comme un vieil ami, nous sommes restés aux côtés de la population sri-lankaise en ce temps de crise", a souligné M. Modi.

Au cours des entretiens entre les deux dirigeants, New Delhi a soulevé son inquiétude concernant la "présence chinoise" au Sri Lanka, a précisé le secrétaire aux Affaires étrangères indien Vinay Kwatra.

L'Inde considère le Sri Lanka comme sa zone d'influence naturelle et ses dirigeants s'inquiètent des activités de Pékin sur l'île, et dans la région.

La Chine est le principal créancier du Sri Lanka et une entreprise chinoise a acquis pour 99 ans la concession du port septentrional de Hambantota dont Colombo n'a pas pu rembourser les traites de l'important prêt consenti par Pékin pour sa construction.

Un projet de requalification des sols, à 1,4 milliard de dollars, près du port de Colombo --le plus grand investissement étranger jamais vu au Sri Lanka-- inquiète aussi l'Inde qui redoute que Pékin ne l'utilise comme poste d'écoutes. Une partie devait initialement passer sous souveraineté chinoise.

Le Sri Lanka est situé à mi-chemin de la principale route marchande internationale entre l'Europe et l'Asie de l'Est. Et Colombo et Hambantota sont les seuls ports en eaux profondes entre Dubaï and Singapour.

Dans le cadre de son programme bâtisseur des nouvelles Routes de la soie, la Chine a scellé des accords d'infrastructures avec des pays dans tout l'océan Indien, dont les Maldives, le Bangladesh et Djibouti où elle a une base militaire.

L'Inde a déjà émis des doutes l'an dernier concernant un appel passé dans le port d'Hambantota par un navire de recherches chinois, le Yuan Wang 5, qualifié par Delhi de bateau espion.

"La partie sri lankaise nous a exprimé qu'elle était respectueuse de notre sécurité et sensible à nos inquiétudes stratégiques concernant notre domaine maritime", a précisé à la presse M. Kwatra.

Parmi les projets évoqués dans le document stratégique, M. Wickremesinghe a souligné que le l'oléoduc entre les deux pays "garantira un approvisionnement en énergie fiable et abordable au Sri Lanka".

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