Moratoire fiscal: les ONG déplorent une « mauvaise nouvelle » pour la planète

  • AFP
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Associations professionnelles ou environnementales, les défenseurs de la transition écologique ont déploré mardi l'annonce par le gouvernement d'un moratoire sur la fiscalité des carburants, une "très mauvaise nouvelle".

Pour France Nature Environnement, c'est "une grave erreur", "une régression" qui sacrifie l'écologie sans répondre aux préoccupations sociales. "Les taxes écologiques ne représentent qu'entre 7 et 8% du prix des carburants et le pétrole va continuer à se raréfier donc son prix à augmenter. C'est encore l'écologie qui trinque... Renoncer à la taxe carbone ne permettra pas de résoudre les fins de mois difficiles", estime Michel Dubromel, le président de FNE, qui appelle à participer aux marches pour le climat prévues samedi dans plusieurs villes.

La Fondation pour la nature et l'homme redoute un "renoncement à l'écologie". "Conditionner, comme le fait le Premier ministre, le maintien de la fiscalité sur les pollutions à la réussite des concertations, sans mettre sur la table une révision plus large des priorités budgétaires du gouvernement, serait une impasse," met en garde l'ONG créée par Nicolas Hulot - l'ex-ministre qui doit s'exprimer sur RTL mardi en fin d'après-midi.

Pour une "transition juste", les ONG appellent à appliquer le principe pollueur-payeur à tous, notamment au transport routier de marchandises partiellement exonéré de la taxe carbone. "2019 doit être l'année du début de la fin des privilèges accordés notamment au kérosène aérien", dit la FNH, qui appelle aussi à "un plan Marshall" (rénovation des logements, mobilités durables, etc).

Nicolas Garnier, délégué général de l'association Amorce, qui regroupe collectivités territoriales et entreprises, voit lui un moratoire "relativement massif" et "une mauvaise nouvelle". "J'espère que ce n'est qu'une suspension. Si elle est là pour refonder les règles (sur la fiscalité écologique, ndlr), alors cela peut avoir un sens", dit-il. Amorce plaide pour une affectation plus importante de la fiscalité environnementale à la transition écologique et aux territoires. En ce sens, il faut "reconstruire le logiciel", selon M. Garnier.

Pour Pascal Roger, président de la Fédération des services énergie environnement (Fedene), c'est une "très mauvaise nouvelle et un mauvais calcul économique" car la taxe carbone "est la seule taxe créatrice de valeur", en incitant aux investissements dans les économies d'énergie et les énergies renouvelables, créatrices d'emplois. "Les entreprises demandaient une trajectoire et qu'elles puissent anticiper, donc que cette trajectoire soit tenue. Or avec cette annonce, elle ne serait pas tenue", dit-il, relevant que le mécanisme de la fiscalité écologique "n'est pas compris" par les Français et qu'il faut "remettre les choses sur le tapis".

Du côté du Syndicat des énergies renouvelables (SER), Jean-Louis Bal juge que "ce n'est pas une bonne nouvelle pour l'environnement et la croissance de la chaleur renouvelable", qui entre en concurrence directe avec les énergies fossiles comme le fioul ou le gaz.

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