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Le président français Emmanuel Macron a assuré jeudi que le nucléaire "peut faire partie" du bouquet énergétique des pays européens sur la route de la neutralité carbone, alors que ce sujet de crispation s'est invité à la table du sommet européen.
"Chacun doit pouvoir bâtir sa transition à sa main (...) Ce sont des solutions qui sont nationales", a expliqué M. Macron à son arrivée à Bruxelles. "Et le nucléaire peut faire partie" du bouquet énergétique des pays, a-t-il poursuivi. "Le GIEC l'a reconnu: le nucléaire fait partie de la transition", a-t-il expliqué.
Les dirigeants européens se préparent à une discussion difficile sur la question de la neutralité carbone: une majorité d'Etats membres souhaitent inscrire la date de 2050 pour cet ambitieux objectif climatique, une échéance au coeur du "Pacte vert" dévoilé mercredi par la nouvelle cheffe de l'exécutif européen Ursula von der Leyen.
En juin, les discussions n'avaient pas abouti, et avaient été renvoyées à la fin de l'année, en espérant mettre le délai à profit pour convaincre les trois pays qui font encore barrage: la Pologne, la République tchèque et la Hongrie, encore très dépendants des énergies fossiles et en particulier du charbon.
Un projet de conclusions du sommet, vu par l'AFP, dans lequel l'UE inscrit cet objectif de 2050, reste ouvert sur les moyens pour y arriver en appelant au "respect du droit des Etats membres à décider de leur bouquet énergétique et à choisir les technologies les plus appropriées".
Or, la République tchèque voudrait que le nucléaire, qui n'émet pas de CO2, soit explicitement mentionné dans les conclusions. "Sans le nucléaire, ce n'est pas possible pour la République tchèque", a averti le Premier ministre Andrej Babis en arrivant au sommet. "Pour les pays qui doivent sortir du tout charbon, il est clair qu'ils ne pourront pas passer du jour au lendemain au tout renouvelable", a souligné de son côté Emmanuel Macron. "Donc ils devront passer dans leurs solutions, s'ils le souhaitent et s'il y a le consensus politique dans leur pays, à une part de nucléaire", a-t-il ajouté.
Mais des pays comme l'Autriche et le Luxembourg sont absolument contre toute mention de l'atome dans le texte de conclusions. L'Allemagne est aussi réticente. "Dire que c'est avec l'argent du contribuable qu'on va financer des centrales nucléaires, je ne suis pas pour", a grimacé le Luxembourgeois Xavier Bettel à son arrivée.
Selon le président français, le projet de conclusions permet d'avancer: "il rappelle la neutralité à l'égard de toutes les solutions, et d'autre part la souveraineté de ces choix", a-t-il noté. La Pologne de son côté s'inquiète également du financement de la transition, dont les coûts sociaux dans son pays seront très élevés.