Nouveau retard de 6 mois pour l'EPR de Flamanville, en pleine relance de l'atome en France

  • AFP
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L'EPR de Flamanville (Manche) va accuser un nouveau retard de six mois avant sa mise en service, désormais prévue d'ici à la mi-2024, a annoncé EDF vendredi, au moment où la France relance un programme nucléaire pour assurer sa transition énergétique.

Le démarrage de ce réacteur, le premier de cette génération prévu sur le sol français, interviendra ainsi avec un retard total de 12 ans par rapport à la planification initiale. Deux autres EPR fonctionnent déjà en Chine et un troisième en Finlande.

Ce délai supplémentaire de six mois entraînera un surcoût de 500 millions d'euros qui portera le montant total de l'EPR de Flamanville, dont le chantier a été lancé en 2007, à 13,2 milliards d'euros, a précisé EDF, soit quatre fois le budget initial de 3,3 milliards d'euros.

Le nouveau retard est dû à la nécessaire révision de procédures de traitement de quelque 150 soudures "complexes", au sein du circuit secondaire principal du réacteur, a expliqué à la presse le directeur du projet Flamanville 3, Alain Morvan.

Le problème est apparu cet été, quand il a fallu procéder au traitement thermique de "détensionnement" de ces soudures: le processus utilisé a fait apparaître une "non-conformité de comportement" de matériels sensibles à proximité, affectés par de trop fortes températures.

"Nous avions un comportement des températures des vannes non conforme à ce que l'on attendait", a expliqué M. Morvan, d'où la reprise des "études pour définir une méthode (...) permettant de garantir le bon niveau de réalisation de ces traitements thermiques". Ces modifications "ont été présentées à Bureau Veritas, qui les analyse, et d'ici la fin de l'année nous aurons l'autorisation de reprendre les traitements thermiques dits complexes", a assuré le directeur du projet.

Ces opérations devraient donc pouvoir reprendre début 2023 mais tout le calendrier du projet s'en trouve bouleversé, avec un chargement du combustible désormais annoncé pour le 1er trimestre 2024. Le réacteur enverra ses premiers électrons quand il aura atteint près de 25% de sa puissance, "environ trois mois plus tard", donc d'ici à la mi-2024. Les 500 millions d'euros additionnels annoncés vendredi sont liés pour l'essentiel au maintien des personnels et entreprises sous-traitantes sur place.

Hiver 2023/24

Outre ces aléas techniques, un arrêt du réacteur est déjà prévu pour changer, d'ici à la fin 2024, le couvercle de sa cuve qui présente des anomalies, a rappelé M. Morvan. Pour autant, "l'EPR de Flamanville a franchi ces derniers mois de nouvelles étapes stratégiques, dans sa phase de pré-exploitation", se félicite EDF dans un communiqué, citant la reprise de certaines soudures ou les essais des matériels électriques.

Depuis 2007, le chantier de ce réacteur conçu pour offrir une puissance et une sûreté accrues, accumule les déconvenues, qu'il s'agisse des anomalies sur l'acier du couvercle et du fond de la cuve ou des problèmes de soudures.

Les derniers en date interviennent alors qu'Emmanuel Macron a annoncé la commande de six voire 14 nouveaux EPR et que le Parlement doit se prononcer sur le modèle énergétique de la France.

Faute de pouvoir disposer de l'EPR de Flamanville l'an prochain, la France devrait donc de nouveau faire face à des tensions sur son approvisionnement en électricité lors de l'hiver 2023-24 alors qu'EDF fait déjà face au vieillissement de son parc nucléaire et que le déploiement des énergies renouvelables, solaire et éolien, est à la peine.

L'hiver actuel donne un avant-goût de ces tensions, avec vendredi 41 réacteurs en fonctionnement seulement sur 56. Parmi les 15 réacteurs à l'arrêt pour des opérations de maintenance et/ou pour des contrôles de corrosion, deux -à Penly et Flamanville-, devraient d'ailleurs redémarrer avec plusieurs semaines de retard, privant ainsi la France de leur production jusqu'à février ou mars, a-t-on en outre appris vendredi auprès d'EDF.

Commentaires

MXT

Pfff, et dire que la France persiste dans cet EPR très onéreux, aux déchets radioactifs durant des millénaires et qui ne fonctionne toujours pas. Le déclin assuré de notre pays.

Abadie

EDF ne maîtrise plus grand chose, et cette défaillance tombe au plus mal, en pleine crise énergétique alors que nos centrales nucléaires étaient un atout, une garantie d'indépendance face aux pays producteurs de gaz.

Reg

Oui, cela fait 30 ans que la France n'avait plus investi un peso dans le nucléaire. Dans l'éolien et le voltaique elle a pris un retard énorme, dans les lignes à grande vitesse elle n'a plus construit grand chose depuis les années 90 (l'Espagne qui partait de 0 nous est passée largement devant en 30 ans), dans l'acier c'est pire, l" industrie: mieux vaut ne pas en parler. Et avec les extrêmes gauches ou droites ou populistes qui nous attendent, ça va être pire.

ThB

Qui est responsable de cette situation?
C'est la question qu'il faut se poser ?
La réponse n'est pas simple au pays de la ligne Maginot. Délocalisation à outrance, par ceux qui tirent les ficelles et qui disposent des cordons de la bourse. Pourquoi aussi peu de sens civique, pour avoir un gain substantiel face aux concurrents directs ?
Voilà une vision à très moyen terme, car ces concurrents feront de même, engendrant ainsi les pertes abyssales de savoir-faire qui se retrouvent dans une grande partie de notre industrie.
Ces élites (souvent boomer avec une espérance de vie n’excédant pas 30 ans) n'ont eu que faire des conséquences des délocalisions. Ils n'ont fait que peu de cas des transferts de technologies imposés par l'implantation d'usine dans des pays à bas coût, comme la Chine. Ces élites, d'un âge certain, n'ont pu imaginer que les bénéficiaires de ces transferts allaient les copier pour mieux les concurrencer, puis les éliminer.
Ma pauvre grand-mère disait : on ne donne pas ses coins à champignons sous peine de ne plus en ramasser. La Chine et les EU respectent assez bien ce précepte.

Zamur

Les EPR chinois fonctionnent depuis deux ans, fournissant des quantités importantes de l'électricité. Je pense que les coterie étatique jouent à celle qui est plus procédurière, et elles réussissent à tout retarder..

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