Nucléaire iranien : Berlin, Londres et Paris attendent encore des gestes de Téhéran

  • Connaissance des Énergies avec AFP
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Les ministres des Affaires étrangères allemand, britannique et français ont signifié mercredi à leur homologue iranien qu'ils attendaient toujours des gestes tangibles sur le programme nucléaire pour éviter la réimposition de leurs sanctions qui pourrait intervenir dans dix jours.

Des mesures de l'Iran « pas suffisantes » à ce stade

Johann Wadephul, Yvette Cooper et Jean-Noël Barrot se sont entretenus par téléphone mercredi avec Abbas Araghchi. A l'issue de leur entretien téléphonique, le gouvernement allemand a estimé que "la balle était dans le camp de l'Iran", tout en soulignant que l'offre des trois pays européens (réunis sous l'acronyme E3) de discuter d'une extension du délai avant un rétablissement des sanctions "reste sur la table".

Mais "à ce stade, les mesures prises par l'Iran n'ont pas été suffisantes", a regretté un porte-parole du ministère allemand des Affaires étrangères en référence notamment à l'accord trouvé le 9 septembre entre l'Iran et l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) sur un nouveau cadre de coopération. Cet accord ne s'est pas traduit par une reprise immédiate des inspections suspendues par Téhéran en juin après les frappes israéliennes et américaines durant la guerre des 12 jours en juin dernier.

L'accès aux installations nucléaires iraniennes ne peut se faire qu'avec l'approbation du Conseil suprême de sécurité nationale, la plus haute instance de sécurité de l'Iran. En outre, l'accès aux sites les plus sensibles endommagés par les frappes israéliennes et américaines est particulièrement "compliqué" en raison de "préoccupations environnementales et de sécurité", a fait savoir Téhéran.

Le dernier échange entre les chefs de la diplomatie remonte à fin août lorsque les Européens ont notifié à l'Iran qu'ils allaient déclencher le mécanisme du "snapback" permettant de rétablir les sanctions de l'ONU contre la République islamique, en vertu de l'accord international sur le contrôle du programme nucléaire iranien de juillet 2015 et endossé à l'époque par une résolution du Conseil de sécurité.

Pour éviter ce scénario, qui affaiblirait davantage l'économie iranienne, les pays de l'E3 ont émis plusieurs conditions, selon plusieurs sources diplomatiques occidentales, à commencer par le plein accès par l'agence internationale de l'énergie nucléaire (AIEA) aux sites iraniens.

Discussions incertaines avec Washington

Le dossier du nucléaire iranien empoisonne de longue date les relations de l'Iran avec les pays occidentaux, les États-Unis en tête et Israël, ennemi juré de l'Iran, qui soupçonnent le pouvoir iranien de vouloir se doter de la bombe atomique. Ce que l'Iran dément vigoureusement, défendant son droit au nucléaire pour des besoins civils.

Début septembre, un rapport confidentiel de l'AIEA, consulté par l'AFP, faisait néanmoins apparaître que l'Iran avait accéléré, avant la guerre de juin, le rythme de production de ses réserves d'uranium enrichi à 60%, seuil proche des 90% nécessaires pour fabriquer une arme nucléaire.

La semaine dernière, le chef de la diplomatie iranienne, a affirmé que "l'ensemble" de la matière nucléaire enrichie demeurait "sous les décombres" d'installations endommagées par les bombardements lors de la guerre avec Israël en juin, une déclaration susceptible de satisfaire en partie au moins les Européens qui souhaitaient avoir une déclaration sur le statut de ses matières enrichies.

Outre la reprise immédiate des inspections des sites par l'AIEA, Berlin, Londres et Paris exhortent l'Iran à reprendre les négociations avec les États-Unis. Téhéran et Washington avaient engagé en avril des pourparlers pour encadrer le programme nucléaire iranien en échange d'une levée des sanctions économiques contre l'Iran. Mais les discussions avaient été brutalement interrompues par les frappes d'Israël et des États-Unis en Iran.

Pour l'heure, les perspectives de reprise des négociations avec Washington demeurent incertaines, alors que Téhéran exclut toute discussion sur des restrictions à son programme balistique, voulu par les États-Unis.

Lundi, aux côtés du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, le secrétaire d'État américain Marco Rubio a déclaré que Washington poursuivrait sa politique de pression maximale contre Téhéran. Le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Esmaeil Baqaei, a qualifié mercredi les propos de Marco Rubio d'"absurdités".

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