- Connaissance des Énergies avec AFP
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L'autorité de la concurrence espagnole (CNMC) a annoncé mardi avoir à son tour ouvert une enquête sur la panne d'électricité géante ayant touché la péninsule ibérique le 28 avril, dont l'origine reste inconnue.
"La CNMC va mener sa propre enquête en tant que régulateur indépendant", a indiqué sa présidente Cani Fernández lors d'une audition au Parlement.
"Nous allons nous intéresser non seulement aux causes de l'incident, qui restent inconnues, mais aussi à la façon dont a été réalisée la remise en route" du système, pour voir si des "erreurs spécifiques" ont pu être commises "durant ce processus", a-t-elle ajouté.
Cette enquête s'ajoute à celle du ministère de la Transition écologique et celle coordonnée par le Réseau européen des gestionnaires de réseaux de transport d'électricité (Entso-E). Une autre enquête, de nature judiciaire, a par ailleurs été ouverte concernant un éventuel "sabotage informatique".
"La CNMC apporte des connaissances techniques indépendantes" et "intervient sur un plan différent des autres acteurs", a expliqué Mme Fernández, en précisant que "des demandes de données" avaient déjà été envoyées aux entreprises.
D'après le gouvernement espagnol, un total de 15 gigawatts (GW), équivalant à 60% de la consommation électrique espagnole, a subitement disparu en quelques secondes lors de la panne du 28 avril, qui a plongé l'ensemble de la péninsule ibérique dans le chaos durant de longues heures.
Selon les experts de l'Entso-E, qui ont publié vendredi un compte-rendu détaillé des événements, cette coupure massive a débuté à 12H33 avec la perte, en l'espace d'une seule seconde, de 2,2 GW d'électricité - soit l'équivalent de la production de deux centrales nucléaires.
Cette coupure a entraîné des réactions en cascade avec à la clé l'effondrement complet du réseau ibérique en 27 secondes seulement, précise l'Entso-E.
- Processus "très complexes" -
Plusieurs hypothèses ont été avancées pour expliquer cette panne géante, dont une cyberattaque, qui a été jugée peu crédible par le gestionnaire du réseau électrique espagnol (REE). Une défaillance du réseau générée par un excès de production d'énergie solaire a également été évoquée.
Le 28 avril, la production photovoltaïque était "élevée" mais elle n'a pas dépassé "les valeurs maximales atteintes certains jours précédents", a souligné mardi Mme Fernández, appelant à la prudence concernant le rôle des énergies renouvelables dans l'incident.
"Bien que le 28 ait été un jour de forte production d'énergie renouvelable, aucune anomalie ou particularité pouvant à elle seule expliquer l'incident n'a été observée", a insisté la responsable de la CNMC.
Un message martelé depuis plusieurs jours par la ministre de la Transition écologique Sara Aagesen, pour qui "toutes les hypothèses" sont ouvertes. "Nous continuons à travailler" mais l'enquête va prendre du temps car il s'agit de processus "très complexes", a-t-elle dit dimanche au média en ligne El Diario.
Dans le cadre de cette enquête, des demandes d'informations ont été adressées par l'Institut national de cybersécurité (Incibe) aux entreprises énergétiques, y compris aux entreprises de petite taille, potentiellement plus vulnérables face aux cyberattaques, selon une source proche du dossier.
Selon cette source, cette demande fait partie de la procédure normale, toutes les pistes devant être envisagées.
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