Plus d'éolien et de nucléaire : Emmanuel Macron fixe le cap

  • AFP
  • parue le

Emmanuel Macron a annoncé jeudi vouloir "aller deux fois plus vite" dans le déploiement des énergies renouvelables et accélérer le lancement de nouveaux réacteurs nucléaires, lors de l'inauguration du premier parc éolien en mer de France au large de Saint-Nazaire (Loire-Atlantique).

"Jour heureux, jour glorieux !", a-t-il lancé après avoir découvert depuis un bateau le champ de 80 éoliennes, déployées de 12 à 20 km des côtes, qui va produire de l'électricité pour 700 000 personnes.

"Mais tout cela arrive dans un temps compliqué et prend encore trop de temps", a-t-il noté en référence à l'envolée des prix énergétiques et aux risques de pénurie induits par la guerre en Ukraine, qui nécessite plus que jamais une "diversification".

Pour réduire la dépendance aux énergies fossiles, "il faut produire plus d'électricité", "40% de plus d'ici 2050", a-t-il dit. La France va devoir aller "au moins deux fois plus vite" sur les projets d'énergies renouvelables", éolien et solaire en particulier, a souligné le chef de l'État. Cette accélération doit passer par une réduction de "trois à six mois" des "délais d'enquêtes publiques et autorisations gouvernementales", a-t-t-il détaillé.

Les délais de contentieux doivent aussi être ramenés à deux ans et demi au maximum, contre jusqu'à quatre ans aujourd'hui, a-t-il souligné. "Il faut créer du consensus au départ et essayer de bloquer le recours dilatoire", a-t-il insisté.

Aujourd'hui, il faut en moyenne dix ans pour qu'un site offshore entre en service en France, contre cinq en Allemagne, six au Royaume-Uni. Pour l'éolien terrestre, c'est sept ans, deux fois plus qu'en Espagne ou en Allemagne, et le photovoltaïque n'est guère mieux loti.

Ces mesures seront inscrites dans le projet de loi sur l'accélération des énergies renouvelables qui sera présenté lundi en Conseil des ministres ainsi que dans des décrets et amendements gouvernementaux.

De l'éolien terrestre aussi

Le 10 février à Belfort, Emmanuel Macron a fixé comme objectif l'installation d'une cinquantaine de parcs éoliens offshore en France d'ici 2050 pour une capacité de 40 gigawatts.

À ce jour, sept parcs ont été attribués à des opérateurs mais la concrétisation des projets est freinée par nombreux recours, et la France accumule du retard par rapport aux pays voisins.

Après Saint-Nazaire, la construction a commencé à Saint-Brieuc, objet de frictions avec les pêcheurs, Courseulles-sur-Mer et Fécamp. A Oléron, des recours ont été déposés pour repousser le projet plus au large.

"On devra faire de l'éolien sur terre", a-t-il également plaidé après avoir annoncé à Belfort un doublement de sa capacité non plus sur 10 mais 30 ans. "L'éolien terrestre est concentré sur très peu de territoires", a-t-il déploré en appelant à "ouvrir le jeu" en la matière.

Parmi les pistes de développement du solaire, le chef de l'État a évoqué "la libération du foncier" pour installer plus de panneaux sur les friches, en citant les bords d'autoroutes et de voies ferrées, mais aussi certaines terres agricoles avec l'agrovoltaïsme. Sur le nucléaire, "l'approche sera la même", il faut qu'on "aille beaucoup plus vite" en "simplifiant les choses", a insisté Emmanuel Macron.

« On n'a pas investi »

À Belfort, le chef de l'État a aussi annoncé la relance du nucléaire avec la construction de six réacteurs EPR2 à l'horizon 2035. Un audit publié en février évoquait l'horizon 2037 pour les premières mises en service.

Comme sur les énergies renouvelables, un texte de loi va permettre d'"adapter les procédures existantes en matière d'urbanisme pour favoriser le développement des premiers sites identifiés" et de lancer "dès maintenant le programme pour ne pas perdre de temps", a-t-il souligné.

Emmanuel Macron a aussi promis un meilleur "partage de la valeur" pour les projets renouvelables avec les collectivités et les riverains, ce qui concernera en premier lieu les éoliennes en mer, souvent contestées. Jean-Louis Bal, président du Syndicat des énergies renouvelables (SER), a salué un "discours tonique" et le "besoin d'éolien terrestre" de nouveau mis en avant par le chef de l'État.

Pour Amandine Lebreton, directrice du plaidoyer à la Fondation pour la Nature et l'Homme en revanche, "ce n'est pas vrai de dire que le retard est dû aux blocages locaux ou administratifs". "On n'a pas investi", estime-t-elle.

Devant le chef de l'État, Jean-Christophe Gavalet, président de France Nature Environnement, a mis en garde contre une concertation trop limitée du public qui serait totalement "contreproductive" selon lui. "On va aboutir à une radicalisation des positions", avec un risque de réactions "plus violentes", a-t-il averti.

Commentaires

APO

Cela aurait été bien de parler du Système électrique, qui nécessite beaucoup de Back-Up avec les ENRi !!!

Le sujet des STEP, mentionné dans les rapports de RTE, n'est toujours pas mis sur la place publique !!! Et pourtant c'est une nécessité absolue dans tous les scénarios RTE !
Les ENRi, ça peut être pas mal, mais sans Back-up organisé et/ou de pilotage réel des consommations ce sera du Gaz à Gogo...

Houyo

"Cela aurait été bien de parler du Système électrique, qui nécessite beaucoup de Back-Up avec les ENRi !!!"

Il me semble que ça fait plusieurs fois que vous soutenez cette affirmation en commentaire.
SVP, combien de backup fossile en 2050 en France pour un mix énergétique majoritairement ENR ? Avec sources bien entendu.
D'avance merci.

[Au passage, en 2019 en France le fossile c'était 1470 TWh d'énergie primaire soit 49.7% du total]

APO

@Houyo,

Sur votre point : "" Il me semble que ça fait plusieurs fois que vous soutenez cette affirmation en commentaire. "" Oui, je soutiens cette affirmation : "" Cela aurait été bien de parler du Système électrique, qui nécessite beaucoup de Back-Up avec les ENRi "", les ENRi ne peuvent soutenir le réseau électrique avec nos modes de consommation actuels ainsi qu'avec les techniques de "distribution" à ce jour...
Sur "" SVP, combien de backup fossile en 2050 en France pour un mix énergétique majoritairement ENR ? Avec sources bien entendu. "" Sur la quantification exacte du Back-Up Fossile, cela devrait être à 0 d'après RTE, cela dépendra des scénarios à voir si on y arrivera (perso, j'ai des doutes (Hélas !)). Pour les Sources je ne peux que vous inviter à consulter les résultats du Travail de RTE (page 17 pour le résumé des scénarios) - https://assets.rte-france.com/prod/public/2021-12/Futurs-Energetiques-2…
Et Si vous voulez plus de Détails le rapport complet - https://www.rte-france.com/analyses-tendances-et-prospectives/bilan-pre… - Le rapport complet est à télécharger.

Une partie du Back-Up du système électrique et des ENRi le composant est dans la colonne : "" BOUQUET DE FLEXIBILITÉS EN 2050 "". Du Scénario M0 à N3, les variations sont importantes, mais reposent sur les mêmes bases communes de l'autre partie du Back-up soit 8GW de STEP (pour 5GW en service à ce jour - à noter que faire une grosse STEP peut prendre 10 à 15 ans voir 20 ans de la décision jusqu'à la livraison... et on n'en parle pas), et 39 GW de capacités d'échanges avec nos voisins (on en est aussi encore bien loin, et cela risque de "piquer" dans certaines zones lorsque les projets seront annoncés avec bien des oppositions locales) ...

A titre personnel je pense que l'on pourrait faire plus que 3GW de STEP additionnelles en étant réellement volontariste... Et cela serait profitable à tous les scénarios... (et aussi en étant "astucieux" pour un peu aider à passer les sécheresses comme cette année).

@Houyo, le Back-Up des ENRi ne sera pas que du Fossile (et heureusement), mais c'est une nécessité...
Le scénario N3 (quasi irréalisable dans le temps imparti) est celui avec le moins de Back-up... Le scénario M0 celui avec le plus de Back-Up mais aussi des contraintes sur la consommation avec des moyens de pilotage très importants ainsi que des systèmes de réglage de fréquence du réseau non éprouvé à ce jour et pas mal d'autres aspects techniques pas simples...
Moi je pense qu'on devrait partir sur du N1 ou N2... Après chacun son Avis. Mais parler davantage des contraintes et des solutions, plutôt que de rester bloquer sur le rêve qu'un système éolien + PV serait suffisant, c'est Bof et ça fait 15 ans que cela dure...

Albatros

Le titre est trompeur : "Plus d'éolien...". Plus du tout ? Ou bien davantage ?

sirius

Tant que persistera la distance de 500 m. entre une résidence et une éolienne de 200 m. de haut inutile de compter sur l'acceptation des victimes .de cette aberration .

Abadie

Tout a fait d'accord avec vous Sirius, personne ne doit être gêné par uneeolienne, mettons en unea l'Elysée pour voir la tête de Macron.q

Ajouter un commentaire