Pour l'AIE, les "tensions géopolitiques" menacent fortement l'action climatique

  • AFP
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L'Agence internationale de l'énergie (AIE) a appelé lundi à "mettre de côté les tensions géopolitiques" au sein de la communauté internationale pour avancer dans la lutte contre le changement climatique, jugeant une meilleure "coopération" indispensable pour respecter l'accord de Paris.

"L'objectif d'un réchauffement de 1,5°C" retenu en 2015 à Paris est "toujours à portée de main" mais il se heurte à "de nombreux défis", a mis en garde le directeur de l'AIE, Fatih Birol, lors d'une réunion internationale sur le climat et l'énergie à Madrid destinée à créer une "coalition de pays" à deux mois de la COP28.

Parmi ces défis, "celui qui me semble le plus important" est "la fragmentation géopolitique du monde", qui constitue "un obstacle majeur" pour l'atteinte de cet objectif, a poursuivi M. Birol devant une quarantaine de ministres et hauts responsables mondiaux des secteurs énergétiques et environnementaux.

D'après le responsable de l'AIE, les investissements "dans le domaine technologique et les énergies propres" connaissent actuellement "une très forte croissance". Mais "le manque de coopération internationale est un grave problème. Nous devons trouver le moyen de mettre de côté les tensions géopolitiques" entre pays, a-t-il plaidé.

Les discussions durant la COP28 seront sans doute "difficiles", a estimé la ministre espagnole de la Transition écologique, Teresa Ribera, en appelant à plus de "multilatéralisme" face aux "défis actuels". Le monde est confronté "à un problème global qui implique une réponse globale", a-t-elle insisté.

- "course contre-la-montre" -

Les sources de crispation au sein de la communauté internationale se sont multipliées ces derniers mois, en raison notamment de l'invasion de l'Ukraine par la Russie et de la rivalité croissante entre les Etats-Unis et la Chine, qui font craindre de voir la question climatique passer au second plan.

La 28e Conférence sur le climat des Nations unies (COP28), qui se tiendra du 30 novembre au 12 décembre à Dubaï (Emirats arabes unis), doit permettre à la communauté internationale d'avancer sur le chemin de la réduction des gaz à effet de serre et de la transition énergétique.

Elle sera aussi l'occasion de faire le point sur les engagements des pays pour tenir les objectifs de l'accord de Paris, qui vise à contenir le réchauffement en dessous des 2°C et si possible à 1,5°C par rapport à l'ère pré-industrielle, une limite qui semble difficile à atteindre au vu des trajectoires actuelles.

"Le processus de transition verte doit être accéléré: c'est une course contre-la-montre", a insisté Teresa Ribera lors d'une conférence de presse à l'issue de la réunion de Madrid. La ministre a toutefois estimé qu'il y avait encore "de la place pour l'optimisme" concernant la COP28.

Selon l'AIE, plusieurs conditions devront être remplies pour que la conférence de Dubaï puisse être considérée comme un succès. Parmi elles figure un triplement des investissements dans les renouvelables et un mécanisme de financement pour soutenir les énergies propres dans les pays en développement.

En novembre 2022, la COP27 organisée en Egypte s'était terminée sur un compromis actant le principe d'un fonds spécifique pour les pays vulnérables. Mais aucune avancée n'avait été obtenue sur la sortie des énergies fossiles, jugée urgente par l'AIE au vu de la situation climatique.

Les mois de "juillet et août" ont été "peut-être les plus chauds de l'histoire, et il semble que 2023 sera l'année la plus chaude jamais enregistrée", a rappelé lundi Fatih Birol, alors que les catastrophes climatiques (canicules, inondations, incendies...) se multiplient sur tous les continents.

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