Radioactivité : « aucun risque en Polynésie » selon le délégué à la sûreté nucléaire et à la radioprotection

  • AFP
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Vingt-cinq ans après la fin des essais nucléaires dans l'archipel des Tuamotu, le délégué à la sûreté nucléaire et à la radioprotection, François Bugaut, a affirmé à l'AFP qu'"il n'y a aucun risque lié à la radioactivité en Polynésie".

Le livre-enquête "Toxique", paru en mars, soutenait le contraire, estimant notamment que l'armée et la France avaient minoré les retombées atmosphériques après les essais nucléaires et les doses reçues par les Polynésiens. "Ce qui a été écrit est faux", a déclaré M. Bugaut, lors d'un déplacement à Papeete et sur les atolls de Moruroa et Hao cette semaine, indiquant qu'un autre ouvrage, présentant des données scientifiques "accessibles à tous", serait publié dans les prochains mois.

Les informations divulguées dans "Toxique", une enquête du média d'investigation en ligne Disclose, avaient suscité une vague d'indignation en Polynésie. Une délégation menée par le président polynésien Edouard Fritch avait demandé, en juillet dernier, des explications et des engagements aux ministères de la défense, de la santé et des Outre-mer, ainsi qu'au président.

Fin juillet à Papeete, Emmanuel Macron s'était engagé à l'ouverture des archives sur le nucléaire, à la dépollution des sites et à une meilleure indemnisation des victimes. La Commission d'information auprès des anciens sites d'expérimentations nucléaires du Pacifique a présenté, mardi à Papeete, un bilan de la surveillance de la radioactivité en Polynésie. Elle est jugée "très faible", à partir de prélèvements effectués dans l'air, les eaux, les sols et les denrées alimentaires.

La commission a également jugé "extrêmement peu probable" le risque de glissement d'une loupe (énorme masse, ndlr) de calcaires à Moruroa, qui provoquerait une vague importante et une inondation de la zone de vie de cet atoll, où résident trois techniciens civils et 27 militaires. Le système de surveillance géomécanique Telsite 2 permettrait, selon le rapport, d'annoncer ce glissement "plusieurs semaines à l'avance". Pour démontrer sa volonté de transparence, la Commission avait convié mercredi à Moruroa la presse locale et la militante anti-nucléaire Léna Normand, vice-présidente de l'association 193.

Mais la visite de l'"atoll du grand secret" n'a pas rassuré Mme Normand. "Ils disent que tout est propre et maîtrisé mais pas du tout, ils ne savent pas répondre à mes questions, même les plus simples", a-t-elle déclaré à l'AFP. "Ils disent qu'il n'y a aucun risque mais ne mangent pas les poissons par principe de précaution : il y a beaucoup d'incohérences".

Sur les 31 premiers cartons d'archives consultés depuis les engagements du chef de l'Etat, "seuls 2% des documents sont totalement inaccessibles, parce qu'ils contiennent des informations proliférantes, qui permettraient par exemple à un État voyou de développer la bombe", a expliqué Patrick Latron, directeur de cabinet de la ministre chargée de la Mémoire Geneviève Darrieussecq. Les autres documents, jusqu'ici classés secret-défense, vont pouvoir être consultés par les historiens. Mais seuls 3% des cent mètres linéaires de cartons d'archives sur les expérimentations nucléaires dans le Pacifique ont pour le moment été ouverts.

Commentaires

Serge Rochain

François Bugaut, a affirmé à l'AFP qu'"il n'y a aucun risque lié à la radioactivité en Polynésie".
Et la preuve, c'est qu'il le dit !

LIVOLSI Jacques

Question pour Monsieur Rochain...
Avez-vous déjà été en Polynésie, et avez-vous eu l'occasion de discuter de cette problématique des conséquences sanitaires liées aux essais nucléaires avec des polynésiens ?
Avant de cautionner des propos tenus par M. Bugaut, qui n'a d'autre choix que de dire ce que l'état lui impose de dire, il faudrait faire tourner vos neurones 7 fois dans votre tête avant de dire des contre vérités.
Les faits sont là, et nombreuses sont les victimes de cette période noire de la force de disuasion française. Alors un peu de respect pour les autochtones qui sont mieux placés qu'un certain M. Bugaut ou Rochain...
C'est dit aussi

Serge Rochain

Monsieur Livolsi, je crains que n'étant pas adepte de l'ironie, vous n'ayez mal interprété ma remarque en réponses aux propos méprisables et hypocrites de M. Bugaut.
Sous une forme entendu, elle sous-tend qu'Il ne suffit pas d'affirmer pour convaincre, sur des sujets aussi graves il faut prouver ses allégations. Ce que M. Bugaut serait certainement bien incapable de faire. Mais c'est une constante du monde nucléaire que de s'appuyer sur le mensonge, j'en ai la preuve tous les jours.
Ceci-dit, oui, j'ai passé près de deux mois de ma vie en Polynésie dan s l'archipel du vent, à Maïna au nord de Tahiti, si vous connaissez, une sorte de "banlieue" de Papeete bien agréable. Mais j'ai un peu rayonné dans l'archipel, Morea, et Tétiaroa. Mais, ces autres archipels étant trop loin, je ne suis pas allé aux Tuamotu et aux Gambiers où se trouvent probablement l'essentiel des victimes de ces essais nucléaires. Il ne faut pas oublier que la Polynésie française, c'est grand comme l'Europe au beau milieu de Pacifique.
Bien cordialement
Serge Rochain

Jacques LIVOLSI

Monsieur Rochain,
Effectivement, j'avais mal interprété votre commentaire initial, moi aussi j'ai eu l'occasion de séjourner quelques temps en Polynésie, pas assez longtemps malheureusement, et comme vous je me suis promené dans l'archipel de la Société et l'archipel des Tuamotu.
Quant au sujet concernant l'empoisonnement d'un nombre important d'autochtone suite aux essais nucléaires décrit dans le livre-enquête "Toxique", il a fait l'objet d'une enquête d'investigation par le média Disclose.ngo, dont voici le lien https://moruroa-files.org/fr/investigation/moruroa-files..
Cordialement
Jacques LIVOLSI

Serge Rochain

Merci pour le lien.
De toutes les façons, ce n'est pas pour rien qu'on appelle l'administration militaire "La grande muette" !
Bien cordialement

Durand Albert

Mon oncle qui était légionnaire en poste à Muruora au moment des essais est décédé d'un cancert de la thyroïde, comme quelques uns de ses camarades. Il était persuadé que c'était du fait de la radioactivité, mais l'armée s'est efforcée de le convaincre qu'il n'y avait aucun risque bien sûr, simple fantasme.

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