Reconversion de la centrale à charbon de Gardanne : le projet de production de carburants renouvelables revu à la baisse

  • AFP
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L'implantation d'une unité de production de carburants renouvelables sur le site de la centrale thermique de Gardanne (Bouches-du-Rhône), anciennement alimentée au charbon, se fera bien d'ici 2025 mais avec une capacité de production réduite par rapport au projet initial.

Porté par l'entreprise Hy2gen, société pionnière de l'hydrogène vert basée en Allemagne, le projet a été modifié après une concertation publique, dont les conclusions ont été publiées mardi, pour tenir compte des critiques de riverains qui s'inquiétaient pour leur santé dans un territoire déjà fortement industrialisé. La future unité ne sera plus classée comme Seveso - une mention désignant les sites industriels à risques - après la décision de l'industriel d'abandonner la production de méthanol qui devait approvisionner les navires sur les ports de Marseille-Fos et de Toulon.

Hy2gen a précisé ne vouloir se concentrer à l'avenir que sur la production de "carburants pour l'aviation". Le mécanisme pour obtenir ce kérosène se ferait par distillation, processus ne nécessitant par l'installation d'une torchère qui inquiétait les riverains. La capacité de production totale du site à partir d'hydrogène vert et de biomasse va également être réduite de moitié pour atteindre les 50 000 litres de kérosène par jour au lieu des 100 000 litres prévus au départ. Cette division par deux de la production permettra, selon Hy2gen, de limiter l'exploitation de bois d'origine forestière pour se concentrer davantage sur des "résidus de biomasse, mais aussi des matières végétales non-alimentaires tels que noyaux d'olives, ceps de vigne".

Le budget global de ce nouveau projet est désormais de 250 millions d'euros contre 460 millions d'euros dans la mouture initiale. De nouvelles concertations doivent avoir lieu d'ici à l'automne 2023 avant de nouvelles études de faisabilités, puis une enquête publique au premier trimestre 2024.

La mise en service de ce projet, présenté jusqu'ici sous le nom de "Hynovera" mais qui va être rebaptisé, est désormais prévue pour fin 2028 avec une cinquantaine d'emplois directs à la clé et 200 indirects, selon l'entreprise. L'entreprise se partagera le site, sur lequel était implantée une ancienne usine à charbon fermée fin 2020, avec une centrale à biomasse exploitée par GazelEnergie, une filiale du groupe EPH de l'homme d'affaires tchèque Daniel Kretinsky et propriétaire foncier du lieu depuis 2019.

Après des mois de conflits sociaux liés à la reconversion des 98 emplois supprimés, dont une cinquantaine de départs volontaires, l'Etat, l'exploitant GazelEnergie et les partenaires sociaux ont signé en avril 2022 un accord promettant l'embauche de huit salariés et la reconversion à terme de 26 autres sur la centrale biomasse.

Depuis, la centrale de Provence (Gardanne-Meyreuil), qui emploie 80 salariés, a redémarré et espère se rapprocher de son objectif de 150 mégawatts, "soit la consommation d'énergie de 250 000 foyers", a indiqué à l'AFP mercredi GazelEnergie.

Votée en septembre 2019, la loi Énergie et Climat vise la neutralité carbone à l'horizon 2050. Elle prévoit notamment une baisse de 40% de la consommation d'énergies fossiles d'ici à 2030 et avait validé la fermeture en 2022 des dernières centrales à charbon, une énergie qui représente moins de 1% de la production électrique française actuelle.

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