Remous chez EDF autour d'un projet saoudien de centrale hydroélectrique

  • AFP
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La participation d'EDF à un appel d'offres pour un projet de centrale hydroélectrique en Arabie saoudite a suscité des remous au sein de l'énergéticien français dont la direction a été interpellée par des salariés.

Saisi par des salariés préoccupés par l'impact environnemental et les droits humains, "FO a fait une alerte éthique", a rapporté vendredi à l'AFP Jean-Yves Segura, délégué syndical FO et élu au CSE du Centre d'ingénierie hydraulique (CIH), confirmant des informations de Radio-France.

L'alerte éthique, lancée en 2022, visait à demander si le projet était "bien conforme à notre raison sociale et économique", a indiqué M. Segura. La direction de l'entreprise publique, estimant que c'était le cas, a "classé" l'alerte, selon le syndicaliste.

Depuis, les salariés ont été informés fin janvier qu'EDF avait été retenu pour réaliser les études techniques relatives à ce projet.

Certains salariés s'alarment de l'impact de ce projet qui suppose de pomper de l'eau de mer et de la dessaler, pour faire fonctionner le barrage qui doit alimenter en électricité NEOM. Cette mégapole futuriste en construction, un projet de 500 milliards de dollars, abritera notamment "The Line", des gratte-ciels parallèles recouverts de miroirs s'étendant sur 170 kilomètres de désert.

Barrages d'un genre particulier, les Step (station de transfert d'énergie par pompage) fonctionnent comme des "méga-batteries" à ciel ouvert, grâce à un système de turbines qui permet de lâcher puis de repomper l'eau.

Concrètement, cette Step "servira à stocker le surplus d'électricité qui vient du solaire et de l'éolien, pour garantir la continuité d'approvisionnement en électricité de la zone", notamment la nuit, a expliqué M. Segura à l'AFP.

"EDF, en consortium avec Tractebel Engineering SA et Artélia SAS, a répondu le 30 juillet 2023 à l'appel d'offres pour la fourniture de prestations de services" en lien avec ce projet de Step appelé NESTOR, a indiqué la direction du groupe.

Un contrat signé début 2024 couvre pour l'instant "des études préalables" sur le projet "jusqu'à la signature des contrats de construction", a précisé EDF.

Ce projet permettrait "d'accompagner la transformation d'un pays qui se prépare à l'après-pétrole" et "le respect des droits humains fondamentaux ainsi que des standards environnementaux et sociétaux constituent une condition préalable pour chaque projet auquel EDF prend part", souligne l'entreprise.

"Dans le cadre de notre alerte, on a demandé à ce que des agents à qui ça posait problème puissent se retirer. On ne l'a obtenu que partiellement, parce que comme les compétences ne sont pas infinies, il y a des compétences qui n'ont pas d'autre choix que de travailler dessus", a indiqué M. Segura.

EDF assure avoir "laissé le choix aux salariés de ne pas contribuer au projet s'ils le souhaitaient".

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