- Connaissance des Énergies avec AFP
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La rentrée 2022 dans les transports franciliens est loin d'être un long fleuve tranquille pour l'autorité organisatrice, Ile-de-France mobilités (IDFM), dont la présidente Valérie Pécresse doit trouver de l'argent pour éponger la dette tout en assumant une offre dégradée en raison de défaillances des opérateurs.
Des lignes de bus fonctionnant mal, des temps d'attente rallongés dans le métro, des retards sur des chantiers importants comme le prolongement du RER E ou le renouvellement du système d'exploitation des RER B et D... et la perspective, agitée comme un épouvantail par Mme Pécresse, d'une augmentation du pass Navigo.
L'équation fait protester les usagers, et l'opposition régionale de gauche critique la gestion de la présidente de région.
La possible hausse du prix du Navigo "est la résultante de la passivité de la droite régionale depuis deux ans", a dénoncé vendredi dans un communiqué Céline Malaisé, la présidente du groupe communiste au Conseil régional.
La crise de financement subie par IDFM "traîne depuis 30 mois et Valérie Pécresse n'a pas souhaité la traiter avant les élections régionales de juin 2021 et avant l'élection présidentielle de 2022" où elle était candidate, dénonce le groupe, qui siège au conseil d'administration d'IDFM, dans une note envoyée aux députés de la Nupes.
Lundi soir, Mme Pécresse a évalué à 950 millions d'euros les surcoûts d'exploitation des transports franciliens en 2023 en raison de l'explosion prévisible des tarifs de l'électricité.
- Pass à 100 euros ? -
Lors du conseil d'administration d'IDFM, elle a obtenu le vote de 100 millions d'euros de contributions supplémentaires de la part des collectivités locales et dit avoir obtenu 100 millions d'euros de la SNCF et autant de la RATP.
Avec 200 millions d'euros d'économie réalisées, "il nous reste donc 450 millions d'euros à trouver", a résumé Mme Pécresse.
Parmi les pistes: une augmentation du versement mobilité - une taxe sur la masse salariale des entreprises de plus de 11 salariés - et une baisse de la TVA sur les transports en commun à 5,5% contre 10% actuellement, des mesures qui sont du ressort de l'Etat, ainsi qu'une reprise dans les comptes publics des 2 milliards d'euros de dette d'IDFM liés au Covid-19.
"La balle est dans le camp de l'Etat", a martelé Valérie Pécresse, agitant la menace d'un pass à 100 euros si le gouvernement ne jouait pas le jeu.
"On pense qu'une hausse tarifaire est envisageable mais si elle est raisonnable", a prévenu Marc Pélissier, président de l'association des usagers de transport, rejetant fermement l'idée de faire passer le titre de transport mensuel à 100 euros contre 75,20 euros actuellement.
La décision d'augmenter ou non le tarif du sésame sera connue en décembre, lors du vote du budget d'IDFM pour 2023. D'ici là, l'offre notamment sur le bus devrait peu s'améliorer car il manque toujours 1.500 conducteurs sur 30.000 dans la région et il faut trois mois minimum pour en former de nouveaux.
- Fréquentation à 85% -
Si hausse tarifaire il y a, il faudra que "ça s'accompagne d'un objectif de revenir à une desserte normale", a insisté Marc Pélissier.
La décision en février 2022 d'entériner une desserte réduite sur certaines lignes est vue par l'opposition régionale comme une des raisons des difficultés dans les transports franciliens.
En Ile-de-France, la fréquentation dans les transports publics n'est toujours qu'à 85% de son niveau pré-Covid, tandis que l'offre atteint 98%, assure IDFM.
Mais il y a des problèmes localisés. "Sur le métro par exemple la ligne 11 est à 85% de la fréquence d'avant Covid et elle est fréquentée à 97% par rapport à 2019", affirme Marc Pélissier.
Les conséquences sont des temps d'attente rallongés et des rames saturées, selon les associations d'usagers, pour seulement "60 millions d'euros d'économie par an".
"Aujourd'hui les opérateurs ont déjà du mal, notamment sur le bus, à atteindre les objectifs fixés par IDFM", affirme pour sa part un porte-parole de l'autorité organisatrice.