- Connaissance des Énergies avec AFP
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Les groupes énergétiques britannique SSE et allemand Innogy ont annoncé vouloir fusionner leur activité pour les particuliers au Royaume-Uni, ce qui pourrait créer le premier fournisseur d'électricité au Royaume-Uni.
Dans un communiqué diffusé mercredi, SSE a expliqué qu'il allait scinder son activité de détail, qui fusionnera ensuite avec npower, l'activité de fourniture d'électricité et de gaz au Royaume-Uni d'Innogy. Le nouveau groupe fusionné serait coté à la Bourse de Londres et appartiendrait à 65,6% aux actuels actionnaires de SSE et à 34,4% à ceux d'Innogy.
Sur la base des parts de marchés des deux contributeurs au deuxième trimestre 2017, le nouveau groupe pourrait fournir l'électricité à près d'un quart des ménages britanniques (24%). Il prendrait la première place devant British Gas (22%) et dépasserait les autres membres de l'actuel "groupe des six" dominant le marché, qui serait réduit à cinq, comprenant aussi le français EDF, l'allemand E.ON et le britannique Scottish Power dont le maison mère est l'espagnol Iberdrola. Il alimenterait aussi 19% des foyers en gaz, d'après les dernières données du régulateur du secteur de l'énergie, l'Ofgem, ce qui le placerait en deuxième position derrière British Gas (33%) sur ce point.
SSE a précisé qu'ensemble, les deux entreprises fourniraient de l'énergie à quelque 11,5 millions de clients, des entreprises et des particuliers en l'occurrence. L'actuelle maison mère de npower, Innogy, est elle-même une filiale du géant allemand RWE.
Pour expliquer cette volonté de fusionner, SSE a mis en avant l'intérêt à "combiner les ressources et l'expérience de deux acteurs établis, disposant de l'agilité d'un groupe indépendant", les activités au détail des deux contributeurs étant scindées de leur propriétaire actuel avant la fusion. "Avec un conseil d'administration propre et une équipe de direction spécialisée (...), la nouvelle activité sera capable de conduire sa propre stratégie" et de réagir plus vite aux tendances du marché, a ajouté SSE.
Le club des cinq ?
Le directeur général d'Innogy, Peter Terium, a également défendu l'intérêt de ce rapprochement. "Lorsque nous contemplons les conditions très concurrentielles et l'environnement politique incertain du marché de l'énergie au détail au Royaume-Uni, il nous semble clair que npower serait mieux placé (...) en faisant partie d'une nouvelle entreprise ayant la capacité d'affronter les défis à venir", a-t-il expliqué.
Le gouvernement conservateur de la Première ministre Theresa May s'est engagé à fixer un plafond aux prix de l'énergie, notamment pour les ménages les plus modestes, au moment où le pouvoir d'achat des ménages britanniques est grignoté par une inflation revigorée par la dépréciation de la livre sterling sur fond de Brexit. SSE a souligné en outre que des "synergies" pourraient être réalisées, notamment en combinant les départements informatiques des deux sociétés, même si SSE a indiqué qu'"aucune décision n'avait été prise" à ce stade.
Les deux partenaires espèrent que la transaction sera bouclée au quatrième trimestre 2018 ou au premier trimestre 2019. Elle sera soumise à l'approbation des autorités de la concurrence, à l'accord des actionnaires de SSE et du conseil de surveillance d'Innogy, ainsi qu'à l'admission des actions de la nouvelles société à la Bourse de Londres.
Mike van Dulken, analyste chez Accendo Markets, a prévenu toutefois que ce projet "sera certainement décortiqué de près par les autorités de la concurrence et de régulation, qui voudront montrer qu'elles se soucient du sort du consommateur". "Transformer le « groupe des six » en « club des cinq » ne semble pas forcément aller dans l'intérêt du client, au moment où de nombreuses voix dénoncent un marché dysfonctionnel où les prix continuent d'augmenter", a ajouté M. van Dulken .
SSE et Innogy n'ont pas précisé la valeur de la transaction. Elles ont souligné que d'ici à ce que la fusion soit effective, elles continueraient de fonctionner de façon complètement indépendante.