Tempête boursière pour l'énergéticien Siemens Energy, emporté par une débâcle dans l'éolien

  • AFP
  • parue le

L'énergéticien allemand Siemens Energy a révélé vendredi que l'ampleur des défaillances d'éoliennes chez sa filiale Siemens Gamesa était bien plus importante et coûteuse que prévu, entraînant un plongeon record de son cours de bourse.

À 09h30 GMT, le titre Siemens Energy lâchait 32,7% à la Bourse de Francfort, faisant chuter d'environ 6 milliards d'euros la capitalisation boursière. Cette chute à Francfort est sans précédent depuis la faillite à scandale du prestataire de paiements Wirecard en juin 2020.

La réaction brutale du marché fait suite à la publication d'un communiqué jeudi soir dans lequel le groupe de Munich a fait état d'un "taux de défaillance significativement accru" de composants d'éoliennes, avec un coût tel de remise en état que les prévisions de résultats pour 2023 sont obsolètes.

La maison-mère de Siemens Gamesa prévoit en particulier plus d'un milliard d'euros de charges de remise en état des installations. Car un examen technique interne approfondi des parcs d'éoliennes a fait ressortir des résultats qui sont "bien pires que ce que j'aurais cru possible", a déclaré Jochen Eickholt, patron de Siemens Gamesa lors d'une conférence téléphonique au ton particulièrement sombre. Christian Bruch, PDG de Siemens Energy, a parlé d'une situation "amère".

Filiale à problème

Au cœur des problèmes rencontrés, des composants défectueux, principalement liés aux roulements et aux pales de rotor des turbines sur des installations terrestres, a déclaré M.Eickholt. La société n'a certes connu qu'"une poignée de pannes" sur un parc de plusieurs milliers de turbines, a-t-il ajouté.

Mais il faut évaluer "à quoi s'attendre au cours des 20 prochaines années" et envisager d'ores-et-déjà des mesures préventives. La filiale rencontre aussi des difficultés pour augmenter les capacités de production dans ses parcs d'éoliennes offshore. "C'est clairement décevant, alors que l'exercice 2024 promettait de voir la marge s'améliorer, les problèmes rencontrés par Gamesa étant censés se retrouver dans le rétroviseur", commente Philip Buller, analyste chez Berenberg.

Les difficultés de Siemens Gamesa, en concurrence avec le danois Vestas, pèsent sur le groupe allemand depuis longtemps, ce qui a incité Siemens Energy à prendre le contrôle total de l'entreprise l'an dernier après en avoir été actionnaire pendant plusieurs années.

Le groupe munichois voulait ainsi simplifier sa communication financière et tirer de meilleures synergies entre les divisions du groupe, qui réunit la construction de turbines électriques et la transmission d'énergie.

Or, ces attentes ne se sont pas "concrétisées comme nous l'avions prévu", a déclaré M.Eickholt, en partie à cause de la hausse des coûts des matériaux. En conséquence, "le redressement de Siemens Gamesa prendra plus de temps que prévu".

Siemens Energy a annoncé jeudi soir vouloir examiner "les hypothèses clés sous-tendant les affaires" de sa filiale à problème. L'éolien demeure "une activité très prometteuse", mais "nous devons nous attaquer (aux) problèmes de manière plus conséquente et plus efficace", a reconnu Christian Bruch vendredi.

Perte 2023 creusée

Les prévisions de résultats de Siemens Gamesa pour 2023 sont devenues caduques et, par conséquent, également celles de Siemens Energy. En mai, Siemens Energy s'attendait à dégager un résultat net négatif cette année pire que l'exercice précédent, déjà négatif de 712 millions d'euros.

Le groupe de Munich sera en mesure de fournir une nouvelle estimation de sa perte attendue et des coûts supplémentaires lors de la publication de ses résultats du troisième trimestre de l'exercice décalé, le 7 août. Le conglomérat Siemens, qui détient encore environ 33% de Siemens Energy, cédait près de 3% à 9h30 GMT.

Siemens a introduit Siemens Energy en bourse en septembre 2020 et le parcours erratique du titre a depuis un impact sur ses bénéfices.

Commentaires

sirius

Ce type d'information contribue à plus de lucidité dans le domaine éolien . .

EtDF

Tiré d'internet:
DEKRA accompagne Ailes Marines, filiale du groupe IBERDROLA, dans la construction de parc éolien offshore
"A l’heure où les objectifs de l’éolien en France ne cessent de se préciser, fort est de constater que ce secteur représente le plus fort potentiel de développement d'énergie en milieu marin dans la décennie à venir. Une énergie 100 % naturelle, renouvelable et durable, d’autant plus plébiscitée pour son avantage de ne connaître aucun risque de pénurie, à la différence par exemple de l’énergie nucléaire ou thermique". (LA ON RIGOLE.. UN PEU!)
Qui fabrique les éoliennes en mer ?
"L'usine Siemens Gamesa qui a ouvert au Havre en 2022 est la première usine au monde regroupant la production de nacelles et de pales offshore.7 sept. 2022"

Pendant que les pôvres actionnaires perdent des pales et des plumes ... le pôvre consommateur français paye son électricité plus cher pour cause de rachat obligatoire (ARENH) par EDF de la production éolienne (lorsqu'il y en a) à un tarif bien au dessus que ce qui vient du nucléaire ou de l'hydraulique... (LA ENCORE ON RIGOLE, MAIS JAUNE)..
En plus une bonne partie des installateurs, équipementiers et gestionnaires financiers des champs éoliens bénéficient des primes et généreuses subventions gouvernementales = nos impôts (ON RIT PLUS ENCORE JAUNE)
On a dit que les éoliennes ça durait déjà 20 ans (c'est déjà pas trop!), maintenant voila que le matériel Ibéro-Germanique casse bien plus vite que prévu.. C'est curieux les deux forts opposants à l'UE à accepter reconnaitre le nucléaire ressource sans carbone étaient.... l'Espagne et l'Allemagne . Et pour terminer.. c'est bien Siemens qui a quitté la coconstruction des EPR, pour devoir obliger AREVA à devoir reprendre sa part de technologie initiale mer... ique...
C'est curieux aujourd'hui on n'entend pas le retraité de Gamesa... ?? Roulement grippé???

Vlady

Siemens : qualité allemande ?? Ce n ' est pas la première fois que ce constructeur fait face à des défauts de construction ....

Jean FLUCHERE

Il suffit de constater tous les déboires depuis 2 ans de la partie conventionnelle de l'EPR Finlandais de construction Siemens pour constater que la qualité allemande n'est plus au rendez-vous.

KRIEGK Olivier

Si vous connaissez un peu le milieu de l'éolien, dans le mariage Siemens Gamesa d'il y a quelques années, c'est le portefeuille Gamesa qui a été retenu pour l'éolien terrestre, et la gamme Siemens pour le off shore.
Or, Gamesa, espagnol d'origine, avait une réputation désastreuse...

Rblase

Je suppose que l'état a largement participé à la construction de l'usine du Havre

regis

Ben ouais..
C'est pas faute de le dire depuis des années (..depuis la "libéralisation des marchés de l'énergie") qu'on allait dans le mur avec la vision uniquement technocratique d'un bien essentiel à l'économie et à la vie des gens..
"L'Eldorado" de la conquête de marchés à grand renfort de solutions technologiques non-abouties se transforme en Berezina.
Le problème, est qu'une fois de plus les salariés vont trinquer..et le contribuable aussi, pour éponger le bouillon..

Jean

Dans ce monde morose, pessimiste, déprimé, enfin une nouvelle revigorante qui nous vient de nos si excellents amis allemands.

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