Toshiba, un groupe en crise permanente depuis 2015

  • AFP
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Ancien fleuron industriel et technologique japonais dont les racines remontent à la fin du 19e siècle, Toshiba est secoué par des turbulences depuis plusieurs années et prévoit à terme de se scinder en deux entités distinctes.

Voici les grandes étapes de la saga mouvementée du groupe depuis 2015:

- 2015: scandale des comptes truqués -

En avril 2015, Toshiba évoque des soupçons d'erreurs dans ses comptes. Le scandale enfle les mois suivants: ses comptes ont été enjolivés de plus d'un milliard d'euros au total dans plusieurs divisions entre 2008 et 2014.

L'action Toshiba s'effondre. Son PDG démissionne et une profonde restructuration est lancée. Le groupe de 200.000 salariés à l'époque n'en compte plus que 117.000 actuellement.

- 2016: cessions et nouveaux soucis -

Obligé de se renflouer rapidement, Toshiba multiplie les cessions d'actifs, dans les équipements médicaux et dans l'électroménager notamment.

Le groupe subit malgré tout une perte nette équivalente à 3,8 milliards d'euros sur son exercice 2015/2016.

Fin décembre, Toshiba annonce de possibles dépréciations se chiffrant en milliards de dollars liées à sa filiale américaine d'équipements nucléaires Westinghouse.

- 2017: la débâcle Westinghouse -

Westinghouse est mise en faillite fin mars. Les énormes dépréciations liées à son naufrage infligent à Toshiba une perte nette record de 7,5 milliards d'euros en 2016/17. Le groupe risque d'être radié de la Bourse de Tokyo s'il ne redevient pas solvable rapidement.

Toshiba se résout à vendre son joyau, sa filiale de puces-mémoires Toshiba Memory, et boucle en fin d'année une augmentation de capital équivalente à quelque 4,5 milliards d'euros. De nombreux fonds activistes étrangers s'engouffrent dans la brèche.

- 2018: méga-cession de Toshiba Memory -

La vente de Toshiba Memory à un consortium mené par le fonds américain Bain Capital est bouclée le 1er juin pour 18 milliards d'euros. Toshiba rachète toutefois 40% de son ancienne filiale, rebaptisée Kioxia.

Toshiba a auparavant échappé à sa radiation de la Bourse de Tokyo en vendant Westinghouse et des droits de créances sur cette société.

D'autres cessions d'actifs et des restructurations supplémentaires ont lieu. NuGen, la filiale britannique de Toshiba dans le nucléaire, est liquidée, et le groupe ne reste dans l'atome qu'au Japon, où il est notamment engagé dans le démantèlement de la centrale de Fukushima Daiichi, ravagée par le tsunami de 2011.

- 2019-2020: les activistes grognent -

Toshiba continue à assainir ses finances et à réformer sa gouvernance, avec désormais une majorité d'administrateurs externes.

Mais d'autres scandales de maquillage de comptes éclatent dans des filiales, et les relations avec ses actionnaires activistes se détériorent.

La crise devient ouverte après l'assemblée générale (AG) ordinaire du 31 juillet 2020. Soupçonnant des irrégularités durant cette AG, des actionnaires activistes réclament une enquête indépendante.

- 2021: rébellions, démissions et projet de scission -

Toshiba revient fin janvier sur le premier tableau de la Bourse de Tokyo, dont il avait été banni en 2017.

En mars, un vote des actionnaires force la direction du groupe à accepter l'ouverture d'une enquête indépendante sur son AG de 2020.

En avril, Toshiba annonce avoir reçu une proposition de rachat par la société de capital-investissement CVC Capital Partners qui valoriserait le groupe à près de 21 milliards de dollars, selon la presse.

Une semaine plus tard, le directeur général de Toshiba, Nobuaki Kurumatani, est limogé. L'offre de rachat de CVC est enterrée peu après.

Début juin, le rapport indépendant sur l'AG de 2020 est publié, concluant que Toshiba avait manoeuvré avec le ministère de l'Économie, du Commerce et de l'Industrie (Meti) pour empêcher certains actionnaires d'exercer leurs droits.

Lors de l'AG ordinaire du groupe le 25 juin, les actionnaires rejettent la réélection du président du conseil d'administration, Osamu Nagayama, un vote sanction rarissime au Japon. Satoshi Tsunakawa, devenu directeur général de Toshiba en avril, est nommé PDG par intérim.

Le 12 novembre, Toshiba, pressé depuis longtemps par ses actionnaires de maximiser sa valeur, annonce vouloir se scinder en trois entreprises indépendantes dans la seconde moitié de son exercice 2023/24, afin d'améliorer la valeur et la compétitivité de ses activités très hétéroclites.

- 2022: nouveau remue-ménage -

Le 7 février, face au manque d'enthousiasme de certains de ses actionnaires pour son plan de scission, Toshiba décide de le simplifier en ne prévoyant plus que deux entités indépendantes.

Le 1er mars, Satoshi Tsunakawa cède par surprise son poste de directeur général, tout en restant président du conseil d'administration. Recruté en interne, Taro Shimada, 55 ans, devient directeur général.

Toshiba explique avoir voulu ainsi lever les incertitudes sur sa future gouvernance, alors qu'un vote consultatif de ses actionnaires sur son projet de scission est prévu le 24 mars lors d'une AG extraordinaire.

etb/er

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