Total annonce 8,1 milliards de dollars de dépréciations d'actifs

  • AFP
  • parue le

Prenant acte de la chute des cours du pétrole et de la transition énergétique, Total a annoncé mercredi des dépréciations d'actifs pour 8,1 milliards de dollars, pour l'essentiel sur les sables bitumineux au Canada.

D'autres géants du secteur comme BP, Shell et ExxonMobil avaient déjà réévalué massivement à la baisse plusieurs de leurs actifs ces dernières semaines.

A son tour, le géant français a indiqué que ses résultats du deuxième trimestre, qui seront publiés jeudi matin, seraient plombés par des dépréciations exceptionnelles de 8,1 milliards, dont 7 milliards pour le seul Canada.

La révision de la valeur comptable des actifs de Total fait d'abord suite à la chute des cours en raison de la pandémie de Covid-19 (pour 2,6 milliards). La valeur du baril s'est en effet effondrée avec la crise sanitaire, qui a quasiment cloué au sol les avions, tandis que les pays producteurs ont tardé à fermer les vannes dans un marché saturé de pétrole.

"Compte tenu de l'évolution à la baisse du prix du baril en 2020, Total a décidé de réviser les hypothèses de prix sur les prochaines années", explique le groupe dans un communiqué.

Il retient ainsi l'hypothèse d'un baril de Brent valant 35 dollars cette année, puis qui remonte jusqu'à 60 dollars en 2023. Pour la suite, Total imagine un prix de long terme de 50 dollars.

L'effet de ces nouvelles hypothèses porte essentiellement sur les sables bitumineux canadiens (1,5 milliard) et dans une moindre mesure sur les actifs de gaz naturel liquéfié (GNL) en Australie (pour 800 millions).

- Impact climatique -

Le groupe juge qu'il s'agit d'"impacts limités" car portant sur moins de 2% de ses actifs.

Total a par ailleurs passé en revue ses actifs au regard de la transition énergétique et de la lutte contre le changement climatique, un domaine dans lequel l'entreprise a annoncé récemment de nouveaux objectifs.

"En cohérence avec sa nouvelle ambition climat exprimée le 5 mai 2020 qui vise à la neutralité carbone, Total a passé en revue ses actifs pétroliers pouvant être qualifiés de +stranded assets+", une expression qui désigne des actifs "échoués" ou "bloqués" ayant perdu leur valeur.

Pour ce calcul, Total a retenu des réserves de plus de 20 ans et ayant des coûts de production élevés, dont la totalité des réserves pourraient donc ne pas être produites avant 2050.

En d'autres termes, le groupe suppose que dans un futur où la demande pétrolière aura tendance à baisser, une partie de ses hydrocarbures en réserve restera peut-être dans le sous-sol, et ce seront naturellement les plus chers à produire qui seront d'abord abandonnés.

Selon Total, les seuls projets concernés sont les projets de sables bitumineux canadiens de Fort Hills et Surmont. Cela se traduit par une dépréciation exceptionnelle complémentaire de 5,5 milliards passée au deuxième trimestre.

Les sables bitumineux sont en effet décriés pour le coût économique, mais aussi environnemental, de leur extraction. Présent sous forme sablonneuse dans le sous-sol, le pétrole est produit au terme d'un long processus polluant et énergivore.

Total avait ces dernières années progressivement réduit son exposition à cette activité au Canada sans toutefois l'abandonner totalement.

jmi/soe/LyS

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