Uramin: l'enquête est "loin de piétiner", se défend le parquet financier

  • Connaissance des Énergies avec AFP
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L'enquête sur le rachat d'Uramin par Areva en 2007 est "loin de piétiner", s'est défendu jeudi le parquet national financier répondant à une mise en cause de l'association anticorruption Sherpa.

Cette controverse intervient au moment où Areva, dans le rouge depuis quatre années, a annoncé un plan d'un milliard d'économies. François Hollande a demandé à ses dirigeants et à ceux d'EDF d'engager un "rapprochement".

La société minière canadienne Uramin, qui ambitionnait d'exploiter des gisements d'uranium dans plusieurs pays africains, avait été achetée à prix d'or, pour 2,5 milliards de dollars environ, soit 1,8 milliard d'euros.

Mais après le départ de sa dirigeante Anne Lauvergeon, Areva avait divisé par cinq la valeur comptable de cette société et le groupe avait dû inscrire dans ses comptes de 2010 et 2011 des provisions de près de 1,9 milliard d'euros.

La justice cherche notamment à établir si les difficultés posées par l'exploitation des mines ont pu être délibérément dissimulées avant le rachat et si les provisions ont été délibérément prises trop tard pour retarder la découverte de l'effondrement de la valeur d'Uramin.

"Loin de piétiner, les investigations suivent pleinement leur cours", a assuré dans un communiqué Elianne Houlette, procureur national financier.

Après un signalement de la Cour des Comptes, une enquête préliminaire avait été confiée en avril 2014 à la brigade financière de la PJ parisienne.

Elle visait des faits présumés de "présentation ou publication de comptes inexacts ou infidèles", de "diffusion d'informations fausses ou trompeuses" et de "faux et usage de faux".

Depuis, "plus de 200 procès-verbaux et une quinzaine de perquisitions ont été réalisées. Plusieurs centaines de scellés, dont un million de fichiers informatiques sont en cours d'exploitation. Deux demandes d'entraide pénale internationales adressées à des autorités judiciaires étrangères sont en cours d'exécution", a énuméré le PNF.

Pour l'association Sherpa au contraire, "l'enquête piétine, les citoyens payent la facture".

"Huit ans après l'achat d'Uramin, aucune mine n'a encore été exploitée alors que d'importants frais ont été engagés avec l'installation d'équipements pour l'exploitation des gisements, notamment en Namibie", selon Sherpa.

En juin 2014, des perquisitions avaient notamment été menées chez des acteurs du rachat d'Uramin, dont le domicile d'Anne Lauvergeon, ainsi que le siège d'Areva.

En mai, Anne Lauvergeon s'était dite victime "d'un certain acharnement" et avait défendu l'achat d'Uramin, se faisant l'avocate d'un modèle intégré susceptible d'assurer au groupe son approvisionnement en uranium.

Elle avait également invoqué la crise financière de 2008, survenue quelques mois après l'acquisition, puis la catastrophe nucléaire de Fukushima en 2011 qui devait faire plonger le cours de l'uranium.

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