Venezuela : arrivée prochaine de navires pétroliers iraniens, les États-Unis aux aguets

  • AFP
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Le président Nicolas Maduro a célébré mercredi l'arrivée annoncée au Venezuela de navires pétroliers envoyés par l'Iran, une livraison que Téhéran a sommé les États-Unis de ne pas entraver par des mouvements de leur marine dans les Caraïbes. "Nous sommes prêts à tout et à tout moment", a déclaré M. Maduro dans une allocution sur la chaîne de télévision gouvernementale, remerciant son allié iranien pour son soutien face à l'hostilité ouverte de Washington.

Le ministre vénézuélien de la Défense, Vladimir Padrino Lopez, a souligné que Caracas prendrait des mesures militaires pour protéger l'arrivée prochaine des tankers iraniens et de leur cargaison d'essence et d'autres produits pétroliers. "Ces navires, lorsqu'ils entreront dans notre zone économique exclusive, seront escortés par des navires et des avions des forces armées" vénézuéliennes, a déclaré le ministre à la télévision. Le chef de l'opposition vénézuélienne, Juan Guaido, a condamné la venue des navires iraniens.

Selon des informations de presse, cinq pétroliers ont quitté l'Iran ces derniers jours et font route vers les Caraïbes vénézuéliennes. Les États-Unis ont annoncé début avril une plus grande surveillance du crime organisé dans cette région, y déployant entre autres des navires de combat. Ni M. Maduro ni son ministre de la Défense n'ont révélé la date à laquelle les pétroliers sont attendus au Venezuela, où la pénurie de carburants a été aggravée par la crise sanitaire du coronavirus.

Avertissement iranien

Dans une lettre adressée au secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, a lancé dimanche un avertissement contre toute action de la marine américaine dans les Caraïbes qui viserait à perturber la livraison de pétrole iranien au Venezuela.

Une action de ce genre serait "illégale et (constituerait) une forme de piraterie", et les États-Unis seraient responsables "des conséquences" qui s'en suivraient, a déclaré le chef de la diplomatie iranienne. L'adjoint de M. Zarif, Abbas Araghchi, a convoqué l'ambassadeur suisse à Téhéran, qui représente les intérêts américains en Iran, afin de lui transmettre "ce sérieux avertissement". L'agence de presse iranienne Fars, proche des ultraconservateurs, a affirmé samedi disposer d'informations faisant état du déploiement de quatre navires de guerre américains dans les Caraïbes pour "une possible confrontation avec les pétroliers iraniens".

L'amiral américain Craig Faller, qui dirige le commandement Sud des Etats-Unis dans les Caraïbes, a déclaré lundi que les États-Unis suivaient "avec inquiétude" les actions de l'Iran concernant le Venezuela, bien qu'il ait refusé de s'exprimer spécifiquement sur les pétroliers iraniens.

Les tensions constantes entre Washington et Caracas se sont encore accrues après l'incursion maritime manquée des 3 et 4 mars que les autorités vénézuéliennes décrivent comme une tentative de renversement de M. Maduro fomentée par les États-Unis. Washington, qui qualifie le président Maduro de "dictateur" et souhaite sa chute, a imposé des sanctions sur les exportations de brut du Venezuela et de l'Iran, ainsi qu'à l'encontre de nombreux responsables gouvernementaux et militaires des deux pays.

Le Venezuela possède les plus grandes réserves de pétrole au monde mais sa production est en chute libre. Caracas estime que les sanctions américaines sont responsables de cet effondrement. Des experts l'attribuent à des choix politiques erronés, au manque d'investissement et à la corruption.

Le chef de l'opposition à M. Maduro, Juan Guaido, a critiqué mercredi l'arrivée annoncée du pétrole iranien, affirmant qu'il avait été payé par les responsables de Caracas avec de l'or extrait illégalement dans les zones minières du sud du Venezuela. "Ils paient cette essence avec l'or du sang", a déclaré M. Guaido dans une visioconférence organisée par le Dialogue interaméricain, un centre de réflexion qui a son siège à Washington.

« Un motif d'alarme »

M. Guaido, qui considère M. Maduro comme illégitime, s'est proclamé en janvier 2019 président par intérim du Venezuela, et il est reconnu comme tel par une cinquantaine de pays avec à leur tête les États-Unis. Le renforcement des liens entre le Venezuela et l'Iran matérialisé par l'arrivée annoncée des pétroliers iraniens inquiète M. Guaido, qui considère ce développement comme "un motif d'alarme" pour toute la région.

L'Iran a manifesté de nombreuses fois son appui à M. Maduro, qui est aussi soutenu par la Russie, la Chine, la Turquie et Cuba. Les étroites relations entre Caracas et Téhéran datent de l'époque du président Hugo Chavez (1999-2013), mentor et prédécesseur de Nicolas Maduro.

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atou

après l'incursion maritime manquée des 3 et 4 MAI

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