Voitures électriques: les constructeurs foncent vers l'inconnu

  • AFP
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Le Mondial de l'Auto de Paris marque cette semaine l'arrivée de nombreux nouveaux modèles électriques, suscitant l'espoir d'assister au décollage rapide d'un marché de masse. Pourtant, le doute est permis.

Audi, avec sa nouvelle E-Tron, ou Mercedes, avec l'EQC, présentent à Paris leurs armes anti-Tesla. Le pionnier californien expose son nouveau Model 3 attendu l'an prochain en Europe et qui doit faire exploser ses volumes. Renault a présenté lundi la petite K-ZE. Et le groupe PSA arrive enfin, avec la DS3 Crossback.

"Je crois que le marché décolle enfin en termes de choix", estime Felipe Munoz, analyste automobile chez Jato Dynamics, pour qui une des principales barrières à l'essor du marché - avec le prix élevé et l'autonomie encore limitée - est ainsi en train de disparaître.

Malgré un bond de 50% par an dans le monde ces dernières années, les véhicules 100% électriques représentent à peine 1% des immatriculations.

Incertitude

Ce marché de niche est nettement dominé par Tesla. Nissan, constructeur de la compacte Leaf, et Renault, qui a déjà développé plusieurs modèles à batteries, sont les seuls constructeurs historiques représentés dans le Top 10 mondial en matière de volumes vendus, toutes les autres places étant occupées par des constructeurs chinois inconnus du grand public hors de leurs frontières.

Pour Guillaume Crunelle, responsable automobile chez Deloitte, la vague de l'électrique "est irrémédiable". Cet expert prévoit que près d'une voiture neuve sur deux sera électrifiée en 2030, dont un tiers en hybride (moteurs thermique et électrique) et deux tiers en 100% électrique. "Vous n'avez pas un constructeur qui ne prévoit pas dans les trois ou quatre prochaines années de disposer d'une gamme" de véhicules électriques, explique-t-il.

Cet essor aura une conséquence majeure: la baisse des coûts unitaires qui rendra ces voitures moins chères que leurs équivalents thermiques d'ici cinq ans. "À partir de 2022-2023, cette offre sera totalement compétitive d'un point de vue économique", affirme M. Crunelle.

Flavien Neuvy, directeur de l'Observatoire Cetelem de l'automobile, est beaucoup plus réservé. "Aujourd'hui, je ne sais pas si quelqu'un est capable de faire des prévisions de ventes à cinq ou dix ans... Il y a une grande incertitude autour de son avenir". Selon lui, "les ventes en France et en Europe vont rester assez marginales à très court terme" et atteindre seulement 3% de part de marché en 2020.

"Nous croyons au développement de la voiture à batterie pour la génération suivante de voitures électriques, (qui) seront sur le marché aux alentours de 2025", explique à l'AFP Didier Leroy, vice-président de Toyota, un constructeur qui a parié sur la domination de l'hybride essence-électrique à court terme. "Là, on pourra avoir une vraie envolée des voitures électriques pour la mobilité urbaine, parce que l'autonomie sera plus grande, le poids de la batterie et le temps de charge considérablement diminués", ajoute-t-il.

Poids de la Chine

Pour Yves Bonnefont, le patron de DS, "le marché peut accélérer beaucoup ou se développer lentement" en fonction des mesures de soutien gouvernementales, y compris le développement d'un vaste réseau de recharges. "Il y a une très grande incertitude".

Tous les experts s'accordent pour dire que la Chine sera le moteur de la croissance et de loin le premier marché. C'est d'ailleurs là que sera produite et vendue en premier la "K-ZE", l'électrique à bas coût dévoilée lundi par Renault. Les constructeurs européens s'inquiètent aussi d'un déplacement de valeur vers le géant asiatique, qui détient une grand part des réserves mondiales de terres rares nécessaires aux batteries. Ils ont exprimé récemment leur crainte de nombreux emplois perdus en Europe en cas de transition trop rapide vers l'électrique.

Guillaume Devauchelle, directeur de l'innovation de l'équipementier français Valeo, voit cependant un grand avenir aux petits véhicules électriques strictement urbains parce qu'ils "peuvent résoudre les problèmes de pollution de l'air dans les mégalopoles". "Ces voitures pourront atteindre un prix de vente très bas, de l'ordre de 7 500 euros en Europe", explique-t-il.

Selon lui, on va passer de "motorisations très standard" essence ou diesel à une "segmentation beaucoup plus fine" selon les usages: moteurs thermiques, hybrides, hybrides rechargeables ou 100% électriques... "C'est un événement important pour l'industrie automobile." Il reviendra aux constructeurs de développer leur flexibilité industrielle pour gérer l'incertitude qui en découle.

Commentaires

Serge ROCHAIN

Si les dirigeants des entreprises de construction automobiles s'étaient posés les bonnes question quand il en était encore temps il n'iraient pas dans l'inconnu. Et s'ils se posent encore ces questions c'est vraiment grave. Carlos Tavares a baver sur l'électrification des VE toutes catégories confondues (Hybrides, rechargeables, ou 100electrique) et aujourd'hui il en est a faire passer des vidéos de synthèse de ses futurs VE à la TV pour masquer son imprévoyance. Carlos Gosne lui a cru que le VE convaincrai sans réseau de rechargement, puis qu'il suffisait d'augmenter la teille des batteries, donc l'autonomie avec un réseau de chargement et des véhicules qui se trainent avec au mieux 10 km d'autonomie gagnée par minute de charge. Ben non ça ne marche toujours pas, le marcher ne décolle pas avec de telles restrictions, et comme il aurait du imaginer que cette situation allait durer, il aurait du inventer comme d'autres l'on fait depuis 2012, l'hybride rechargeable ! Electricité pour éviter la pollution des villes, sujet critique avec des interdictions de circuler certains jours, et l'essence pour la route. J'ai une Mitsubishi Outlander PHEV depuis 2014 et je m'en félicite tous les matins. Ce véhicule c'est 100 000 exemplaires vendus en Europe, mais chute!! on ne parle pas du succès des autres, de quoi aurait-on l'air ? D'un aveugle qui n'a pas su voir comment son marché allait évoluer avec ses contraintes. Grands dirigeants ? Vous avez dit Grands Dirigeants éclairés ? On est suiveur ou novateur, choisissez votre camp.
Serge Rochain

Pierre-Ernest

Ce qui est sûr, c'est que le véhicule électrique fait dire un grand nombre de bêtises à un grand nombre de gens...

Serge ROCHAIN

Développez SVP, que sont ces bêtises ?
Ma position est simple, et surtout, c'est celle de la majorité des automobilistes qui se servent de leur véhicules tous les jours, pour se rendre sur leur lieu de travail par exemple, et faire le courses. Le souhait de chacun est aussi d'avoir le même service que celui que peut rendre un véhicule thermique sans contraintes supplémentaires, où au moins très peu et ce n'est pas le cas aujourd'hui. Pour justifier du véhicule purement électrique Il faudra que les VE soient capables de recharger 50 à 60 km d’autonomie par minute de charge contre les 3km par minute aujourd’hui (sur les prise les plus rapides à 50KW) et ne parlons pas des 165 mètres gagnés par minute de charge sur une prise domestique dans le garage.
C’est pourquoi j’ai depuis 4 ans une hybride rechargeable qui dispose de 50 km d’autonomie électrique avant de se retrouver dans la situation d’une hybride comme celles de Toyota qui ne vise qu'à optimiser l'usage du carburant essence de son réservoir. Et c’est parfait car, comme la grande majorité des automobilistes qui utilisent leur véhicule tous les jours pour se rendre sur leur lieu de travail je ne fais rarement plus de 50 km autour de chez moi et donc je roule en quasi-permanence électrique et quand je par coure de grandes distances, et bien je crame de l’essence et c’est tout. Je considère que l’hybride rechargeable est donc la seule solution viable qui permette de garder l’air respirable dans les villes et d’avoir le même service qu’une thermique en dehors de cette situation favorable que représente le quotidien de chacun.
Et c'est une chose que ni Renault ni Peugeot n'a compris.
Bien cordialement,
Serge Rochain, Narbonne
http://astronomie.narbonne.free.fr/
http://a-p-s.cabanova.com/
http://iste.cabanova.com/
http://climso.fr

Pierre-Ernest

@Serge ROCHAIN
Je vous prie de m'excuser si vous avez pris ma remarque pour vous : en fait, je ne visais nullement vos commentaires, mais bien plutôt ceux que vous citez, en particulier ceux des patrons des grandes boites dont les propos divergents et non confirmés par les faits amènent effectivement à considérer qu'ils peuvent être qualifiés de "bêtises".
Encore une fois, pardonnez-moi.

Serge ROCHAIN

Je vois que nous sommes bien d'accord, c'est maintenant très clair.
J'ajouterai qu'il y a déjà au moins 10 ans que l'électromobilité se profile avec les problèmes tout aussi prévisibles qu'elle entraine en raison de l'état des technologies et de l'inertie industrielle inéluctable.
On sait depuis toujours que charger une batterie est une opération longue même si on peut l'accélérer avec la succession de technologies de plus en plus perfectionnées, plomb, Ni-mh, puis aujourd'hui Li-ion mais on ne peut pas en même temps accroitre leur capacité car ces deux évolutions sont contradictoires. Il faudra une rupture technologique pour concilier ces deux objectifs, donc un progrès décisif dans un avenir inconnu.
Certains constructeurs, hélas, pas nos nationaux, ont très bien vu ce qu'il fallait faire avec les moyens que nous maitrisons déjà en attendant ces jours meilleurs. Ils étaient tous japonais. D'autres ont suivis assez vite avec deux à trois ans de retard, en Corée mais aussi en Europe, mais toujours pas en France.
Enfin, il a fallu à ces derniers 8 à 10 ans de retard pour enfin réagir et simplement prévoir de copier d'ici 2 ou 3 ans les hybrides rechargeables que les novateurs maitrisent aujourd'hui aussi bien que le thermique. Quand j'entends parler des énormes salaires versés à ces responsables, irresponsables et aveugles, au regard de leurs résultats actuels sur des technologies d'un autre temps et fabriquées en Roumanie où la MO ne coute rien, alors que la direction d'une entreprise doit d'abord être de la prospective, je dis qu'ils volent leur salaire, et leur prime de résultat. Quant à ce qu'ils disent, ce sont des bêtises bien payées. Ils ne s'en sortent que parce que le client français est particulièrement chauvin, lorsqu'il croit faire travailler des ouvriers de son pays en achetant des véhicules de leur marque.

J'espère qu'ils auront la clairvoyance de faire des véhicules les moins chers possibles, par exemple avec un seul moteur électrique et pas deux, avec un sur chaque essieu, puisque l'électrique c'est pour la ville ce qui ne nécessite pas d'avoir les démarrages foudroyants et des vitesses supérieurs à 50 km/h, quant au thermique, inutile d'avoir aussi de grosses cylindrées pour rouler au mieux à 130 km/h. Les hybrides rechargeables sont aujourd'hui trop chères, toutes sur le segment premium, alors pour une fois qu'ils se distinguent, ce créneau est déjà occupé par les pionniers, qu'ils fassent preuve de génie, que nous puissions changer d'avis sur leur compte.

Bien cordialement,

Serge Rochain

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