Vulindlela : la réforme de l'Afrique du Sud pour sauver ses municipalités délabrées

  • Connaissance des Énergies avec AFP
  • parue le

Face à la dégradation continue des services de base dans de nombreuses municipalités sud-africaines, le président Cyril Ramaphosa a présenté le 7 mai un plan national de réforme visant à redynamiser les infrastructures locales et à restaurer la confiance dans la gestion publique. 

Ce plan intervient à l'approche du sommet du G20 prévu à Johannesburg en novembre 2024, alors que la capitale économique sud-africaine connaît d'importantes difficultés infrastructurelles et sociales.

Des services essentiels en crise

L'Afrique du Sud, pourtant première puissance industrielle du continent, fait face à des défis majeurs au niveau local. Sur son territoire, divisé en plus de 250 municipalités, la dégradation des services de base comme l'approvisionnement en eau, le ramassage des ordures, et l'assainissement est notable. 

Selon le dernier rapport du South African Human Rights Commission, plus de 10 millions de personnes, soit près de 17% de la population, ne bénéficient pas d'un approvisionnement en eau potable régulier, notamment à cause de décennies de négligence et des problèmes de corruption. 

Dans certaines zones de Johannesburg, l’une des villes les plus inégalitaires au monde, le réseau électrique est également sous tension. Les pannes chroniques de courant (« load shedding ») ont un fort impact sur l’économie locale et la vie des habitants. À l’échelle nationale, ces interruptions coûteraient selon une estimation de 2020 du Conseil pour la recherche scientifique et industrielle (CSIR) près de 500 millions de rands par jour à l’économie (soit environ 25 millions d'euros).

2e étape de l'opération Vulindlela

Lancée en 2020, l’« opération Vulindlela » (« Dégager le chemin » en zoulou) entame sa seconde étape, mettant l'accent sur la modernisation des réseaux d’eau, d’électricité et de transport. 

L’une des mesures clés : recourir à des entreprises privées spécialisées pour améliorer la prestation de services publics. Le gouvernement prévoit également de futures réformes, dont la division de la société nationale d’électricité, Eskom, en trois entités distinctes (production, transport, distribution), une démarche saluée par les experts comme un pas vers davantage d'efficacité et de transparence.

Des premiers résultats, mais des défis importants

La première phase de l’opération Vulindlela a permis des avancées dans certains secteurs, par exemple l’introduction de visas électroniques simplifiés pour attirer investisseurs et talents de 34 pays. 

Mais sur le plan économique, les obstacles restent de taille : l’Afrique du Sud affiche un taux de chômage parmi les plus élevés du monde (autour de 32%) et une croissance atone (prévisions du FMI : +0,6% en 2024, +1% en 2025).

Le chemin vers la résilience locale

« L’époque où l’on restait les bras croisés pendant que les robinets de nos townships ou de nos usines étaient à sec ou que les eaux usées s’écoulaient dans nos rivières est révolue », a souligné Cyril Ramaphosa, insistant sur la volonté politique de mettre fin à la paralysie municipale. 

Selon des analyses de la Banque mondiale et du think-tank local « Good Governance Africa », la clé du succès reposera sur le suivi des réformes, l’éradication de la corruption et une implication accrue du secteur privé. Duncan Pieterse, directeur général du Trésor, avertit néanmoins que l’impact ne sera pas immédiat : « Les bénéfices ne se matérialiseront qu’au fil du temps ». 

Tout l’enjeu pour le gouvernement est désormais d’inscrire ces transformations dans la durée et de garantir à la population un accès fiable à des services essentiels – condition sine qua non pour retrouver le chemin de la croissance et de la stabilité sociale.

Ajouter un commentaire