- Connaissance des Énergies avec AFP
- parue le
Proposé jeudi par Emmanuel Macron pour prendre la tête de la RATP, Xavier Piechaczyk est un haut fonctionnaire passé par des cabinets ministériels et l'Elysée, qui dirigeait depuis cinq ans une autre entreprise de service public, RTE. S'il est confirmé par le Parlement, il devrait succéder à Jean Castex, qui lui avait été préféré cet automne pour la SNCF.
Xavier Piechaczyk, 56 ans, a été renouvelé en juin dernier comme président du directoire de RTE, le gestionnaire du réseau français de transport d'électricité à haute tension, un poste qu'il occupait depuis 2020, après quatre ans passés comme directeur adjoint.
Auparavant, cet ingénieur diplômé de l'Ecole nationale des travaux publics de l'Etat (ENTPE), titulaire d'un doctorat de l'IEP de Grenoble et d'un master de l'Ecole nationale des ponts et chaussées, a passé plusieurs années aux cabinets de plusieurs ministères (Transports 2003-2008, Ecologie et Energie 2009-2012).
Il est ensuite conseiller auprès du Premier ministre Jean-Marc Ayrault (2012-2014) puis auprès du président François Hollande (2014-2015) où il travaille près d'Emmanuel Macron, alors secrétaire général adjoint de l'Elysée.
Chez RTE, qui exploite, entretient et développe 106.000 kilomètres de lignes électriques et 280.000 pylônes, avec 10.000 salariés, Xavier Piechaczyk a notamment affronté la crise énergétique inédite de l'hiver 2022-23 et ses menaces de coupures: en raison de problèmes de corrosion sur de nombreux réacteurs nucléaires, la France avait dû importer de l'électricité, ce qui n'était pas arrivé depuis 42 ans.
La crise a été surmontée grâce à une baisse drastique de la consommation d'électricité, des températures douces et le retour progressif des centrales nucléaires d'EDF sur le réseau.
- Doublé par Castex -
Un vaste chantier attend son successeur chez RTE. Le gestionnaire du réseau électrique français a présenté début 2025 un plan d'investissements de 100 milliards d'euros en 15 ans, afin de mener à bien des travaux inédits depuis un demi-siècle.
Le partage des énergies, entre nucléaire et renouvelables, divise la classe politique mais le patron de RTE souligne que la France aura besoin de ces "deux jambes". Le débat politique ne doit "pas se transformer en guerre de religion", dit-il.
Cet automne, l'actuel patron de RTE figurait parmi les noms les plus cités pour prendre la tête de la SNCF --ainsi que celui de l'ancien Premier ministre Jean Castex, alors PDG de la RATP, qui sera finalement choisi.
Xavier Piechaczyk bénéficiait du soutien de l'Elysée, indiquait alors à l'AFP une source proche des négociations, mais sa candidature suscitait "une opposition irréductible de la CGT", première organisation syndicale au sein de la SNCF.
Les relations entre le président du directoire de RTE et la CGT ont été tendues ces dernières années. Quatre salariés de RTE, depuis licenciés, avaient été entendus par la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) puis jugés pour avoir programmé l'interruption de la "téléconduite" sur un total de 25 postes électriques dans les Hauts-de-France à l'été 2022, lors d'un âpre conflit social sur les salaires. Ils ont été condamnés en mars 2023 à des amendes par le tribunal correctionnel de Paris.
Francis Casanova, délégué syndical CGT à RTE, évoque "une direction en mode bulldozer".
- Syndicats et concurrence -
Si le choix du président de la République est confirmé par le Parlement, Xavier Piechaczyk succèdera donc à l'ancien Premier ministre, parti début novembre découvrir d'autres rails.
Outre les relations avec les syndicats, le nouveau patron devra affronter plusieurs défis.
Celui de la modernisation du réseau, avec l'introduction de nouvelles rames de métro sur huit lignes différentes qui va occasionner beaucoup de travaux dans les dix ans à venir. Celui de la concurrence et de la perte de son monopole historique datant de 1948. Après le réseau de bus, dont elle a conservé l'exploitation de 70% des lignes, la RATP va voir le réseau de tramway ouvert à la concurrence d'ici 2030, puis celui de métro en 2040.
Xavier Piechaczyk est né le 13 septembre 1969 en banlieue parisienne, à Saint-Maur-des-Fossés, a suivi les cours du lycée expérimental de Montgeron, lieu d'expérimentations pédagogiques, avant de suivre des études d'ingénieur. Marié, père de trois garçons, il poste régulièrement sur le réseau social X des commentaires enthousiastes sur des livres, des spectacles et des visites d'expositions.