Approvisionnement d'électricité : RTE évoque encore une « vigilance particulière » cet hiver

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Centrale de Cattenom en hiver

Centrale de Cattenom éclairée en hiver. (©EDF-Cornut Cyrus/Toma)

Le gestionnaire du réseau de transport d'électricité en France métropolitaine, RTE, a présenté ce 22 novembre « L’équilibre offre-demande d’électricité pour l’hiver 2021-2022 »(1). Comme l’hiver précédent, la sécurité d’alimentation électrique « reste sous vigilance particulière, notamment en janvier et février en cas de vague de froid et de conditions défavorables sur le parc de production ». 

Les principaux paramètres pouvant affecter la sécurité d'approvisionnement

RTE a présenté « un nouveau dispositif d’information dynamique permettant de préciser progressivement tout au long de l’hiver 2021-2022 le niveau de sécurité d’approvisionnement en électricité »(2). Trois paramètres pouvant évoluer rapidement affectent principalement le diagnostic du gestionnaire de réseau :

  • les conditions de température qui affectent le niveau de consommation (« c’est généralement avec une à deux semaines d’avance que des prévisions de températures suffisamment fiables peuvent être établies ») ;
     
  • les conditions de vent, avec des prévisions « stables à l’échelle de quelques jours seulement » ;
     
  • la disponibilité du parc nucléaire qui s'est « dégradée ces dernières années » avec une tendance à l'allongement des durées des opérations de maintenance (« les dates de remise en service de réacteurs à l’arrêt étant parfois repoussées seulement à quelques jours ou semaines de l’échéance »).

Le point sur l'équilibre offre-demande

La consommation d'électricité en France métropolitaine reste « très légèrement inférieure aux niveaux d’avant-crise (jusqu’à - 2% selon les semaines) », indique RTE. Le gestionnaire de réseau envisage ainsi une consommation électrique cet hiver inférieure de 1 à 2% aux niveaux de consommation des hivers précédant la crise sanitaire (cette baisse de la consommation provient essentiellement de l’industrie et des transports) : cette hypothèse correspond à une consommation annuelle d'électricité en France métropolitaine « d'environ 468 TWh sur l'année » (contre 458 TWh en 2020). Il est rappelé qu'en cas de vague de froid, chaque degré perdu entraîne une appel de puissance supplémentaire des consommateurs « d’en moyenne 2,4 GW ».

Côté production, le gestionnaire de réseau signale la faible disponibilité prévisionnelle du parc nucléaire « proche (voire légèrement en deçà) de celle de l’hiver dernier ». Le calendrier d'arrêts de réacteurs nucléaires s'est en effet « encore densifié sous l’effet de la crise sanitaire » : le report des travaux de maintenance lors du premier confinement continue en particulier de se faire sentir, avec « des répercussions sur les deux années suivantes a minima », précise RTE.

Des réaménagements du calendrier des arrêts de tranches nucléaires ont été annoncés par EDF afin de limiter les risques pour la sécurité d’alimentation pour l’hiver 2021-2022 : « deux arrêts devant se terminer en décembre 2021 ou janvier 2022 ont été repoussés après le cœur de l’hiver ; cinq arrêts, débutant en janvier et février, voire en mars, ont été décalés d’une à deux semaines ».

Planning prévisionnel de disponibilité des réacteurs nucléaires

Par ailleurs, RTE indique entre autres que « le niveau de remplissage des stocks hydrauliques français s’est rapproché ces dernières semaines de celui observé historiquement en moyenne à cette période de l’année », ceux-ci devant contribuer « fortement » à l'équilibre offre-demande sur le réseau électrique français durant l’hiver 2021-2022. Bien que non pilotable, la production éolienne doit également contribuer « significativement » à cet équilibre selon RTE (le facteur de charge moyen de la filière atteint « un peu moins de 30% en hiver (contre de l’ordre de 23% en moyenne sur l’année »).

Plusieurs périodes à distinguer cet hiver

RTE estime que les risques de tension sur son réseau resteront « relativement faibles d’ici à la fin d’année 2021 ». En revanche, ces risques seront « plus élevés en janvier et février 2022 » avec le risque accru d'une vague de froid et d'éventuels allongements des arrêts de réacteurs nucléaires. C'est pour cette raison que RTE prévoit de publier, entre fin décembre 2021 et fin janvier 2022 , deux diagnostics sur la sécurité d'approvisionnement pour actualiser « les dernières informations disponibles sur les indisponibilités des réacteurs nucléaires, les dernières prévisions météorologiques et l’évolution de la situation énergétique en Europe ».

Le gestionnaire de réseau précise qu' « aucune difficulté n’est toutefois à prévoir si les conditions météorologiques (température et vent) restent normales pour la saison ». RTE rappelle également que son dispositif EcoWatt signalera à l’ensemble des consommateurs français, « au plus proche du temps réel, les jours les plus tendus en matière d’équilibre offre-demande » afin d'inciter à des gestes citoyens de réduction de la consommation.

Précisons enfin que, « contrairement à certains hivers passés, le risque local spécifique au quart nord-ouest de la France apparait maîtrisé pour l’hiver 2021-2022 » grâce à une bonne disponibilité de la centrale nucléaire de Flamanville (remarque concernant les réacteurs de la centrale déjà en service et non l'EPR en chantier)(3) et à la nouvelle interconnexion électrique « IFA2 » avec l'Angleterre mise en service début 2021.

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