COP26 : l’accord du « moins pire »

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Négociations à la COP26 autour du projet final d'accord. (©UNFCCC_COP26_13Nov21_ClosingPlenary_KiaraWorth-5)

À Glasgow, les discussions de la COP26 ont abouti ce 13 novembre (soit un jour après la date de conclusion initialement prévue) à l’adoption d’un texte de compromis des près de 200 Parties présentes.

Adoption du « Pacte de Glasgow » et larmes du Président de la COP26

Le document final de la COP26, dit « Pacte de Glasgow pour le climat », « reflète les intérêts, les contradictions et l'état de la volonté politique dans le monde aujourd'hui », selon les termes du secrétaire général des Nations unies António Guterres(1). S’il n’est pas à la hauteur, loin s’en faut, des enjeux climatiques rappelés durant cette COP(2), le texte est jugé « équilibré par rapport à ce que les pays pouvaient accepter à ce moment précis et compte tenu de leurs différences ». Autrement dit, il s’agit du « résultat le moins pire », a résumé le négociateur principal de la Nouvelle-Zélande.

Alors que « l'élimination progressive de l'énergie au charbon et des subventions inefficaces aux combustibles fossiles » était inscrite dans le projet d’accord de la COP26  (une première dans l’histoire des COP – l’Accord de Paris ne mentionne notamment pas les énergies fossiles), le document final se limite à un engagement des Parties à « accélérer les efforts » pour réduire progressivement l’utilisation du charbon et à mettre fin aux subventions « inefficaces » en faveur des énergies fossiles.

Ce changement de dernière minute s’est opéré sous l’action de la Chine et de l’Inde (qui ont respectivement compté pour 54,3% et 11,6% de la consommation mondiale de charbon en 2020). Les larmes du président de la COP26, Alok Sharma, lors de l’annonce de cette modification, constituent l’une des images marquantes du sommet. Ce compromis illustre une fois encore la difficulté des négociations sous l’égide des COP (basées sur « la nature du consensus et du multilatéralisme » comme le rappelle Patricia Espinosa, Secrétaire exécutive de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques).

Des engagements de réduction des émissions insuffisants

Le Pacte de Glasgow salue par ailleurs les nouveaux engagements de réduction des émissions de gaz à effet de serre (« contributions nationales » dites « INDC » en anglais) annoncés par de nombreux pays, tout en soulignant l’écart persistant avec les ambitions de l’Accord de Paris. Alors qu’une réduction de 45% des émissions de gaz à effet de serre est attendue d’ici à 2030 par rapport au niveau de 2010 (pour limiter le réchauffement à 1,5°C(3)), les contributions annoncées - si elles sont bien respectées - conduiraient à une hausse de 13,7% desdites émissions d’ici à 2030(4).

Christian de Perthuis, économiste fondateur de la Chaire Économie du Climat, souligne la fin d'une hypocrisie autour des énergies fossiles : « plus important que quelques lignes du communiqué, la sortie des énergies fossiles s’est inscrite au cœur des débats. On en parle enfin sans faux-semblants, ce qui met sur la sellette les grands producteurs et exportateurs de ce type d’énergie »(5).

Au sujet du financement des pays développés à l'appui de l'action climatique dans les pays en développement, le Pacte de Glasgow déplore que l’objectif de « mobiliser 100 milliards de dollars » en 2020 n’ait pas été atteint et appelle à une mobilisation « de toutes les sources pour atteindre le niveau nécessaire à la réalisation des objectifs de l'accord de Paris, y compris en augmentant sensiblement le soutien aux pays en développement parties, au-delà de 100 milliards de dollars par an ».

Par ailleurs, « lors des précédentes COP, les pays n’avaient pas réussi à s’accorder sur les règles permettant de mettre en place le dispositif d’échange de quotas ou de crédits d’émission facilitant l’atteinte des objectifs de réduction d’émission », rappelle Christian de Perthuis. À Glasgow, « les principaux points de blocage (risques de double comptage, intégrité du mécanisme) ont pu être levés. L’avancée est importante, car l’émergence d’un prix du carbone permettrait d’accélérer les réductions d’émissions de gaz à effet de serre. Reste à la concrétiser sur le terrain, ce qui prendra un certain temps, les règles étant passablement compliquées ».

Des initiatives annoncées durant la COP26

Comme lors des précédentes COP, un certain nombre d'autres initiatives annoncées à Glasgow ont apporté des motifs de satisfaction(6). Citons entre autres celle des États-Unis et de l’Union européenne visant à réduire de 30% les émissions mondiales de méthane d’ici à 2030 par rapport au niveau de 2020, qui a été rejointe par plus de 100 pays (n’en font toutefois pas partie la Chine et l’Inde, les deux plus grands émetteurs de ce gaz à effet de serre).

Les Nations unies notent par ailleurs que « plus de 40 pays - dont de grands utilisateurs de charbon comme la Pologne, le Viet Nam et le Chili - ont accepté de renoncer au charbon, l'un des principaux générateurs d'émissions de CO2 ». Onze pays - incluant la France, le Costa Rica, le Danemark, l'Irlande, la France, le Danemark et le Costa Rica - ont également annoncé la création de l'Alliance « Beyond Oil and Gas » afin de fixer une date limite pour l'exploration et l'extraction nationales de pétrole et de gaz.

Dans une déclaration commune(7), les États-Unis et la Chine se sont également engagés, « à la surprise générale », à renforcer leur coopération en matière de climat au cours de la prochaine décennie.

La COP27 aura lieu fin 2022 à Charm el-Cheikh en Égypte.

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