Covid-19 : une « opportunité manquée » pour la transition énergétique selon DNV

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Solaire

Selon les prévisions de DNV, le solaire pourrait devenir la première source d'électricité dans le monde en 2050. (©Unsplash)

La pandémie mondiale a constitué « une opportunité manquée d’accélérer la transition énergétique, les plans de relance s’étant concentrés sur la protection plutôt que sur la transformation des industries existantes », juge la société de certification norvégienne DNV(1) dans son dernier rapport de prospective publié le 1er septembre(2).

« Nous ne répondons pas aux ambitions » de l’accord de Paris selon DNV

En 2020, les émissions mondiales de CO2 liées à l’énergie (et de l'ensemble des gaz à effet de serre) ont chuté de 6% par rapport à 2019 dans le contexte de Covid-19, souligne DNV. Elles sont toutefois déjà reparties à la hausse avec la reprise de l'activité économique et vont continuer à croître au cours des 3 prochaines années selon la société norvégienne. Dans son Energy Transition Outlook 2021, DNV estime que ces émissions ne seront inférieures que de 9% au niveau de 2019 en 2030 (et de 45% en 2050).

Cette trajectoire est très éloignée de celle jugée nécessaire (une division par 2 des émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030 et l’atteinte de zéro émission nette à l’horizon 2050) pour limiter le réchauffement climatique à 1,5°C d’ici à 2100 par rapport aux températures de l’ère préindustrielle, conformément à l’ambition de l’accord de Paris.

Évolution des émissions de gaz à effet de serre et prévisions de DNV

À près de deux mois de la COP26 à Glasgow, DNV estime que « la planète atteindra très probablement un réchauffement de 2,3 °C d'ici la fin du siècle ». Le rythme de la transition énergétique « n'a pas accéléré », déplore le rapport.

Un « héros méconnu » de la transition énergétique et toujours beaucoup d’énergies fossiles

L'efficacité énergétique, « héros méconnu de la transition énergétique » devrait constituer la priorité des entreprises et gouvernements(3), souligne DNV : c’est grâce aux gains d’efficacité énergétique que le monde pourra limiter la croissance de sa consommation d’énergie (+ 8% entre 2019 et 2035, puis une stabilité au cours des 15 années suivantes) alors même que DNV envisage une hausse de 22% de la population mondiale d'ici la moitié du XXIe siècle (hypothèse de 9,4 milliards d'habitants en 2050) et une croissance de 111% du PIB mondial durant cette période.

Selon DNV, l’intensité énergétique mondiale, c'est-à-dire la consommation d’énergie par point de PIB, pourrait être réduite de 2,4% par an d’ici à 2050 (contre - 1,7% par an en moyenne au cours des 20 dernières années).

Malgré une forte baisse attendue de la consommation d'énergies fossiles (la consommation mondiale de charbon pourrait en particulier baisser de 62% d’ici à 2050), ces dernières pourraient toujours compter pour la moitié du mix énergétique mondial en 2050 selon les prévisions de DNV (contre près de 80% à l’heure actuelle). L’organisme souligne à ce titre l’importance d’investir dans les technologies de capture et de stockage du CO2 dont le développement est jugé trop lent.

Évolution du mix énergétique mondial et prévisions de DNV

Un doublement de la part de l’électricité dans le mix énergétique mondial

Précisons que la transition énergétique esquissée par DNV dans son rapport de prospective s’appuie sur une forte électrification : au cours des 30 prochaines années, la part de ce vecteur dans la consommation finale d’énergie doublerait au niveau mondial, passant de 19% à 38%. Cette progression du vecteur électrique serait en particulier tirée par l’essor de la mobilité électrique : DNV estime qu’une voiture particulière vendue dans le monde sur deux sera électrique en 2032(4).

La société norvégienne envisage une progression très rapide du solaire et de l'éolien : selon DNV, ces filières à production variable pourraient compter pour 69% de la production mondiale d’électricité en 2050 (13% pour les énergies fossiles), contre près de 8% à l'heure actuelle.

Production mondiale d'électricité et prévisions de DNV

L’hydrogène « vert » est vu par DNV comme un vecteur énergétique complémentaire pour réduire les émissions de gaz à effet de serre mais « arriverait trop tard et à une échelle insuffisante » pour atteindre la neutralité carbone à l'horizon 2050(5).

Sources / Notes
  1. Anciennement DNV GL (le groupe a changé de nom en mars 2021).
  2. Executive summary de l'Energy Transition Outlook 2021, DNV.
  3. D’autant plus que de nombreuses mesures sont à coûts marginaux nuls, voire négatifs.
  4. Et que 2,8 milliards de véhicules électriques seront en circulation en 2050.
  5. DNV envisage 3 TW de capacités d'électrolyse installées dans le monde en 2050.

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